Lorsque j'ai rencontré Hugo pour la première fois, il lançait sa toute première collection, et déjà Colette avait repéré le prodige en lui attribuant son exclusivité.
C'était il y a deux ans, il me racontait son histoire, sa vision, son langage créatif... fascinant de maturité et d'humilité !
Je trouvais que sa douceur contrastait avec l'hystérie de l'écosystème de la mode, mais s'y fondait bien. Tout comme ses accessoires.
Ils détonnent car sont basés sur la tradition de l'artisanat français, ses valeurs fondatrices, dont se nourrissent des créations d'avant-garde.
Aveyronnais d'origine oblige, la collaboration avec le gantier Causse pour sa collection automne-hiver 15/16 était de toute grâce, et c'est dans sa région que se trouve son atelier de montage.
Intégralement réalisées en France et conçues à Paris, ses collections où la main de l'homme fait toute la différence, mêlent génie de l'invention et intelligence de la forme
Il définit ses créations comme des objets
à la fois de mode et d'une vie.
Elles sont pures et avec une sensibilité. On peut sortir avec mais aussi les laisser dans un appartement comme des objets de décoration qui se fondent dans l'environnement. J'aime l'idée de l'objet d'une vie, un peu comme un vieux bijou de famille que l'on peut transmettre.
La pureté esthétique de ses accessoires compose avec la durabilité.
Sa philosophie : développer une esthétique nouvelle, des créations pérennes, qui échappe à l'usure du fugace.
Il s'inspire à la fois de l'art contemporain, de l'architecture et du design d'objet, et a pour références Goyard, Delvaux, Perrin Paris, Louis Vuitton avec Nicolas Ghesquiere, Valentino, Lacroix, le jeune créateur et ami Etienne Deroeux.
Hugo joue les illusionniste avec
sa nouvelle collection " Le matin des Magicien ".
Si le bois se sculpte, Hugo Matha le modèle en sac à main, si le grès se scie, le créateur le vaporise en structure de pochette de soirée, si le métal est froid et rigide, il le rend sensuel et flatte les femmes d'une allure fluide.
Il s'amuse d'assemblages audacieux, intelligents, innovants et inattendus de matériaux nobles, dont il est attiré par l'esthétique et le défi avant la fonction littérale.
La collection printemps-été 2016 était présentée à l'Hôtel particulier Iéna à Paris,
lors de la dernière Fashion Week femme.
Les festivités se déroulent dans le grand salon à l'étage, mais l'exposition a lieu dans le sous-sol, où l'on est obligé d'emprunter un escalier étroit et un peu vertigineux, qui nous mène semblerait-t-il, dans un ancien hôpital psychiatrique.
L'atmosphère y est dense et quelque peu angoissante... le visiteur se laisse emporter par le tourbillon des installations, elles enivrent et déboussolent, mais ne perdent pas.
La collection réinterprète le panier des années 70, objet de désir, objet de la mémoire collective, Hugo Matha aime jouer sur les objets qui ont marqué un temps, une époque, redonner vie à des objets qui ont marquait notre passé. LA nouvelle gamme est en métal aux couleurs plus pop.
La marque, l'âme, les créations ne ressemblent à nulle autre. On perçoit à travers les collections, une sorte d'instinct du beau.
Comme une signature Hugo Matha la scénographie fond des matériaux bruts, industriels, dans des éléments végétaux, naturels. Ce n'est pas une présentation mais une véritable performance artistique, on en oublierai presque les sacs tant la scénographie est prenante.