Par-delà toute culture, et aussi étendue que soit la sienne, Masson – novateur sans préjugés, qui se nourrit des grands anciens – retourne aux sources originelles, antérieures même à la naissance des arts humains. Comme un ignorant qui prend le départ et, en route, découvre tout et s’émerveille de tout. Sa vaste science, il l’a mise entre parenthèses. Aussi peut-il parvenir, en fin de course, à l’innocence (ou à l’extrême subtilité) du mythe. Mythe qui lui est, bien sûr, personnel, mais s’avèrerait – si chacun, oublieux autant que savant, remontait ainsi son propre cours – être celui de tous.
Michel Leiris, Écrits sur l’art, édition établie par Pierre Vilar, CNRS Éditions, 2011, p. 133.