Tombouctou est située sur le fleuve Niger. Surnommée « la ville aux 333 saints » ou « la perle du désert », elle est aujourd'hui classée par l'UNESCO plusieurs titres au patrimoine mondial de l'humanité.
Depuis plusieurs années, la ville est menacée par l'avancée des dunes (ensablement). Sous l'impulsion de l'UNESCO, des travaux de stabilisation des dunes ont été entrepris.
Tombouctou avait une population estimée à 32.000 personnes en 2006. Cependant, au faîte de sa grandeur au XVe siècle, la ville comptait environ 100.000 habitants dont 25.000 étudiants pour la seule université de Sankoré.
Les trois groupes ethniques principaux de Tombouctou sont les Touarges, les Songhaïs et les Arabes.
Les premiers campements des nomades berbères et touaregs remontent aux premiers siècles de l'histoire écrite. La ville n'apparaît cependant dans l'histoire qu'au XIVe siècle quand l'empereur du Mandé, Mansa Moussa, fait construire à partir de 1325 la mosquée Djingareyber, qui est achevée en 1328.
Au XVe siècle, la construction de la mosquée de Sankoré (qui comprend une medersa) est à l'origine d'une université islamique d'une très grande renommée dans toute l'Afrique de l'ouest.
Tombouctou est prise par Sonni Ali Ber, l'empereur songhaï, en 1458. La ville construit sa prospérité sur les échanges commerciaux, dont l'esclavage, entre la zone soudanaise du Sahel africain et le Maghreb. Elle connait son apogée au XVIe siècle, jusqu'à la chute en 1590 de l'Empire songhaï.
La ville passe alors sous domination saadienne de Marrakech, c'est le Pachalik de Tombouctou. En octobre 1591, se produit un soulèvement de la population, et les plus illustres savants sont exilés à Marrakech. Le déclin de la ville commence au XVIIe siècle avec l'instabilité politique et l'apparition de la traite négrière qui rapproche cette activité des côtes. Le contrôle de Tombouctou par les Saadiens est effectif jusqu'en 1660, date de la chute de la dynastie au profit des Alaouites. En 1760, les Touaregs chassent les derniers Marocains de la ville.
L'Empire peul du Macina conquiert la ville en 1825. Après des siècles où Tombouctou est une cité recluse vis-à-vis de l'Occident, le major Alexander Gordon Laing est le premier Européen à visiter la ville en 1826, mais pris pour un marchand d'esclaves concurrent, il est assassiné. Le 20 avril 1828, c'est au tour du Français René Caillié d'entrer dans la cité, dissimulé sous le costume d'un lettré musulman, et d'en partir vivant. Son célèbre récit de voyage fait ensuite grand bruit en Europe. En 1844, à la mort de Sékou Amadou, la ville s'émancipe. L'explorateur allemand Heinrich Barth vient dans la ville où il passe six mois en 1853-1854.
La seconde partie du XIXe siècle marque le début de la colonisation française de l'Afrique occidentale, dans le sillage de l'Afrique du Nord. La conquête de la zone de Tombouctou par l'armée française se fait de manière heurtée, notamment en 1892 avec le massacre de la colonne Eugène Bonnier par les Touaregs Ouelleminden et Igdalen après la première occupation de Tombouctou par les Français. Lorsque les Français prennent le contrôle de la ville en 1894, sa population est d'environ 4000 habitants. Elle était dirigée jusque là par une élite musulmane payant tribut aux Touaregs. La conquête et la stabilisation de la ville marque la fin de la pacification des zones du Nord du Mali à la veille de la Première Guerre mondiale.
Alors que le Soudan français est une colonie française, Tombouctou devient par la loi française du 18 novembre 1955, une commune de moyen exercice, dirigée par un maire, assisté d’un conseil municipal élu par un collège unique. La loi du 10 janvier 1957 intègre Tombouctou dans l'Organisation commune des régions sahariennes.
Medersa de Sankoré
La loi du 2 mars 1966 donne un statut commun à toutes les communes créées avant l’indépendance du Mali en 1960. En 1988, Tombouctou est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO pour ses richesses culturelles (mosquée, mausolées et manuscrits) et historiques.
Le Nord du Mali et la ville sont à de nombreuses reprises secoués, à la fin des années 1960 et au début des années 1990, par des insurrections armées touaregs qui réclament plus d'autonomie et de désenclavement de leur région. Le 27 mars 1996 se déroule une cérémonie de la Flamme de la Paix, durant laquelle les rebelles touaregs brûlent 3000 armes utilisées durant la rébellion.
