Outre les controverses – pour la plupart justifiées – concernant les disques publiés de façon posthume depuis sa mort accidentelle en 1997, alors en plein enregistrement de ce qui aurait dû être la suite de son album liminaire Grace, difficile de trouver entière satisfaction, aujourd’hui encore, avec cette compilation sortie d’on ne sait où exactement et, surtout, sans que l’on sache dans quel but.
Personnellement, j’en reste à ma très grande déception de 2002 suite à la publication de Songs To No One 1991-1992 par Knitting Factory. Bien sûr, les rééditions augmentées par Columbia de Live At Sin-é puis de Grace les deux années suivantes ravivaient un peu la flamme. Mais, depuis, on nous ressert (à l’instar, déjà, de Songs To No One) tout ce qui traîne en réserve à partir non de Grace mais de la tournée de deux ans qui s’en suivit, tel le Live à l’Olympia en 2001 ou Mystery White Boy en 2000.
Certes, rien de plus ne saura apparemment émerger des sessions du second album, ayant donné ce mi-album mi-compilation intitulé Sketches For My Sweetheart The Drunk.
Alors, verdict en 2016 ?
You And I, qui rappelle autant le titre final du premier CD de Sketches For My Sweetheart The Drunk que celui de « Dream of you and I » (l’une des deux seules composition de Buckley présentent ici), possède les défauts de ses qualités. Si l’on omet le dispensable « Grace » (n’avait-t-on pas déjà entendu ce titre dans des dizaines de versions différentes ?! Vraiment, on se moque de nous…), les neuf autres titres, toutes des reprises datant d’avant l’enregistrement de Grace, sont, au minimum, bonnes, au mieux, excellentes. Bien sûr, on ne pourra que se remémorer le Live At Sin-é (l’originel de 1993 en 4 titres, ou sa réédition de 2 CDs pour 34 morceaux en 2003)
Les idoles, icônes, inspirations de Jeff Buckley, on les connaît désormais aussi bien que les dix titres de son unique album : Bob Dylan, The Smiths, Led Zeppelin, Sly And The Family Stone, etc.
Bref, ce « nouveau » Jeff Buckley est aussi bon que frustrant. Pourquoi ne nous a-t-on pas, une bonne fois pour toute, offert une seule et unique compilation de ses reprises lives inédites ? Car, sur la toile, on peut en écouter certaines de qualité irréprochable depuis des années…
Jeff Buckley ne cherchait assurément rien de particulier, à part vivre sa passion. On ne dira rien sur celles et ceux qui gèrent depuis bientôt 20 ans son héritage… Admirons tout simplement la superbe photographie de la fidèle Merri Cyr et : Just push play !
PS Il aurait eu 50 ans cette année, You And I constitue quoi qu’on en dise un joli hommage.
(in heepro.wordpress.com, le 21/03/2016)
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