En 2005 le peuple français avait été consulté par référendum sur la ratification de la Constitution européenne. Celle-ci fut rejetée par les Français et les
Néerlandais, ce qui enterra définitivement ce projet très critiqué. C'était sans compter sur notre omniprésident qui, sitôt élu, nous proposa une nouvelle mouture de cette Constitution, qu'il
baptisa du doux nom de Traité simplifié. Cela constituait déjà en soi une atteinte grave aux principes démocratiques, puisque l'on proposa aux Français un texte simplifié en remplacement du
texte initial qu'ils ont rejeté ! Habilement, Nicolas Sarkozy décida qu'il ne recourrait pas au référendum pour faire ratifier le nouveau texte... Il fut suivi en cela par la
plupart des pays européens qui ont donc préféré faire ratifier le texte par voie parlementaire pour éviter un nouvel échec !
Seule l'Irlande ne pouvait emprunter la même voie pour des raisons constitutionnelles : le référendum s'imposait donc. Et c'est ainsi que la manœuvre, qui a si bien réussi en France, s'est
échouée, jeudi 12 juin, sur le non irlandais (53,4% pour le non avec une paritcipation de 53%). Rappelons tout de fois que ce type de manoeuvre n'est pas le propre de notre président : les
Irlandais en 2001 avait déjà fait parlé d'eux en rejetant le traité de Nice. Il avait alors fallu organiser un deuxième vote en Irlande pour faire adopter le texte arguant du fait que moins de 35
% des électeurs s'étaient déplacés. ... Cette fois, il n'y aura pas de second référendum comme l'avait assuré le gouvernement irlandais avant le scrutin.
M. Sarkozy entendait avec ce Traité promouvoir une Europe qui "protège" ses concitoyens, perdus dans la mondialisation. Je vais donc préciser en quelques lignes pourquoi j'étais
déjà contre la Constitution européenne et aujourd'hui contre ce Traité qui n'en est qu'un pâle résumé. Tout le problème pour moi réside dans l'institutionnalisation de la doctrine du libéralisme
économique. Cela commence par les dispositions de l’article 110 du traité de Rome du 25 mars 1957 qui déclare : « En établissant une union douanière entre eux, les États membres
entendent contribuer conformément à l’intérêt commun au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et à la - réduction
des barrières - douanières». Ceci fut confirmé par l’article III-314 du projet de constitution qui stipulait : « Par l’établissement d’une union douanière conformément à l’article
III-161, l’Union contribue, dans l’intérêt commun, au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions et aux investissements étrangers directs, ainsi
qu’à la réduction des barrières douanières et autres».
Là, je dis halte à tout ! Nous avons vu, et je vous l'ai démontré dans mes billets, combien l'application simpliste du dogme libéral a conduit à la catastrophe sociale, économique et écologique
que nous connaissons aujourd'hui. Alors, comment bâtir un projet qui devrait protéger les "citoyens" européens si on part sur de si mauvaises bases qui ont démontré leurs effets néfastes dans
l'histoire ? Ceci est d'ailleurs en contradiction avec les fameux trois piliers du développement durable admis par nombre de politiques depuis le rapport Brundtland de 1987... Quant à
la a fameuse avancée de « l’économie sociale de marché », voici une association barbare de mots !
Souvenez-vous aussi de l’article II - 92 qui portait sur la protection des jeunes au travail : « Le travail des enfants est interdit. L’âge minimal d’admission au
travail ne peut être inférieur à l’âge auquel cesse la période de scolarité obligatoire, sans préjudice des règles plus favorables aux jeunes et sauf dérogations limitées». Je me souviens
avoir réagis vivement à cet article en faisant remarquer qu'il suffisait donc que l’age de la scolarité obligatoire soit descendu à 13 ans par exemple pour faire travailler un enfants
dès cet âge donc ! Très intéressante la conception de l'Europe sociale protectrice des salariés...
Le but n'est pas de revenir sur tous les arguments que j'avais développés à ce moment, mais il me semblait juste, par honnêteté intellectuelle, de fournir mes arguments. Il ne s'agit pas
simplement de dire qu'on est contre, encore faut-il en donner une explication valable. Voilà pourquoi j'ai considéré que le Traité simplifié (dit de Lisbonne) ne pouvait pas aller dans le bon
sens attendu pour les citoyens.
Voyons à présent comment la technocratie européenne va réagir face à cette échec cuisant...