Le 1er avril 2012, dans le cadre de l'insurrection au Nord du Mali menée par le MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad), l'armée malienne perd le contrôle de la ville au profit de divers mouvements rebelles touareg rapidement supplantés par les islamistes salafistes radicaux. Du 30 juin à fin décembre, les islamistes des mouvements AQMI et Ansar Dine se lancent dans la destruction systématique des tombeaux des saints musulmans et des mausolées de la ville. L'intervention de l'armée française dans le cadre de l'opération Serval aux côtés de l'armée malienne permet la reprise de contrôle partiel de la ville dans la nuit du 27 au 28 janvier 2013. Durant la journée du 28 janvier, les troupes françaises et maliennes finissent de libérer la ville, sans combats majeurs, et avec un accueil enthousiaste des populations. Cette liesse populaire s'amplifie lors de la visite de François Hollande, « accueilli en libérateur », accompagné de son homologue malien Dioncounda Traoré, lors d'un voyage d'une journée à Sévaré, Tombouctou et Bamako. Durant les mois qui suivent, des troupes burkinabés sont chargées par la MINUSMA, avec des éléments français, de sécuriser la ville.
Les manuscrits de Tombouctou
Le vrai trésor de Tombouctou est constitué par un ensemble de près de cent mille manuscrits datant de la période impériale ouest-africaine (au temps de l'Empire du Ghana, de l'Empire du Mali et de l'Empire songhaï) détenus par les grandes familles de la ville. Ces manuscrits, dont certains datent de l'époque préislamique remontant au XIIe siècle, sont conservés depuis des siècles comme des secrets de famille. Ils sont pour la plupart écrits en arabe ou en peul, par des savants originaires de l'ancien empire du Mali et contiennent un savoir didactique notamment dans les domaines de l'astronomie, de la musique, de la botanique… Des manuscrits plus récents couvrent les domaines du droit, des sciences, de l'histoire (avec d'inestimables documents comme le Tarikh el-Fettash (Chronique du chercheur) de Mahmud Kati sur l'histoire du Soudan au XVe siècle et le Tarikh es-Sudan (Chronique du Soudan) d'Abderrahmane Es Saadi au XVIIe siècle), de la religion, du commerce.
Certains de ces textes gardent la trace de la tradition des grands jurisconsultes de l'Islam de l'Empire du Mali : Ahmed Baba - l'un des intellectuels les plus réputés du XVIe siècle - est l'auteur d'un dictionnaire daté de 1596 présentant en particulier le fonctionnement des écoles et universités qui réunissaient 25.000 élèves et étudiants dans la ville de Tombouctou.
Un recueil sur « les bons principes de gouvernement » rédigé par Abdul Karim Al Maguly remonte au règne de l'empereur Askia Mohammed (1493-1528). Ce document atteste de l'existence d'institutions étatiques très développées. Il introduit les règles du procès équitable qui préfigurent les grands textes du XXe siècle.
Le Centre de documentation et de recherches Ahmed Baba (Cedrab), fondé en 1970 par le gouvernement avec l'aide de l'UNESCO, recueille certains de ces manuscrits pour les restaurer et les numériser. Si déjà plus de 18.000 manuscrits ont été collectés par le seul centre Ahmed Baba, on estime qu'il existerait jusqu'à 300.000 manuscrits dans l'ensemble de la zone touarègue. Environs 60 à 80 bibliothèques privées existent aussi dans la ville, parmi lesquelles la bibliothèque commémorative Mamma Haidara et la bibliothèque Mahmoud-Kati. Couvrant l'ensemble des domaines du savoir, les manuscrits sont menacés par les mauvaises conditions de conservation et surtout par le trafic dont ils font l'objet au profit de riches collectionneurs.
L’Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba, a été inauguré en janvier 2009 par le président malien Amadou Toumani Touré, le président sud-africain Kgalema Motlanthe et son prédécesseur Thabo Mbeki. Le coût des travaux d’un montant de 2,5 milliards de Francs CFA a été financé par l’Afrique du Sud. Construite sur la place Sankoré, sur le site de l'ancienne université Sankoré, les locaux de 4800 m2 comprennent notamment un amphithéâtre de 500 places, une salle de conférence de 300 places et une bibliothèque
D'après Wikipédia