Le président de la République a décidé cette année de faire de la date du 19 mars, inscrite au calendrier des journées nationales de la République depuis 2012 et commémorée depuis 2013, un moment de rassemblement des mémoires, pour dépasser une histoire douloureuse. Le 19 mars 1962 n'est ni la célébration d'une défaite ni celle d'une victoire, mais un moment de recueillement pour toutes les victimes. Cette date a de multiples sens, pour les Français de métropole, pour les appelés, pour les Français d'Algérie, pour les harkis, pour les Algériens. Les voix qui dénoncent la présence du président de la République à la cérémonie continuent de voir l'arrêt des combats comme une défaite et remettent en cause la légitimité démocratique du processus de paix mis en œuvre par le général de Gaulle. La grandeur d'un pays se mesure à sa capacité à se rassembler pour regarder son histoire en face. Alimenter la guerre des mémoires c'est rester prisonnier du passé. Faire la paix des mémoires, c'est regarder vers l'avenir pour avancer. Chaque journée nationale - le 19 mars pour toutes les victimes, le 25 septembre pour les harkis, le 5 décembre pour les "morts pour la France - a sa légitimité, aucune n'est supprimée. Nous devons dépasser la guerre des dates pour aller vers la paix des mémoires.
Le Président de la République préside ce samedi 19 mars la " Journée Nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc " :
- Depuis la loi du 6 décembre 2012, le 19 mars est inscrite au calendrier des commémorations officielles de la République.
- Elle est commémorée depuis 2013, mais le Président de la République ne l'avait jamais encore présidée.
Le président de la République a décidé cette année de présider cette Journée Nationale dont il veut faire un moment de rassemblement des mémoires pour dépasser une histoire douloureuse, après s'être exprimé le 5 décembre 2012 sur la guerre d'Algérie à Alger devant les chambres de la République algérienne, après des années 2013-2015 dominées par le 70ème anniversaire de la 2ème Guerre Mondiale et alors que l'année 2016 est celle des anniversaires de la décolonisation (60ème anniversaire de l'indépendances du Maroc et de la Tunisie et de la loi Deferre préparant l'indépendance des états africains).
Le 19 mars 1962 est une date aux multiples sens :
- C'est tout d'abord une date historique qui marque le cessez-le-feu consécutif aux Accords d'Evian. Ce n'est pas la fin de la Guerre d'Algérie, mais cette date marque le début de la sortie de la Guerre d'Algérie.
- Il faut rappeler le courage qu'il a fallu aux négociateurs de ces accords pour oser en pleine guerre faire le pari de la paix ; plusieurs l'ont payé de leur vie.
- Il faut rappeler les risques que le général de Gaulle a pris en faisant ce pari, et les nombreuses tentatives d'attentat dont il a été la cible ;
Cette date " rassemble [...] toutes les mémoires ", et a des significations différentes pour chacune d'elles (J.M. Todeschini, 19/03/16) :
- Pour les " appelés " (1.5 millions entre 1955 et 1960, tous les hommes nés en France entre 1932 et 1943), elle fut un soulagement car c'était la promesse du retour ;
- Pour les Algériens, elle marquait une des dernières étapes avant l'indépendance de leur pays le 5 juillet 1962 ;
- Pour les rapatriés, elle reste douloureuse car elle rappelle les tragédies du printemps et de l'été 1962, et qui ont débouché sur leur exil ;
- Pour les Harkis, elle annonce la tragédie de leur abandon par la France, qui a été reconnu par le Président de la République dans son message du 25 septembre 2012, et rappelé par le Premier ministre lorsqu'il a présidé la cérémonie d'hommage aux Harkis le 25 septembre 2014.
" La date du 19 mars n'est [ni] la célébration d'une défaite [ni] celle d'une victoire " (J.M. Todeschini, 19/03/16). En décidant de faire du 19 mars la " Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la Guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc ", le Parlement a voulu que toutes ces mémoires soient évoquées, que toutes les victimes soient honorées : les victimes françaises et les victimes algériennes, les victimes civiles et les victimes militaires, les victimes d'avant le 19 mars et les victimes après le 19 mars, les victimes qui sont mortes et celles qui ont survécu.
" Depuis quelques jours, des voix s'élèvent pour dénoncer la présence du président de la République [...] à la cérémonie " (J.M. Todeschini, 19/03/16). Or, affirmer que le 19 mars est une mauvaise date :
- C'est continuer de voir l'arrêt des combats comme une défaite et oublier que le cessez-le-feu a été accueilli comme un soulagement par tous les appelé du contingents et leurs familles.
- C'est remettre en cause la légitimité démocratique du processus de paix mise en œuvre par le général de Gaulle.
- C'est oublier que tous les gouvernements de gauche et de droite ont depuis unis leurs efforts pour dépasser les douleurs de cette période.
- C'est oublier que la République ne supprime ni la journée du 25 septembre où elle rend hommage aux harkis ni celle du 5 décembre où le souvenir des " morts pour la France " de la guerre d'Algérie et des combats au Maroc et en Tunisie est honoré.
Chaque date a sa légitimité. Toutes sont importantes pour la construction d'une mémoire apaisée. Nous devons dépasser la guerre des dates pour aller vers la paix des mémoires.
La grandeur d'un pays se mesure à sa capacité à se rassembler pour regarder son histoire en face. Alimenter la guerre des mémoires c'est rester prisonnier du passé. Faire la paix des mémoires, c'est regarder vers l'avenir pour avancer. C'est ce message d'unité et de paix que le Président de la République délivrera le 19 mars.