“Quatrième de couverture :
Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? Frapperait-il au travers ? L'angoisse lui tordait l'estomac; il connaissait sa propre fermeté, mais n'était capable, en cet instant, que d'y songer avec hébétude, fasciné par ce tas de mousseline blanche qui tombait du plafond sur un corps moins visible qu'une ombre, et d'où sortait seulement ce pied à demi incliné par le sommeil, vivant quand même - de la chair d'homme.”
J'ai fini ce livre ce matin et que dire ?!
Il est indéniablement encore d'actualité (alors qu'il a été primé du prix Goncourt en 1933). C'est dire qu'il ne prend pas une ride malgré le temps qui passe ! On est lancé dans l'action dès le début. L'auteur ne perd pas son temps à nous décrire les personnages, ni les filiations qui les attachents les uns aux autres. Il a d'autres buts. Le contexte historique est difficile (j'ai peiné sur certaines parties - notamment les premières). Il faut bien être implanté dans l'Histoire pour comprendre toute la portée de cet ouvrage. J'ai même fait quelques recherches tant sur l'histoire de la Chine à cette époque (le livre se déroule en 1927 sur quelques jours), que sur celles de l'auteur. Celui-ci s'est indéniablement investi dans un tel contexte puisque reparti à Saïgon en 1925, il y fonde un mouvement de libération et un journal. Par ailleurs, il est nommé vice-Président de la propagande du Kuomintang. Autant dire que “la condition humaine” est quelque part une histoire qu'il a vécue !
Par contre, je ne me suis pas du tout attachée aux personnages. On vit l'insurrection à travers tous ceux qui la font, avec leurs doutes, leur courage, leurs envies d'aller jusqu'au bout quelqu'en soit les conséquences. Ils sont déterminés dans leurs choix. Cela s'impose à eux comme une évidence.
Je ne peux pas dire que j'ai aimé ou non cette oeuvre. On ne peut pas faire un tel choix avec un ouvrage si pénétrant (notamment parce qu'à l'heure actuelle, il est toujours d'actualité - malheureusement !). En tout cas, c'est un livre que l'on n'oublie pas de sitôt et qui fait réfléchir sur la condition humaine, justement, parce que comme il est dit en page 229 (et chose qui m'a beaucoup marquée) :
“… l'homme n'a pas envie de gouverner : il a envie de contraindre… D'être plus qu'un homme, dans un monde d'hommes. Echapper à la condition humaine… Non pas puissant : tout-puissant. La maladie chimérique, dont la volonté de puissance n'est que la justification intellectuelle, c'est la volonté de déité : “tout homme rêve d'être dieu…”
A lire indubitablement si vous ne l'avez jamais fait.