Vinyl // Saison 1. Episodes 5 et 6. He In Racist Fire / Cyclone.
Deux séries HBO qui termine plus ou moins leur épisode sur la même chanson (« Life on Mars » de David Bowie), c’est assez étrange mais peu importe, cet épisode est dédicacé à la fin à David Bowie. J’ai beau apprécier l’univers dépeint dans cette série et avoir adoré l’épisode 1.04, « He in Racist Fire » est un énorme retour en arrière. Non pas que cela soit dégueulasse pour autant mais disons que la série retrouve ses faiblesses, celle d’une narration qui manque cruellement de choses percutantes à raconter et qui se cache alors derrière la misère : la musique. De plus, la série n’arrive pas à créer un personnage fort. De Martin Scorsese et Terence Winter je m’attendais à ce qu’ils nous sortent un personnage emblématique. Bobby Cannibale est très bon, mais son personnage est loin de s’imposer comme Nucky Thompson dans Boardwalk Empire ou Tony Soprano dans Les Soprano pour prendre des exemples de séries mises en écriture par Terence Winter. Il manque quelque chose à Richie, pas grand chose mais quelque chose qui pourrait nous permettre de voir un peu mieux où la série veut en venir avec lui. Il y a parfois de longues scènes assez étranges, où le personnage semble contempler le monde qu’il anime comme un spectateur, comme s’il se mettait à notre place mais à son époque.
C’est un peu difficile à exprimer comme sentiment mais c’est aussi dommage car de ce fait, Vinyl perd cruellement de son sens ou en tout cas de son intérêt. Richie se retrouve de toute façon dans une position très étrange, au milieu de tout un tas de choses qui posent plusieurs problèmes. Il y a des éléments classiques de la série : la coke, les manipulations en tout genre, les jeux de pouvoir, etc. mais aussi quelque chose d’un peu différent (en tout cas dans la façon d’aborder le tout) entre jalousie, homophobie latente et racisme. La série n’a pas réussi à trouver un juste équilibre du point de vue de ce qu’elle ne cherche même pas à maîtriser. Ce sont des sujets balancés là car ils sont importants pour l’époque mais Vinyl n’en fait pas grand chose, laissant alors vaquer les personnages à leurs occupations sans en faire des tonnes. Peut-être qu’au delà de la musique, la série devrait prendre le temps de développer le coeur de ses problèmes, de son histoire et de ce qu’elle cherche à mettre en scène sur l’époque. A côté, « Cyclone » et beaucoup plus intéressant, prenant certaines idées un peu perchées de Vinyl mais tout en faisant quelque chose derrière. Toute la scène sur fond de « Life on Mars » par exemple utilise la musique à bon escient car en plus d’aider à la narration de ce qui est montré, c’est une musique percutante.
L’impact de la musique dans Vinyl devrait être beaucoup plus important. Dans « He in Racist Fire », on a l’impression que Vinyl ne cherche pas à faire quoi que ce soit de neuf, ou qu’elle se complait de nouveau dans son côté clipesque sans donner de mesure aux propos pourtant forts qu’elle tente d’aborder. Avec « Cyclone », les choses sont tout de même un peu plus rayonnante alors que la série donne plus de perspective aux personnages. Richie est bourré de stéréotypes, collant parfaitement à ce que l’on peut attendre d’’une série HBO (en tout cas par rapport à la noirceur de son héros) mais le plus important c’est plutôt la façon dont ce personnage tente d’être ici mis au service d’une histoire qui lui va bien. « Cyclone » assume donc certains choix pas trop mal pour parvenir à nous délivrer quelque chose de neuf juste derrière. Zak de son côté pourrait peut-être clairement prendre la place de Richie, en tout cas du point de vue du potentiel sur le long terme. Mais je ne suis pas sûr et certain que cela ait de grand intérêt pour autant. Avec certains personnages et une fin d’épisode assez percutante (même si dans le spectacle, Vinyl cherche encore une fois plus à nous éblouir qu’à nous rendre plus intelligents sur la musique de l’époque). Martin Scorsese annonçait lors de sa Masterclass à Lyon lors du Festival Lumière qu’il avait pensé cette série comme un fan de rock’n’roll.
Comme un fan de musique. Il s’est alors associé à Mick Jagger qui a connu l’époque et les groupes de personnages dépeint, ou en tout cas la façon dont certains pouvaient évoluer dans ce monde. Mais aussi à Terence Winter avec qui il avait déjà créé un chef d’oeuvre par le passé : Boardwalk Empire. Le trio aurait pu faire des étincelles mais je pense qu’il n’a pas cerné ce que devait être Vinyl. La série n’est pas totalement ratée pour autant, elle reste juste médiocre, sur le fil, quand des épisodes comme le 1.04 parviennent à démontrer que finalement Vinyl peut être beaucoup plus que ça.
Note : 4.5/10 et 6.5/10. En bref, le potentiel de Vinyl n’est pas toujours bien placé. Dommage.