Au nom de ma fille

Par Tinalakiller

réalisé par Vincent Garenq

avec Daniel Auteuil, Sebastian Koch, Marie-Josée Croze, Christelle Cornil...

Drame français. 1h27. 2015.

sortie française : 16 mars 2016

Un jour de juillet 1982, André Bamberski apprend la mort de sa fille Kalinka. Elle avait 14 ans et passait ses vacances en Allemagne auprès de sa mère et de son beau-père le docteur Krombach. Rapidement, les circonstances de sa mort paraissent suspectes. L'attitude de Dieter Krombach ainsi qu'une autopsie troublante laissent beaucoup de questions sans réponse. Très vite convaincu de la culpabilité de Krombach, André Bamberski se lance dans un combat pour le confondre. Un combat de 27 ans qui deviendra l'unique obsession de sa vie...

Nous connaissons tous plus ou moins l'affaire Bamberski, qui a été très médiatisée (merci à papi Wiki pour ce bref résumé, je ne m'appelle pas Christophe Hondelatte) : la petite Kalinka Bamberski a été retrouvée morte en juillet 1982 (à l'âge de 14 ans) chez son beau-père, le docteur Dieter Krombach, chez qui elle passait ses vacances à Lindau. Etant médecin, il explique aux enquêteurs qu'il avait injecté à Kalinka du Kobalt-Ferrlecit, disant qu'elle voulait bronzer plus facilement. Il prétend alors qu'elle serait décédé d'une insolation. Le médecin légiste ne s'est pas prononcé sur les causes exactes de la mort et on apprendra aussi plus tard que les parties génitales de la jeune fille ont été retirées. Le légiste avait en tout cas qualifié de " grotesques " les injections de différents produits pratiquées par Krombach pour ranimer Kalinka (elle était déjà morte depuis plusieurs heures). Cela dit, même face à ces faits étranges, l'affaire a été classée. Le père de Kalinka, André Bamberski, accuse alors logiquement le docteur Krombach d'être à l'origine du viol et du meurtre de sa fille. Le combat va alors durer pendant pratiquement trente ans pour pouvoir condamner le meurtrier. La tâche est très compliquée à cause d'une justice allemande elle-même assez laxiste malgré des plaintes de femmes pour viols (ces dernières décrivent des scènes similaires, avec l'intervention de la piqûre) et des accords internationaux non respectés. En 2009, Bamberski fera alors appel à des hommes de main pour l'enlever de chez lui en Allemagne et le ramener en France afin qu'il soit jugé et condamné. Bamberski dit qu'il n'a pas voulu faire justice lui-même mais au contraire tout faire pour que le système judiciaire puisse agir. C'est une affaire qui est ultra passionnante, et pas besoin d'être un grand fan de Faites entrer l'accusé pour pouvoir la suivre : on ne peut avoir que de l'admiration pour Bamberski (malgré la polémique autour de l'enlèvement) qui s'est battu une grande partie de sa vie pour sa fille face à une justice défaillante. Sa détermination a été payante, au point d'avoir autant de connaissances sur les lois que son propre avocat ! C'est pour cette raison que Vincent Garenq, réalisateur de Présumé coupable (sur l'affaire Outreau) et L'Enquête (sur l'affaire Clairstream), a voulu adapter cette histoire, en s'appuyant sur l'ouvrage d'André Bamberski, Pour que justice te soit rendue. Je précise que je n'avais vu aucun film de Garenq jusqu'à ce que je vois celui-ci, je n'avais donc pas d'idées sur son travail.

Je ne dirais pas que j'ai trouvé le travail de mise en scène ni le scénario pourris mais il me semble que cette affaire méritait un meilleur traitement. Je lui accorde la moyenne parce que le film se laisse tout de même regarder, on ne s'ennuie pas (le film est en plus court et bien rythmé grâce à un montage assez efficace), on sent même une certaine sincérité. Je ne pense que le film en lui-même soit touchant, je pense que c'est l'histoire très forte qui prend le dessus et qui ne m'a pas laissée totalement indifférente. Cela dit, par conséquent, je comprends les critiques encore plus négatives que la mienne, puisque l'émotion possible n'est pas liée aux qualités du film. De plus, on a quand même l'impression de regarder un épisode de Faites entrer l'accusé justement. Le scénario nous contente de nous exposer les faits à peu près chronologiquement (en dehors du début du film, qui nous montre l'arrestation de Bamberski en 2009). Finalement, comme je l'ai fait bêtement pour le premier paragraphe, on connaissait toutes les informations avant de voir le film. Attention, je ne prétends pas qu'un film doit nous apprendre quelque chose, je dis juste qu'en se contentant de nous exposer des informations, le scénario a tout de même du mal à exploiter les différents thèmes, comme l'amour inconditionnel d'un père envers sa famille quoiqu'il arrive, le système judiciaire défaillant, lié notamment aux lois européennes ou encore la notion même de monstruosité. Je trouve cela vraiment regrettable de voir des thèmes survolés et qu'il n'y ait pas plus de " cinéma " : rien n'est poussé, on se contente un peu trop du minimum. Par conséquent, je ne sais même pas quoi penser de l'interprétation de Sebastian Koch, étant donné que son personnage est dans un sens sous-exploité. En revanche, Bamberski reste un personnage intéressant. Certes, c'est sûr que le film met en avant les qualités exceptionnelles de cet homme mais je n'ai pas eu l'impression qu'il y avait une glorification. Daniel Auteuil est en plus très bon dans le rôle d'André Bamberski. Cela fait vraiment plaisir à voir vu que ces derniers temps je trouvais qu'il faisait soit de mauvais choix de films soit il jouait comme un pied (les deux possibilités étaient même combinées !). Plus son personnage vieillit, plus on finit par " voir " le vrai Bamberski qu'on a tant vu, mais Auteuil ne cherche pourtant pas à l'imiter.