Cher conservatoire de Musique,
J’ai toujours été super bonne en musique.
Déjà au collège, on jouait “My heart will go on” à la flûte, et j’avais que des 20/20. C’est dire si j’avais la vocation dans la peau.
Après, en 3ème, foutredieu, voila t’y pas que je tombe sur une prof qui décide de nous faire chanter “Quand la musique est bonne” de JJ Goldman. Un par un. Au-delà du traumatisme que ça a causé chez certains adolescents acnéiques, un putain de boeuf que je t’ai fait!
J’ai fait l’amour au micro, j’ai fait pleurer les foules, je me suis donnée au public; c’était BEAU.
On aurait dit Balavoine.
Avant qu’il monte dans l’avion, s’entend.
Et puis liesse de fin d’année oblige, cette même prof nous a fait faire du djembé.
Encore une fois, je me suis découvert un talent insoupçonné. Quand je jouais, tout le monde revêtait un boubou et dansait autour de moi. I GOT DA RYTHM UNDA MY SKIN.
Après j’ai fait du piano, et je peux te dire que Le Prélude de Bach, je l’ai maîtrisé comme même Bach ne l’avait pas fait (en toute modestie). Et bon après 3 ans j’ai arrêté parce que je suis une flemmarde.
J’ai chopé la guitare à papa qui rock the casbah depuis ma plus tendre enfance et direct j’attaque Jeux Interdit.
Une pure révolution musicale. Le talent à l’état pur.
Bon. Mais ce qui me pousse à t’écrire, Conservatoire de Musique, c’est qu’en vrai tu nous fais chier avec tes instruments pourris.
Où qu’elle est la section xylophone? la section triangle? la section kazoo? et le didjeridoo, hein?
On veut de la nouveauté, de l’inattendu, ils nous gonflent tes violons, tes flûtes traversières, tes clavecins et autres déconnades Lully-esques.
Alors je voudrais proposer un nouvel instrument REVOLUTIONNAIRE, afin de redonner un coup de jeune à ta réputation de vieil aigri valétudinaire (tu l’as vu La Pianiste, tu vois ce que tu fais aux gens?? Isabelle Huppert elle se découpait le petit abricot au rasoir à cause de toi!!):
TADAAAAAM
La Flutabott, instrument qui nous vient de la Prusse médiévale.
Avoue que ça ferait swinguer grave un orchestre philarmonique.
Penses-y bien, Conservatoire, que ceci pourrait garantir ton avenir.
Et asseoir ta réputation.