Un américain sur 10 est aujourd’hui en possession d’une carte d’autorisation d’usage de cannabis médical ou connaît quelqu’un dans ce cas. Avec la légalisation en marche aux Etats-Unis et sa consommation croissante : l’incidence croissante de ce que les auteurs appellent » les troubles de la consommation » du cannabis soit un ensemble de symptômes qui traduisent un comportement de dépendance. Cette étude de l’Université de Columbia, basée sur les critères du Manuel diagnostique des troubles psychiatriques (DSM-V) et publiée dans l’American Journal of Psychiatry, aboutit à une incidence de 6 millions de cas aux Etats-Unis, sur cette dernière année.
L’étude a analysé les données de plus de 36.000 américains participant à la National Epidemiologic Survey du National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism (NIAAA/NIH), une étude portant sur l’association entre la consommation d’alcool et de drogues et les troubles psychiatriques.
– Sur le plan épidémiologique, l’association entre le taux d’utilisation -qui, aux Etats-Unis a plus que doublé entre 2001-2002 et 2012-2013- et l’incidence du trouble de dépendance au cannabis, est claire. L’étude confirme également que la dépendance au cannabis est environ 2 fois plus fréquente chez les hommes que chez les femmes, chez les groupes d’âge plus jeunes et au sein des catégories socio-professionnelles plus défavorisées.
– Globalement, sur la dernière année, 2,5% des adultes, soit près de 6 millions Américains ont reçu un diagnostic de dépendance au cannabis, et, en cumul, 6,3% de la population ont satisfait aux critères diagnostiques de la dépendance, à un moment donné dans leur vie.
– La consommation régulière de cannabis apparaît également associée à d’autres troubles de la toxicomanie, du comportement et à des handicaps.
– Cette dépendance reste en grande partie non traitée, alors que les chercheurs estime qu’elle va concerner environ 3 utilisateurs réguliers sur 10. Ainsi, seulement environ 7% des personnes ayant éprouvé une dépendance temporaire et 14% des personnes dépendantes » à vie » auront accès à une thérapie ou un traitement adaptés.
Une image trop positive du cannabis ? » Un nombre croissant d’adultes ne perçoivent pas son usage comme néfaste. Et si certains utilisateurs peuvent l’utiliser sans dommages, d’autres utilisateurs font l’expérience de conséquences négatives, dont des troubles mentaux et physiques et une altération du fonctionnement handicapante au quotidien. De plus, toujours selon les auteurs, leurs résultats démontrent que les personnes dépendantes au cannabis sont plus vulnérables à d’autres troubles de santé mentale. Il s’agit donc de développer des interventions permettant d’identifier, de prévenir et de traiter cette dépendance : » Nous croyons fermement que plus d’éducation sur les dangers associés à l’usage du cannabis est impératif « .
Source: American Journal of Psychiatry 2015 DOI: 10.1176/appi.ajp.2015.15070907 Prevalence and Correlates of DSM-5 Cannabis Use Disorder, 2012-2013: Findings from the National Epidemiologic Survey on Alcohol and Related Conditions–III (Schéma JAMA)