La Seconde Guerre mondiale est un épisode bien riche de l’Histoire, parmi les choses qu’on connaît peu, ou pas, je vous ai déjà parlé des bordels mais aussi des prisonniers homosexuels dans les camps de concentration. Aujourd’hui, je vous raconte une petite histoire, une histoire qui a fait plus d’une vingtaine de morts. Au moins vingt-sept en fait. Peut-être soixante-dix… Mais rien d’institutionnel. Découvrez Marcel Petiot, encore surnommé : Docteur Satan.
Marcel Petiot, une enfance… de cleptomane
Dès son jeune âge, le petit Marcel Petiot se fait remarquer pour quelques vols. Des trucs pas trop graves, mais du vol quand même. Le mec est né en 1897, à Auxerre. Faut avouer que c’est déjà pas facile… Dans une famille bourgeoise. Rapidement, les proches vont être un peu embarrassés par le comportement du gamin. Non seulement, il vole, mais en plus il est violent. Très violent. Envers ses camarades, sa famille, mais aussi les animaux. Enfin, c’est ce qui s’est dit après sa mort alors, sont-ce des faits avérés ou de simples balivernes pour alimenter la presse papier de l’époque ?
Toujours est-il que sa mère est internée en hôpital psychiatrique, où elle décède, alors que son père lui est muté à Joigny. Changement de collège pour Marcel Petiot qui a alors douze ans. Peu importe, il va se faire virer de plusieurs établissements pour manque de discipline. A dix-sept ans, on le prend la main dans le sac, enfin, façon de parler… Il est en train de casser des boites aux lettres, non dans l’espoir de récupérer quelques billets, mais plutôt pour voler les cartes postales et autres mots doux. Il ne sera pas condamné car un psychiatre le juge inapte. Il est atteint de trouble de la personnalité et il est clairement inadapté socialement. Sans doute est-il atteint de ce que l’on nomme aujourd’hui : la bipolarité.
Et puis soudain, boum, la Première Guerre mondiale, Marcel Petiot prend la décision d’arrêter ses études de médecine pour s’engager dans l’armée. Il veut servir la patrie. Hélas, il va prendre un éclat d’obus dans le pied et va se retrouver quelques temps à l’infirmerie. Infirmerie de laquelle il va se faire virer car il pique plein de trucs, des couvertures, des gobelets… Il va être interné à la prison militaire d’Orléans, puis dans un service psychiatrique et le verdict est sans appel : les psychiatres le déclarent neurasthénique, déséquilibré mental, dépressif paranoïaque et sujet à des phobies. Malgré tout, il va retourner quelques temps sur le front avant d’être réformé pour troubles psychiatriques…
Marcel Petiot devient médecin
Marcel, il aime bien piquer des trucs, il a beaucoup de mal avec les interactions sociales, mais il est quand même très intelligent. Il va réussir ses études de médecine, et à moins de trente ans, il possède un petit cabinet médical à Villeneuve-sur-Yonne. Les affaires marchent bien, faut dire qu’il y a toujours des gens malades, mais surtout, Marcel Petiot n’hésite pas à se faire de la pub. Il se fait passer pour un médecin qui peut tout soigner et à bas prix. D’ailleurs, il se crée une belle réputation en soignant gratuitement les indigents. C’est gentil ça. Impliqué dans sa ville, il devient conseiller municipal puis maire ! C’est à ce moment là qu’il rencontre son épouse Georgette Valentine Lablais, et en 1927, c’est la naissance de leur petit garçon. Hélas, les commérages vont bon train à Seignelay… Marcel Petiot serait un voleur. Fraudes aux assurances, détournement de fonds et fausses déclarations à la sécu… Il ne va pas faire de prison, son avocat lui fait éviter une peine ferme. Mais Marcel Petiot va être révoqué de son mandat de maire.
