Nous voici arrivés au terme de cet interrogatoire :vous avez pu voir ce qui me sépare des décisions législatives de nos autorités nationales …… En façade ( avec cette loi sur la TRANSITION ENERGETIQUE , nous avons eu droit à un semblant de concertation , à un semblant de discussion et surtout à un semblant de budget.) Et je vais donc terminer par l’examen des problèmes de fond ……
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-« Abordons les questions de fond, OLIVIER, et surtout de clarté de doctrine …. Y a-t-il encore POUR VOUS un modèle économique pertinent pour le nucléaire ?
-« Vous moquez vous de moi ?Tôt ou tard les hydrocarbures fossiles liquides et gazeux redeviendront rares et chers ….Tôt ou tard ne subsisteront que les houilles et la biomasse ….Tôt ou tard les dommages irréversibles des réchauffements climatiques vont nous contraindre à des rivalités économiques et énergétiques avec en prime leur lot de guerres et de migrations ….Donc tôt ou tard notre démographie humaine délirante devra en subir les conséquences …..Bien entendu si vous vous appeliez DONALD TRUMP ou CLAUDE ALLEGRE ( les climato sceptiques) vous me répondriez que tout ceci sera maitrisé par nos ingénieurs et chercheurs …..Mais j ai 85 ans et moi j ai vécu l’occupation allemande et la privation de tout pendant des années ….. Et si l’ on veut échapper à la dégénérescence de la civilisation humaine parce que les ressources de la Planète sont limitées , je sais que les orientations doivent être d’ores et déjà bien définies et appropriées a ces transitions probablement plus ou moins décalées dans les décennies à venir…. Et comme je l’ai maintes fois répété , je vois dans ce 21 ème siècle un rôle a jouer pour un nucléaire maitrisé ,des carburants synthétiques élaborés à partir de houilles et de bio masses et des énergies renouvelables les plus appropriées et les plus économiques ……
-« Tout cela est très austère et ressemble fort aux TRISTES conclusions du CLUB DE ROME ? Ne croyez-vous pas ?
-« Je ne réponds pas à cet interrogatoire pour être complaisant .Vous me demandez si on peut maitriser les risques nucléaires du présent et je vous réponds oui si on y met les moyens nécessaires…Vous poussez les questions pour le nucléaire de l’avenir et là je dois expliciter mes choix car ils différent quelque peu de ceux de ma maison –mère(J. REPUSSARD Dr de l IRSN ).
Ce sont des écolos pur –jus infatués de leurs dogmes ( DOMINIQUE VOYNET /BERNARD LAPONCHE etc. ) qui nous ont empêché de tirer des surgénérateurs une expérience de R&D utile ….Je n’ai jamais prétendu que SUPERPHENIX était dépourvu de défauts mais il ne fallait pas en tirer la victoire d’ une guerre politique socialo-écologiste …Il fallait le laisser vivre à « petite vitesse » en l’étudiant …..A la place on accumule des stocks de plutonium à la Hague en retraitant les combustibles usés, dont on n’aura besoin que si l’on dispose de réacteurs à neutrons rapides. Mais en aura-t-on besoin ? Est-on si surs de leurs techniques , de leurs risques et de leurs bilans productifs et financiers sinon pourquoi relancer ASTRID?
J.REPUSSARD présente un argument qui en apparence éliminerait les peurs sociétales en posant qu’on s’est peut- être trompé d’échelle et que dans un réacteur bien conçu de moins de 600 mégawatts (contre 1.600 pour un EPR,), un cœur fondu peut rester tranquillement dans sa cuve, ce qui réduit la problématique de l’accident. D’une part EDF n’a jamais été intéressé par ces modèles… qui sont réputés trop chers pour leur puissance.D autre part et surtout vous ne trouvez plus en France des maires et leur population prêts a accepter OKLO ou du nucléaire dans LEUR JARDIN ( l’effet NIMG !)..La multiplication des sites passerait donc d’abord par l’extension de ceux déjà existants….La galère !!!
Je cite encore REPUSSART lorsqu’ il juge les états-majors : « …..Mais EDF conserve une vision stratégique du nucléaire qui n’a guère changé depuis trente ans et dont l’hégémonie dans les cercles du pouvoir reste quasi intacte. L’évolution pourrait venir des problèmes économiques, mais c’est la pire des entrées ! ». Je ne dispose pas de canaux d’écoute à EDF pour confirmer un tel jugement mais qu’un directeur financier y claque la porte avec fracas me semble significatif ……De toutes manières il me semble qu’ on y verra plus clair après la mise en service des deux EPR chinois !
-« Il me semble qu‘ il serait alors intéressant si dans votre conclusion vous puissiez définir si EPR a un avenir industriel …….Ici ou ailleurs !
-« Je vous répète qu’ il faudra attendre la mise en route des 2 réacteurs chinois ! Là , si tout va bien , il pourrait apparaitre ,selon les mots de REPUSSARD « comme un très bon réacteur sur le plan de la sûreté et de sa capacité à produire, mais pas économiquement optimal »…..Mais là encore mon analyse diffère : recalculer un EPR de taille mini ,ça prendra du temps à EDF/AREVA/ASN et laissera place ouverte aux autres concurrents ……Or , il y a l’évolution de la composante de variation climatique qui peut jouer sur les niveaux marins et des étiages des fleuves …..Et en dehors des notes de JEAN MARC JANCOVICI sur H2O et des travaux de suivi du GIEC je n’y vois pas clair……
- « En dehors de tout ce que vous avez détaillé ailleurs sur le savoir-faire « rouillé » du CREUSOT , et sur les aléas de fabrication des cuves de réacteurs , avez-vous quelque chose à reprocher à ASN et à ses « mercenaires » de IRSN ????
-« REPUSSARD reproche à l’ASN d’avoir aussi durci la réglementation, non sur l’objectif de sûreté visé, mais sur les preuves de conformité demandées. Or nous ne nous trouvons pas en calcul opérationnel de chaudière de réacteurs dans un territoire de PHYSIQUE NON LINEAIRE ( et souvent non-prédictive) mais tout à fait dans un cadre de métallurgie conventionnelle …Et mon Dieu , si les gens de production du terrain ont perdu la main , tant pis pour eux ! Ce n’est pas aux ingénieurs IRSN y apportant l’analyse de risque d’endosser la responsabilité lourde des malfaçons de métallurgistes routiniers …. Au demeurant j’affirme très clairement d’ailleurs que se protéger par du « toujours plus ! » , par des Arrêtés au J.O et/ou des interprétations parfois extrêmes de la réglementation ne couvrira ni ASN ni IRSN en cas de lâchage de cuve…..
-« La doctrine française d’amélioration continue de la sûreté est-elle donc viable ?
-« A condition qu’ elle soit correctement financée et repensée dans ses choix de moyen et long terme…
FIN