J'aurais pu faire un billet pour célébrer ma première année de permis, mais comme on s'en cogne pour l'instant (quoi que je suis sûre qu'un billet sur les films avec de mauvais conducteurs pourrait être cool), je signe cette fois-ci un petit billet pour fêter la Saint-Patrick (et là, vous allez me dire, la Saint-Patrick m'a peut-être porté chance, tout comme j'ai obtenu mon code de la route... le jour d'Halloween !). J'adore l'Irlande dans tous ses états au point d'y être allée six fois (en comptant l'Irlande du Nord) et le cinéma m'a parfois inspirée dans mes fameux voyages. Evidemment, je n'ai mis que 10 films parce que sinon on ne s'en sortirait plus mais j'essaie parfois au sein d'un même film d'en évoquer d'autres qui sont également chouettes et qui pourraient éventuellement vous intéresser. Je sais très bien qu'il y a des tas de films Irlandais (ou sur l'Irlande) qui sont très bien et qui méritaient d'être cités, il ne s'agit que d'une sélection personnelle !
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The Commitments est l'adaptation du roman du même titre de Roddy Doyle, également auteur de The Snapper et The Van (tous les deux adaptés par Stephen Frears - je vous conseille ces deux films au passage, très drôles avec l'énergique Colm Meaney). Ces trois romans forment (et dans un sens, les trois films) alors la trilogie de Barrytown. J'aime énormément ce film qui présente une bande de jeunes chômeurs de Dublin qui montent un groupe de soul. C'est très frais, souvent drôle, dynamique aussi avec un vraie réflexion sociale derrière et la bande-originale est vraiment exceptionnelle (la voix d'Andrew Strong l'est aussi). On se souvient tous de leur version de Mustang Sally ou encore de Try a Little Tenderness !
Au nom du père, qui a remporté l'Ours d'argent à la Berlinale, mais aucun Oscar malgré ses sept nominations (!), est pour moi le film le plus marquant de Daniel Day-Lewis qui a pourtant d'autres rôles très puissants (notamment celui de Christy Brown dans My Left Foot de Sheridan, qui lui a permis de remporter son premier Oscar). Son duo avec le regretté Pete Postlethwaite est très émouvant. Ce film est tiré de l'histoire vraie de Gerry Conlon, auteur de Proved innocent (le scénario est donc tiré de cet ouvrage). Cet homme a été au centre de l'affaire des " Quatre de Guilford " qui s'est déroulée dans les années 1980. Dans cette affaire, quatre jeunes hommes ont été accusés d'être des membres de l'IRA alors qu'ils n'avaient rien à voir avec cette organisation. Or, la police avait caché des preuves qui prouvait leur innocence. Le film est également porté par une bande-originale très sympa (U2, Gavin Friday, Sinead O'Connor...).
Ce n'est peut-être pas un grand film, il a même ses défauts et est pour moi en dessous du livre de Frank McCourt mais je suis tout de même attachée à ce film qui a su me faire aimer son auteur. En effet, Les Cendres d'Angela est l'adaptation du premier tome de la trilogie autobiographique de McCourt (les deux autres, C'est comment l'Amérique ? et Teacher Man, n'ont jamais été adaptés alors qu'ils sont également excellents). J'ai tellement aimé cet auteur au point d'avoir choisi d'étudier ses textes pour mon mémoire de l'année dernière. Le film reste malgré tout attachant, triste et drôle à la fois, avec une formidable Emily Watson et le génial Robert Carlyle. Il retranscrit bien une réalité historique difficile.
L'acteur écossais Peter Mullan, primé à Cannes à peine quelques années auparavant pour son (époustouflante) interprétation dans My Name is Joe de Ken Loach, réalise son deuxième long-métrage (après Orphans), The Madgalene Sisters, lauréat du Lion d'or à la Mostra de Venise. Ce film n'a évidemment pas plu au Vatican qui a crié au scandale. Pourtant, il s'agit bien d'une horrible page de l'histoire de l'Irlande : des milliers de femmes, rejetées par leur famille pour diverses raisons (dans le film, les jeunes femmes sont soit trop belles, soit ont eu un avant hors mariage, ou encore victimes de viol). Elles étaient alors envoyées dans des couvents-prisons. Ces Magdalene homes sont maintenues jusque dans les années 1970 mais il faudra attendre 1996 (!) pour voir le dernier de ces couvent fermer. On sent en tout cas derrière un Peter Mullan révolté et je ne peux que vous conseiller de regarder les bonus dvd dans lequel on voit le bonhomme s'exprimer avec une rare sincérité sur son film.
