Helen Detroy m’avait fait une proposition que je ne pouvais pas refuser: tester la carte des gins du Mirror Bar du Swissôtel Métropole à Genève, passer au vernissage de la Nuit des Bains, puis m’endormir au terme de la soirée dans l’une des suites de l’hôtel. « Yes to all », dis-je en citant Sylvie Fleury. Je m’imaginais déjà ouvrir les rideaux au petit matin et plonger mon regard dans le jet d’eau, cette attraction touristique qui dit si bien la volonté de puissance de la ville du bout du lac. Mais à ma stupeur, le jour de ma visite, le symbole phallique était éteint. De quoi cela pouvait-il bien présager?
Le rendez-vous était fixé à 18h au Mirror Bar. J’y retrouvais bien sûr la scotchante Helen Detroy et deux rédactrices qui elles aussi étaient là pour se jeter deux ou trois gins derrière le col. Je conversais avec l’une d’elles, pendant qu’Helen et l’autre invitée parlaient des différences entre le Fever-Tree Tonic Water et le Fentiman’s Tonic Original. Mon interlocutrice belge était gogo danseuse dans une autre vie. A cette révélation, je me mis à l’imaginer roulant des hanches sur 12 centimètres de talons, portant un body à paillettes hésitant entre la culotte et le string.
Elle m’avoua avoir gardé de ces années une certaine aptitude aux déhanchements. Mon esprit se mit à divaguer. J’imaginais une boîte de nuit de province, son parking, son cortège de Renault, Citroën et Peugeot, ses noceurs endimanchés sur le point de dépenser l’équivalent d’un dixième de leur salaire en long drinks. Un temple de la « night » comme on en fait plus, avec piste de danse centrale et nombreuses dépendances. Un lieu qui avait dû connaitre son heure de gloire dans les années 90 et son lot de grossesses non désirées.
Le serveur me sortit de ma torpeur. Je me laissais guider par Helen Detroy qui commanda le fameux Fever-Tree Tonic Water. Elle y rajouta des graines de Chia. Pourquoi pas. Si ça pouvait faire monter sur la table ma voisine gogo, je n’étais pas contre.
La superfood n’eut pas l’effet escompté. Je me tournais vers la réception et vit alors un homme que je croyais connaitre. Il s’agissait de Francis Cabrel. Sans moustache. Que pouvait-il bien faire ici? Je l’avais toujours imaginé habiter une cabane au fond d’un jardin, loin des suites d’hôtels cinq étoiles.
C’est alors qu’une autre rédactrice nous rejoint. Elle œuvrait pour un magazine féminin mais avait apparemment écrit un livre sur les femmes et la chirurgie puisqu’elle le releva à plusieurs reprises. Avec une certaine intransigeance, elle réprouvait la superficialité de ses congénères qui se faisaient refaire le visage. Un peu plus tard, elle embraya sur la sempiternelle condamnation de Facebook. « Même si on me payait, je ne m’y mettrais pas. J’aime garder le mystère », dit-elle en ajustant son décolleté plongeant. Je me faisais la promesse de commander un autre verre si l’ultime « c’était mieux avant » faisait surface. Lorsqu’elle déclara: « Le botox c’est comme l’héroïne la première fois c’est génial », je me permis une incursion: « L’héroïne, la première fois, ça fait vomir. »
Après quelques succulents mini burgers et frites, Helen et moi partîmes en direction du quartier des Bains. A la galerie Laurence Bernard se tenait une exposition des Frères Chapuisat. Je les avais aidés, il y a fort longtemps et alors qu’ils étaient encore un duo, à créer une sorte de grotte au sous-sol de feu la galerie Mackintosh à Lausanne. Les formats présentés à Genève étaient cette fois-ci beaucoup plus faciles à transporter. Nous avions traîné à l’apéro et à présent, les espaces d’art fermaient tous les uns après les autres. In extremis, nous visitâmes encore l’excellente exposition de Stéphane Dafflon chez Xippas.
En retrouvant ma chambre au Métropole, je repensais à l’une des pièces des Chapuisat. Un modèle réduit en bronze plaqué or 24 carats d’une architecture proche de Big Ben et dont les contours semblaient recouverts d’une sorte de champignon mutant. Je repensais alors à toutes ces boîtes de nuit qui poussaient en province dans les années 90 et me demandait si la fin de leur prolifération avait mis un terme aux vocations de gogo danseuses.
– Catherine Cochard
Le Gin Club du Mirror Bar
Tous les jeudis soirs, les amateurs de gin se retrouvent au Bar du Swissôtel Métropole à Genève pour déguster les meilleurs labels de cet alcool, en variante cocktail ou rehaussés d’un tonic. Et pour combler les petits creux, des snackings deluxe sont offerts jusqu’à 19h30 puis proposés au tarif de CHF 15.- au-delà de cette heure. Le tout arrosé des sons électroniques de la djette Miss Gaëlle aux platines. Et ça n’est pas tout: les 31 mars, 7 et 14 avril, le Mirror Bar propose – en collaboration avec la marque OPI – une pose gratuite de vernis à ongles pour chaque gin acheté.
Mirror Bar: ouverture du lundi au vendredi de 9h à 1h, ainsi que les samedis et dimanche de 10h30 à 1h. Informations et réservations par téléphone +41 22 318 3464 ou par email mirrorbar@swissotel.com.
Le Swissôtel Métropole
Partie du groupe Swissôtel Hotels & Resorts, le cinq étoiles est situé sur la rive gauche du lac Léman, au cœur du quartier d’affaires, des rues commerçantes et à seulement quelques pas de la vieille ville. Au cours de ces trois dernières années, toutes les chambres avec vue sur le lac ont été rénovées. Le boutique hôtel a reçu en 2015 le Certificat d’Excellence “Winner” de TripAdvisor et a été classé parmi les 50 meilleurs hôtels de ville en Suisse par le magazine BILANZ pour l’année 2015. Informations et réservations au +41 22 318 32 00 ou sur le site www.swissotel.com/geneva.