Une crise humanitaire de grande ampleur
« Aujourd’hui le Yémen est confronté à l’une des crises alimentaires les plus graves au monde, associée à une crise sanitaire de grande ampleur : huit personnes sur dix n’ont pas accès à une eau potable et beaucoup n’ont pas accès à la santé. On compte plus de 2,5 millions de personnes déplacées depuis le début du conflit.» déclare Hanalia Ferhan, chef de mission d’ACTED au Yémen. Une génération entière est en passe d’être sacrifiée du fait d’une paupérisation grandissante de la population et du manque d’accès aux services de base. « La situation au Yémen s’est rapidement dégradée dans l’indifférence générale. Ce conflit a engendré une crise humanitaire sans précédent. 82% de la population a besoin d’une aide d’urgence. La moitié de la population, soit 14,4 millions de personnes, est en situation d'insécurité alimentaire du fait de la perte de leurs sources de revenus et de la flambée des prix des aliments. », alerte Violaine Gagnet, responsable des urgences de CARE France.
De nombreux obstacles limitent l’aide
Les organisations humanitaires sont extrêmement inquiètes de la situation, les besoins sont colossaux et il n’a jamais été aussi compliqué de travailler sur place. Les équipes doivent négocier quotidiennement l’accès aux populations afin de pouvoir mettre en œuvre les programmes de réponse à l’urgence dans un contexte sécuritaire extrême. « 25% des centres de santé sont détruits ou ne fonctionnent plus. Sans réaction rapide, les civils vont continuer d’être les premières victimes de ce conflit. La population et son personnel soignant doivent être protégés et les structures de soins sanctuarisées. Dans le respect du droit international, l’accès aux blessés doit être facilité pour les professionnels de santé » affirme le docteur Jean-François Corty, directeur des Opérations Internationales de Médecins du Monde.
En raison de l’urgence de la situation, nos associations appellent la communauté internationale à se mobiliser pour obtenir un cessez-le feu immédiat, l’accès sans entrave aux populations, l’application du Droit International Humanitaire dans la conduite des hostilités et une reprise rapide des négociations de paix. La crise au Yémen est depuis trop longtemps passée sous silence, en particulier par la France. « La réponse militaire à cette crise est un échec. Chaque Etat doit aujourd’hui s’impliquer davantage sur les fronts diplomatique et humanitaire et faire son maximum pour mieux protéger les civils, que ce soit par une pression accrue sur les parties au conflit, la mise en place de mécanismes de suivi sur les potentiels crimes de guerre observés et l’extension de l’embargo sur les armes à toutes les parties violant les lois de la guerre au Yémen » demande Isabelle Moussard-Carlsen, Directrice régionale Moyen Orient pour Action contre la Faim.
A l’issue de la conférence les six ONG demandent que le droit international humanitaire soit respecté au Yémen. Elles appellent à l’application d’un cessez-le-feu immédiat qui faciliterait le déploiement de l’aide et permettrait de répondre à l’immensité des besoins humanitaires. Elles demandent une implication diplomatique internationale accrue pour mettre fin à ce conflit dévastateur dont les civils sont encore une fois les premières victimes.
Contacts presse :
Julia Belusa, Action contre la Faim, 01 70 84 72 22 - 06 70 01 58 43 / jbelusa@actioncontrelafaim.org
Photographie : © ACF- William Dufourcq / Yemen