Les suspicions autour de Marcel Petiot
Dès 1926, le docteur Petiot entretient une relation avec la fille d’une de ses patientes, quelques jours après que leur relation soit découverte, la maison familiale est emportée par un incendie. Madame la mère décède, la jeune fille, elle, disparaît. Le mystère reste entier. C’est la même chose pour Louisette, la bonne de Marcel Petiot qui disparaît du jour au lendemain, sans ne laisser aucune trace ni explication… étrange. Dans les alentours, la colère commence à gronder, alors Marcel Petiot prend ses cliques et ses claques, et il part vivre à Paris, en 1933, avec sa femme et son fils.
La Seconde Guerre mondiale et l’Occupation
A partir de 1943, Marcel Petiot va monter un plan véritablement diabolique. Sans doute le prépare-t-il depuis plusieurs mois car la cave est aménagée, des doubles portes sont posées, tous les murs de la cour sont surélevés et puis… une chambre à gaz est installée. Et concrètement, ce n’est pas pour faire cuire un poulet. Marcel Petiot propose à des personnes menacées par la Gestapo (des juifs principalement, mais aussi des homosexuels ou des délinquants) de leur faire quitter le pays, direction l’Argentine pour une vie meilleure. Beau programme, or, Marcel Petiot n’a l’intention d’envoyer personne traverser l’atlantique. Il les envoie tous dans un puits de chaux vive après les avoir torturés de différentes manières.
« Faut couper petit, mais ça rentre »
C’était assez simple et plutôt bien foutu comme traquenard, Petiot propose aux personnes en danger de les sauver, moyennant une somme d’argent. Alors, toutes les victimes viennent avec leurs billets et leurs valises contenant leurs objets les plus chers (les bijoux, les dorures, tout ce qui peut être revendu en Amérique du Sud, mais surtout, rien qui ne porte des initiales…). Et vu qu’on ne les voit jamais ressortir, on pense que les victimes se dorent la pilule en Argentine, et on se dit qu’il est vraiment très fort ce docteur Petiot. En fait, personne n’a jamais quitté Paris, ni même l’hôtel particulier du docteur Satan. Le manège va durer environ un an…
Et puis le 11 mars 1944, des voisins se plaignent d’une odeur nauséabonde s’échappant de la cheminée de la maison de Marcel Petiot. Les pompiers se dirigent vers le n°21 de la rue Le Sueur. Petiot est injoignable, alors les autorités cassent une fenêtre et les pompiers peuvent entrer dans la maison… Et quelle surprise ! Dans la maison, il y a plus de soixante-dix valises, et dans la cave… presque trente corps dépecés en attente de passer à la cheminée, comme d’autres avant… Parmi les victimes, on peut nommer : Joachim Guschinow, Joseph Reocreux, Margaret et René Kneller…
De retour sur les lieux, Petiot annonce aux policiers « non, mais c’est pas ce que vous croyez » et il leur baratine une histoire, comme quoi ce sont tous des cadavres de nazis, que lui c’est un bon patriote, et que s’il doit être jugé ce sera pour le simple fait d’avoir tenté de libérer la France des sales pattes de ces Allemands. Petiot obtient le droit de rester en liberté le temps de l’instruction… Il en profite pour disparaître. Pas bien loin, il a intégré la Résistance et les Forces Françaises Intérieures.
Il sera arrêté le 31 octobre 1944, dans une station de métro.
Le procès de Marcel Petiot, et couic
Les valises retrouvées chez Marcel Petiot
Après son arrestation, le procès de Marcel Petiot va s’ouvrir en mars 1946. Le 18 mars. Il est jugé pour le meurtre de 27 personnes. Mais lui, l’accusé donc, en revendique 63. Il légitime son geste en expliquant que toutes ses victimes étaient des criminels nazis. Or, c’est entièrement faux, et il le sait. Et nous aussi on le sait. Le verdict tombe le 4 avril 1946. Il est condamné à mort. Son avocat, René Floriot, a tout fait pour négocier, mais compte tenu des faits… C’est tout de même compliqué d’y échapper. Alors le 25 mai, Marcel Petiot vit son dernier réveil. Une anecdote raconte d’ailleurs que lorsque le garde est venu le réveiller sur les coups de 04h30 du matin, Petiot a répondu « tu me fais chier ». Et puis à 5h, du matin, couic.
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