Place au burlesque!
Exclusif
Êtes-vous excités par la sortie prochaine de Batman v Superman : Dawn of Justice? Moi, oui!
Et êtes-vous plus Batman, plus Superman ou plus V? Pour le présent chroniqueur, le choix est fait depuis longtemps, comme le prouve le gâteau de fête de mes 7 ans.
Superman vaincra! Il va botter le derrière de Batman et lui casser le cou, parce que ça à l'air que c'est ce qu'il fait, maintenant, Superman : il tue le méchant. Pis il pleure. Pis il a des émotions à l'intérieur. Pis il écoute The Smiths en geignant que personne ne l'aime parce qu'il est différent.
Mais 30 ans avant le Man of Steel sombre et grave où tout le monde meurt dans l'indifférence en recevant un gratte-ciel sur la caboche, il y a eu l'inverse : un film de Superman comme une longue blague de Gilles Latulippe où rien ne se passe d'important.
Mesdames et messieurs, voici Superman III.
PAYS D'ORIGINE :
États-Unis
Synopsis
En route vers le Théâtre des Variétés, où il doit jouer le rôle titre dans la pièce "Grand-papa a froid aux gosses", un acteur burlesque se trompe de chemin et atterrit dans un film de Superman. Il y joue un expert des ordinateurs pendant que le superhéros du titre tombe en dépression et boit pour oublier à quel point le troisième volet de sa série n'est vraiment pas terrible.
Les personnages
August "Gus" Gorman
Arf. ENCORE Superman, qui vole ENCORE dans les airs et sauve ENCORE la planète? Boooring. Pour Superman III, place à l'humour physique, aux quiproquos loufoques et au vaudeville, grâce à Gus Gorman!
Interprété par l'humoriste Richard Pryor, qui est aussi à sa place que si on dompait Rachid Badouri dans le prochain Avengers, Gus Gorman est le personnage principal, quoi qu'en dise le titre.
Toujours à l'écran, Gus se spécialise dans la pire sorte de blagues : celles qui ne font pas rire.
Superman
Plus rapide qu'une balle de fusil, plus puissant qu'une locomotive, plus absent de ce film qu'un père indigne des années 1970 : Superman.
Pas-Lex-Luthor et ses acolytes
Genre de Lex Luthor du Tigre Géant, l'industriel Ross Webster est le méchant du film. Il est accompagné de ses deux partenaires : fille laide et fille cute.
Ross Webster a des plans machiavéliques tels que "prendre le contrôle de la production mondiale de café". Pas de quoi éclater d'un rire machiavélique en flattant un chat blanc.
Le film
Superman III démarre sur les chapeaux de roue d'une vieille Buick entreposée sur des blocs de ciment au fond d'une grange, alors que Gus Gorman fait la file dans un bureau d'assurance-chômage.
Il y ramasse un paquet d'allumettes qui promet de faire de la grosse argent en devenant programmeur. C'était la belle époque. Aujourd'hui, avec la cigarette électronique, Ubisoft et les autres n'arrivent plus à recruter.
Après cette ouverture bourrée d'action, place à un générique d'ouverture digne des plus grands spectacles de la Poune.
Alors que Superman I et II faisaient voler le nom des acteurs et du réalisateur dans l'espace, Superman III redescend sur le plancher des vaches et envoie une tarte à la crème au visage de la dite vache. Place au burlesque!
Pendant que le générique défile, un monsieur fonce dans un poteau parce qu'il zyeute une pitoune, ce qui envoie une patineuse heurter un stand à hot dog, ce qui fait tomber des cabines téléphoniques comme des dominos, ce qui cause un accident de moutarde, un pingouin jouet qui pogne en feu, un aveugle qui perd son chien guide, un mime qui glisse sur des balles, un gars qui passe à travers un tableau et Olivier Guimond pacté dans un escalier un 31 décembre 1970.
Glorieux, héroïque, spectaculaire, Superman III.
