C’est lors d’une visite au manoir du Clos Lucé à Amboise que j’ai aperçu cette bande-dessinée au milieu de tous les livres-souvenirs consacrés au maître. Et j’ai craqué, en tout premier lieu, sur le graphisme. Les dessins de Benjamin Lacombe, ici accompagné par Paul Echegoyen, sont absolument sublimes. Tout en grisés en en sépia, ils nous plongent dans l’Italie de la Renaissance, chaleureuse, vivante, fantasmatique. Leur finesse joue avec des personnages androgynes troublants. Le tour de force consiste à reproduire les oeuvres de Léonard de Vinci, qui si elles retrouvent leurs couleurs flamboyantes pour l’occasion, se métamorphosent subtilement au trait de l’auteur. Le résultat graphique est à la fois nostalgique et étonnamment moderne.
Quand à l’histoire, elle prend le parti d’un Léonard de Vinci encore en construction, certes reconnu mais qui doit encore et toujours faire ses preuves, toujours en transit et en recherche. Il observe, élabore avec une sagesse et un esprit toujours égaux. L’apparition de certaines de ses célèbres citations dans ses bulles ont d’ailleurs parfois un caractère un peu artificiel, mais on lui pardonne volontiers. Parce qu’en face, il y a Salaï, l’adolescent insouciant, moqueur, vigoureux, toujours prompt à l’amusement et aux emportements, un véritable petit démon qui papillonne autour de Léonard comme un caprice, une délicieuse tentation à laquelle il succombe avec beaucoup de tendresse. L’histoire lui donne d’ailleurs volontiers de nombreux rôle, y compris celui, bien romanesque, de modèle caché pour la célèbre Joconde. Déjà mythique, la vie de Léonard de Vinci apparaît ici dans ce qu’elle a de plus romanesque et on en redemande.
La note de Mélu:
Une petite merveille de BD dont j’attends le tome 2 avec une grande impatience.
Un mot sur l’auteur: Benjamin Lacombe (né en 1982) est un illustrateur français, que l’on a surtout connu dans la littérature jeunesse mais pas seulement.