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De la valeur des référendums

Publié le 14 juin 2008 par Edgar @edgarpoe
Le référendum fait presque l'unanimité contre lui dans la sphère ouiste, et ce tout spécialement depuis 2005.

Le référendum serait une abomination, car, comme l'écrit abruptement Maître Eolas, un peu choqué par l'ingratitude des peuples : "
Demander son avis à un ignorant au nom de la démocratie n'est pas de la démocratie. C'est de la démagogie."  (il faudra que l'on finisse par s'apercevoir que ce raisonnement s'applique au suffrage universel autant qu'au référendum, et qu'en conséquence Maître Eolas est un aristocrate, au sens propre).

Une excellente réponse a été apportée en commentaire par un certain Julien R :

Tout comme le dit #43, le référendum irlandais était obligatoire car inscrit dans sa constitution. Difficile pour eux d'y échapper, donc.

Mais quand je lis d'Eolas qu'il ne faudrait surtout pas adopter un traité par suffrage universel, je me permets de réagir pour la première fois ici, et illustrer mon désaccord à l'aide de deux exemples. Premièrement ici
fr.wikipedia.org/wiki/Con... (ou là www.admin.ch/ch/f/rs/1/10... pour montrer qu'une constitution peut parfaitement être acceptée par le peuple (il y a dix ans, le texte complet; en continu, texte par texte). A moins que 90 pages (que j'ai lues) ne soient rien face aux 300 du traité de Lisbonne (dont je ne sais pas grand chose) ?

Deuxième exemple, plus relatif aux messages des "nonistes" irlandais. Je ne sais pas si vous en avez entendu parler, mais il y eut une votation en Suisse le 1er juin. Sur un sujet qui, étant un lecteur assidu de ce blog, me révoltait particulièrement : la naturalisation par vote populaire, mais surtout sans droit de recours (comment appliquer ça sans rejeter les aquis des droits de l'homme, je n'en ai aucune idée). Pour qui a suivi le sujet, la campagne fut semblable au vote irlandais en ce qu'un seul parti usait de sa stratégie de la peur (ainsi que de moyens financiers bien plus importants qu'en face), face aux autres qui tentaient de faire entendre raison. Le oui l'emportait dans les premiers sondages, faisant penser à un résultat serré. A mon grand soulagement et étonnement, le non l'emporta par 64% des voix (autrement dit, une gifle pour les initiants).

Ce qui me renforce dans mon idée qu'au contraire, c'est bien en faisant participer le peuple aux discussions qu'on le rend moins sensible aux arguments démagogiques...


Un voisin (disant donc ni oui ni non, bien au contraire) émigré en Grande-Bretagne et qui croit de plus en plus en la démocratie participative...



J'ajouterai, pour ma part, un autre exemple. En 1946, les français ont su rejeter un premier projet de Constution qui leur paraissait offrir trop de place à la gauche, pour en adopter un deuxième juste après. Je ne juge pas le vote de l'époque, je crois simplement que les enjeux du scrutin avaient été parfaitement compris en 1946, au delà des détails textuels.

Bref, la démocratie c'est parier sur le fait que les citoyens ne sont pas ignorants. Je souhaite bien du plaisir à ceux qui partent de l'idée que leurs concitoyens sont incapables de se prononcer sur leur propre avenir. Pour ma part, je ne veux pas vivre dans un régime qui se fonderait sur l'incompétence supposée de ses citoyens.


De la valeur des référendums « Fête funéraire en l'honneur de feu le Suffrage universel ».

   Le Charivari du 12 juin 1850.
(sur le
site de l'Assemblée Nationale)





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