Voici sans doute la vidéo coréenne la plus hilarante de l'année :
Tous ceux qui se sont déjà fait bousculer dans le métro par une ajumma prête à mordre et ceinturer quiconque s'interposera entre elle et la place assise qu'elle convoite comprendront. Elle ne reculera devant rien, projettera ses potentiels concurrents aux quatre coins de la rame - ou sous les rails si besoin est -, visera les pieds, ou les côtes, donnera de la voix... rien ni personne ne peut arrêter la course d'une ajumma qui passe.
Les ajummas (parfois orthographiées adjoumes) coréennes ont des vies dures : souffrant durant la première partie de leur vie du difficile statut de femme dans la société coréenne, elles atteignent, dépassée 50 ans, une situation sociale plus confortable : débarrassées de l'obligation d'être physiquement irréprochable et de leur belle-mère, devenues enfin chefs du foyer, l'éducation de leurs enfants achevée, le mari mis au pas, leur féminité quelque peu oubliée au passage, elles perdent toute inhibition et gêne. Elles ont le verbe haut et les hanches fortes, n'hésitent pas à la ramener à tout moment, et s'attendent à un peu de respect : le reste de la Corée leur doit bien ça.
Les ajummas d'aujourd’hui ont souvent été les petites fourmis oubliées du développement industriel spectaculaire de la Corée, ayant trimé pendant leur jeunesse dans les usines textiles (ou autres) du décollage économique. Portant toute la responsabilité du foyer sur leurs épaules face à des maris souvent absents ou buveurs, empêtrées de multiples obligations sociales et traditionnelles, les ajummas sont solides comme du roc. Et méritent en effet un peu de considération.
Tout cela n’excuse en rien le comportement pour le moins cavalier de notre ajumma en hanbok venue bousculer la mariée pour prendre possession de sa place manu militari sur son banc, et incapable d’attendre 10 secondes pour le faire. Contrairement à Gros Kim (j’ai trouvé cette vidéo sur son réjouissant site), je ne blâmerai pas ici le confucianisme, ce cas étant bien trop extrême et isolé pour en faire un exemple. Le confucianisme, même s’il exige le respect des anciens, oblige aussi ces derniers à un peu de tenue et de dignité. Aucun Coréen, quelque soit son âge, ne considèrerait ce comportement comme acceptable : il s’agit simplement d’un acte grossier d’une mamy complètement à l’ouest.