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La culture africaine après Senghor

Par Roger Garaudy A Contre-Nuit
Cette année, le premier Con­grès des écrivains et artistes noirs de Paris aura 60 ans et le Festival mondial des arts nègres de Dakar aura 50 ans. Lors d’une conférence au musée de l’Ifan mercredi, le Professeur Maguèye Kassé de l’Université Cheikh Anta Diop est revenu sur le rôle de ces manifestations et du jazz dans l’avènement de la Négri­tude et la renaissance africaine. Le propos d’introduction a été assuré par un film de 40 minutes, tourné par William Greaves et inédit à l’Ifan : First world festival of negro art. Suite à ce retour en image sur le festival organisé à Dakar notamment par Léopold Sédar Senghor, le professeur a déclaré que «le premier Congrès des écrivains de 1956 à Paris et le Festival mondial des arts nègres de 1966 sont des points forts dans l’affirmation d’une identité noire, à la fois facteur de renaissance et porteuse d’universalité».
De Duke Ellington à Cas­sandra Wilson, de Billie Holiday à Alioune Diop ou encore de Langs­ton Hughes à Léopold Sédar Senghor, l’Afrique s’est peu à peu rassemblée derrière une culture commune jusqu’à l’avènement qu’était le Festival mondial des arts nègres, a-t-il expliqué. Une renaissance qui a commencé dans les rues d’Har­lem, qui s’est poursuivie à travers le célébrissime titre Strange fruits et le blues, avant de s’exporter sur les terres africaines. «Quand les musiciens africains-américains, qui se réclament de la musique africaine, sont venus pour la première fois en Afrique, notamment lors des festivals, les gens ont découvert que l’Afrique était une, au moins culturellement parlant sur le plan musical», a développé Maguèye Kassé après sa conférence. C’est par exemple le cas de Duke Ellington, présent à Dakar en 1966. Le festival a pris soin de rassembler toutes les parcelles de la culture africaine pour les réunir au même endroit et leur offrir une visibilité mondiale totalement inédite. Le film de Greaves montrait d’ailleurs avec brio la ferveur populaire qui a accompagné cette manifestation. «Qu’on soit pour ou contre l’idée du festival, pour ou contre Senghor, le festival de 66 était populaire», a affirmé le Profes­seur Kassé. Une popularité que les pâles répliques, notamment celle de l’ex-Président Wade, n’ont pas réussi à égaler.
«Depuis Senghor, nous n’avons plus de ministère de la Culture»
Si «la renaissance africaine et africaine-américaine passe par l’art sous toutes ses formes et jette le pont vers l’Universel et le dialogue des cultures», qu’en est-il aujourd’hui, où la question de cette renaissance est toujours présente ? Nonobstant quelques voix dissonantes, la majorité des intervenants dans le public se sont inquiétés de la situation culturelle du Sénégal. «On est au cinquantième anniversaire du Festival et le Sénégal ne fait rien», a regretté Bouna Sémou Ndiaye, chargé du rapatriement du patrimoine sénégalais. D’au­tres ont regretté l’absence de concerts de grands artistes de jazz au Sénégal. Au professeur de leur répondre que «depuis Sen­ghor, nous n’avons plus de ministère de la Culture. Elle (la culture) n’est plus l’une des préoccupations majeures dans les stratégies de développement du pays». L’échange s’est alors orientée vers un discours plutôt conservateur, regrettant les temps passés où on se passionnait pour la culture, la vraie, loin des dérives télévisuelles ou des Wally Seck et compagnie. Le changement de contexte a été avancé pour expliquer la désertification culturelle du Sénégal aujourd’hui. En définitive, tout le monde s’accorde sur le principe qu’il y avait un message idéologique à travers le Festival mondial des arts nègres de 1966 qui a généré une ferveur qui est moins visible.
  Baptiste MADINIER   >> LIRE EN ENTIER ICI >>

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