Ours d'or (ex-aequo avec Le Voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki, quelle belle année !) à la Berlinale, Bloody Sunday retrace cet affreuse page historique de l'Irlande du Nord : à Derry, le 30 janvier 1972, durant une manifestation pacifique pour l'égalité des droits entre catholiques et protestants est organisée par Ivan Cooper (incarné par le formidable James Nesbitt). Hélas, la marche prend une terrible tournure, au total 14 personnes ont été abattues par l'armée britannique. Le film est déjà très poignant, proche du documentaire. Pour ajouter encore plus d'authenticité au récit, Greengrass choisit des acteurs non professionnels qui ont vécu les événements. Il a également voulu adressé son film à la fois au public irlandais et anglais, en montrant les deux points de vue. C'est aussi pour cette raison qu'il y a coproduction entre l'Irlande et la Grande-Bretagne. Je vous mets évidemment LA chanson de U2 qu'on entend évidemment dans le film.
Breakfast on Pluto est l'adaptation du très bon roman de l'auteur culte Patrick McCabe (qui a également écrit The Butcher Boy, merveilleusement adapté par Neil Jordan, je vous le conseille). Il s'agit du film qui m'a permis de découvrir le talentueux Cillian Murphy, nommé aux Golden Globes pour cette performance. Le reste du casting est également excellent : Liam Neeson, Brendan Gleeson, Stephen Rea (l'acteur chouchou de Jordan), Gavin Friday ou encore Bryan Ferry. Breakfast on Pluto est un film qui me donne toujours la patate avec sa BO très sixties. Pourtant les thèmes présents sont graves, entre la question de l'identité, la recherche de la mère (cette dernière a dû abandonner notre Patrick/Kitty Braden) ou encore les ravages de l'IRA. L'ensemble est vraiment drôle et émouvant.
Je sais qu'il y a beaucoup de gens qui contestent cette Palme d'or décrochée selon le jury à l'unanimité (" ouais mais en face y avait ça et ça et ça) et c'est vrai qu'il y a vraiment en face de bons films, mais je défends vraiment ce beau et puissant film historique signé par le toujours formidable Ken Loach et avec... ohhh encore Cillian Murphy ! (non mais je ne suis pas du tout une groupie). Le sujet n'est pas toujours évident à suivre à cause de son contexte historique chargé (c'est-à-dire la guerre d'indépendance irlandaise puis la guerre civile) mais il me semble tout de même que le film de Loach reste assez accessible en nous présentant l'histoire de deux frères face à l'histoire, au début qui sont unis en défendant les mêmes idées politiques puis se déchirent.
Si vous avez aimé New York Melody, que vous souhaitez voir un film dans la même veine (en plus mélancolique) et par le même réalisateur, je ne peux que vous conseiller l'excellent Once. Encore une fois, il s'agit d'une histoire d'amour très touchante entre deux musiciens dans les rues de Dublin. Enfin, ça, c'est au premier abord. La vraie histoire d'amour serait celle entre les personnages et la musique. Et si on parle de musique, on parle forcément de bande-originale. La chanson Falling Slowly avait remporté l'Oscar de la meilleure chanson. Je suis également très fan de When your minds made up. Rappelons aussi que le réalisateur John Carney était auparavant bassiste dans le groupe The Frames et son acteur principal Glen Hansard (qui jouait aussi dans... The Commitments) en fait toujours partie.
Hunger est le premier long-métrage de Steve McQueen (number 2, hein), lauréat de la Caméra d'or au festival de Cannes. Quand j'ai vu ce film à sa sortie (j'étais jeuuune), je savais, comme beaucoup d'entre personnes, que McQueen ainsi que son acteur principal, Michael Fassbender (ne l'oublions pas, à l'époque, encore très méconnu), qui avait perdu 14 kilos, auraient une belle carrière et on a eu du nez ! Ce film, qui relate la grève de la faim irlandaise de 1981 et les derniers jours de Bobby Sands dans la prison de Maze, ne plaira pas à tout le monde, mais en ce qui me concerne, je l'ai trouvé intense malgré ses très longs silences. J'ai notamment été marqué par le face à face entre Fassbender et Liam Cunningham qui dure 22 minutes !
Brendan et le secret de Kells est le premier long-métrage de Tomm Moore qui a été nommé aux Oscars dans la catégorie " meilleur film d'animation ". Le film renvoie au livre de Kells, écrit autour de 800 après JC par des moines. Il contient les quatre évangiles du Nouveau Testament ornés par de magnifiques enluminures celtiques. Il a été mis en sûreté au XVIIe siècle à l'Université dublinoise Trinity College. J'ai donc énormément aimé ce mélange entre fiction et histoire en nous présentant une animation à tomber par terre ! Visuellement, c'est un des plus beaux films d'animation que j'ai pu voir ! Ce film a en plus vraiment quelque chose de magique et la musique de Bruno Coulais est magnifique. Tomm Moore a aussi signé Le chant de la mer que je vous conseille également !