" Au pied du Fujiyama "
de Jean Cagnard
Cie 1057 roses
Théâtre Jean Vilar- Montpellier
Vendredi 17 mars - 20 h
- Mise en scène : Catherine Vasseur
- Collaboration artistique-dramaturgie : Jean Cagnard
- Scénographie et régie plateau : Cécile Marc
- Créateur lumière : Nanouk Marty
- Construction sonore et régie son : Loïc Lachaize
- Régie lumière : Sonya Perdigao
Avec : Mathias Beyler, Benjamin Duc, Nathalie Vidal (comédiens), Gaëlle Costil (violoncelliste), Johann Loiseau (percussionniste), Jean Cagnard et Catherine Vasseur.
POURQUOI TU ES LA ?
" Descendre dans le noir pour chercher une chose noire.
C'est illisible. " (Jean Cagnard)
" Je suis d'ici ! ", le ton est donné très vite par cette exclamation, première réponse fusant à la suite de la question, posée en préambule, " Pourquoi tu es là ? "
Question donnant son titre au titre au projet initial d'où est née l'œuvre théâtrale de Jean Cagnard. Ce sont ces réponses, collectées auprès de la population de la Grand Combe, " population faite de trajectoires parallèles, opposées, fusionnelles, de combats intérieurs, des aventures individuelles à partir desquelles s'écrit aussi une histoire collective ", dont est issu le spectacle, " récit imaginé d'un territoire et de ses habitants ".
Après l'évocation du " beau crassier ", Fujiyama fantasmé, occasion pour le couple d'acteurs d'une prise de conscience, c'est l'effondrement. De l'ordonnance stricte du décor ne subsiste que ruines, il en est de même pour la vie dans ce pays minier après l'arrêt des activités économiques. " Il reste des ombres, des silhouettes contre le ciel, de la suffocation et bien sûr énormément de mémoire ".
Plus d'une heure et demie de récits, de personnages contrastés, d'humour cachant un désarroi, une souffrance, jamais très éloignés. On chante, on se pose des questions, on vit, on se raconte. " Je suis d'ici ", certes, mais on vient d'ailleurs. " Elle, c'est Nantes. Lui, c'est Angers, Saumur. La Touraine. ", d'autres c'est la Pologne et le Frioul, via Marseille, Lyon, Decazeville ou bien Châteauroux, le Maroc, Colmar et l'Espagne.
Au résultat on est d'ici, même si parfois il faudrait arrêter " de nous faire chier avec votre territoire, avec vos frontières, avec votre folklore ! Avec votre mémoire ! Avec votre terre ! Avec votre accent ! ". On s'est intégré et pourtant si " J'aime bien les gens qui sont du cru, j'aime bien aussi les oublier. QUAND ON N'EST PAS DU CRU, ON EST CUIT !!! "
Bref cela n'a pas été facile, cela ne l'est toujours pas.
On a reconstruit, on a des projets, on aura un avenir !On va s'incorporer le territoire, son histoire, ses fondamentaux. Quelques " fiches pédagogiques ", non sans ironie et sans malice, nous y ramènent : " Le sanglier, " l'Edit de Nantes ", " le gaz de schiste ". De maîtres mots en surgissent : Protester, Rester et Résister.
Mais, " Pour l'instant, je suis là et ça me suffit. C'est peut-être un instant qui va durer cinquante ans. Un jour je vais mourir et on répandra mes cendres dans le ciel. Alors je commencerai à voir du pays. Mes petits enfants montreront des nuages dans le ciel et ils diront : Tiens, voilà le grand‐père qui passe ! "
À la fin de ce voyage dans les profondeurs de l'être, dans l'intime, dans l'infime, se fait jour une, LA, grande question : " comment habitons-nous le monde ? "
On finira, face au " Fujiyama " noir, petit frère de celui se dressant à l'opposé, de l'autre côté de la terre, contemplatifs, sur une dernière question :
" Et mes enfants ?
‐ : Quoi, tes enfants ?
- : Ils feront du ski où? Sur la neige, sur le passé ou dans le futur ? "