Risque métabolique ou même de rhumatismes accru, une prise trop fréquente d’antibiotiques durant l’enfance n’est pas exempte de risques pour la santé de l’enfant. Cette nouvelle étude menée de manière spécifique sur leur usage dans le traitement des infections des voies urinaires chez l’enfant confirme le développement inquiétant de niveaux élevés et durable d’antibio-résistance. Des conclusions présentées dans le British Medical Journal qui aboutissent à une inefficacité du traitement dans plus d’un cas sur 2.
L’étude pose donc à nouveau la question du bon usage des bons antibiotiques dans le traitement des infections pédiatriques courantes. Elle révèle en effet des niveaux élevés de résistance aux antibiotiques les plus largement utilisés dont l’ampicilline ou amoxicilline et, spécifiquement dans le traitement de l’infection urinaire à E. coli, une bactérie très commune. Les auteurs rappellent qu’ainsi, dans les pays riches, la moitié des infections par E. coli sont résistantes aux antibiotiques courants et appellent donc à une mise à jour rapide des lignes directrices.
Les chercheurs de l’Université de Bristol, de Wales et de l’Imperial College London ont mené une revue systématique des études d’observation internationales portant sur la prévalence des infections urinaires à E. coli antibio-résistantes chez les enfants de moins de 18 ans. Cette revue de la littérature a été complétée par une méta-analyse de 58 études, dont 33 menées dans des pays » riches « . Leur analyse conclut que :
· Plus de la moitié des infections sont résistantes à l’ampicilline, l’un des antibiotiques les plus couramment utilisés ce type d’infections,
· La prévalence de la résistance à l’ampicilline ou à son dérivé, l’amoxicilline atteint 53,4% des cas d’infections urinaires chez l’enfant, dans les pays développés et 79,8% des cas dans les pays en développement,
· les résultats recueillis sur d’autres antibiotiques courants montrent des taux de résistance globalement supérieurs à 20%,
· aucun des antibiotiques couramment utilisés dans les pays moins développés n’entraîne un taux de résistance inférieur à 20%. Seule la nitrofurantoïne se détache avec un taux de résistance de l’ordre d’1,3%.
Et chez les petits patients ?
· Le risque d’antibio-résistance est multiplié par 8 chez les enfants ayant reçu de l’ampicilline ou de l’amoxicilline un mois plus tôt.
· Seul point » positif « , cette antibio-résistance se réduit au fil du temps et sans risque accru de résistance un an ou plus après la prise du médicament.
Les lignes directrices de prescription des antibiotiques doivent être mises à jour de toute urgence, concluent les auteurs, avec e nouvelles options en première intention. Ils suggèrent, dans le cas particulier du traitement de l’infection urinaire chez l’enfant, l’usage de la nitrofurantoïne comme traitement de première ligne. Enfin, les auteurs soulèvent la question de la résistance associée, dans les pays moins développés, à des structures et des ressources insuffisantes en soins primaires et à l’absence de régulation de l’offre d’antibiotiques.
Source:BMJ2016;352:i939 15 March 2016Global prevalence of antibiotic resistance in paediatric urinary tract infections caused by Escherichia coli and association with routine use of antibiotics in primary care: systematic review and meta-analysis
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