Et alors qu'on fait cette face parce qu'on réalise qu'on va devoir passer deux heures à endurer ce genre de niaiseries...
...Superman fait finalement sa première apparition et il sauve un homme qui allait se noyer. Dans sa voiture. En pleine rue. Et il le sauve en le sortant par le toit ouvrant.
Le tout est à peu près aussi impressionnant que si Superman avait ouvert un pot de cornichons fermé trop serré.
Pendant ce temps, Gus découvre sans comprendre ce qu'il fait qu'il est un génie de l'informatique. Ce n'est pas qu'il est vraiment intelligent ou quoi que ce soit. Non. Il fait juste être bon avec les ordinateurs. C'est pareil comme moi : je ne sais pas écrire, je tape les touches au hasard, et ça s'adonne à faire des phrases.
Bref, grâce à son talent, Gus arrive à voler 80 000$ en demi-sous noirs.
Je vous expliquerais bien pourquoi il vole des moitiés de sous, mais comme ce film est une suite de choses-qui-arrivent plutôt qu'une histoire bien ficelée, on n'en sortirait jamais. PROCHAINE SCÈNE!
Alors que Clark Kent est en route vers Smallville pour participer à des retrouvailles d'école secondaire, le producteur du film décroche son téléphone et appelle le réalisateur. "Hey, Richard", lui dit-il, "le film arrive à sa 20 e minute. Il me semble qu'on serait dû pour voir Superman faire quelque chose de super."
Je cite le film : "Si quelqu'un reprogrammait le satellite, il pourrait faire beaucoup plus que surveiller la météo. Il pourrait créer de la météo. Créer des tempêtes, des inondations, des blizzards, des vagues de chaleur..."
C'est pourquoi l'autobus de Clark croise une usine de produits chimiques en feu. Encore une fois, je pourrais en parler et faire des blagues, mais une fois le feu éteint, le film n'y réfère plus jamais. PROCHAINE SCÈNE!
Ross Webster, fait monter Gus à son bureau, impressionné par son arnaque informatique. Il compte utiliser son talent pour éliminer la culture de café en Colombie, en piratant satellite météorologique.
Je cite le film : "Si quelqu'un reprogrammait le satellite, il pourrait faire beaucoup plus que surveiller la météo. Il pourrait créer de la météo. Créer des tempêtes, des inondations, des blizzards, des vagues de chaleur..."
Là, j'ai dû prendre une pause. J'avais peur que l'intrigue stupide de Superman III ne pousse des cellules de mon cerveau au suicide. Pourquoi, mais pourquoi est-ce que je m'inflige ce genre de tâche? Comme le dit le patron de Superman :
Or, il appert que si les ordinateurs peuvent nous battre aux échecs et au jeu de go, ils ne peuvent toujours pas résumer un mauvais film des années 1980 pour Branchez-vous. Tant pis.
Poursuivons avec une autre scène de slapstick aux retrouvailles de Clark Kent. On y rencontre un bully dont on se fiche et Lana Lang, la fille sur laquelle Superman avait un kick à l'époque où il était en crise de super adolescence et faisait de la super acné.
C'est à ce moment que le producteur décroche encore une fois son téléphone et que le réalisateur insère une autre scène d'action, où Superman sauve un enfant qui s'apprêtait à se faire déchiqueter par une moissonneuse-batteuse. "Si c'est ce que ça prend pour sortir de ce film pourri, je suis prêt à tout!", aurait déclaré le jeune personnage.
De son côté, Gus réussit à pirater le satellite, ce qui a des conséquences HILARANTES. Un guichet automatique crache de l'argent, un homme reçoit une facture et écrase un pamplemousse dans le visage de son épouse (hein?), et... ceci :
Que de folleries! On rit tellement, on se croirait à l'entracte d'un spectacle de Peter Macleod.
Comme prévu, des tempêtes terribles s'abattent sur la Colombie, mais Superman arrive à temps pour tout arranger.
On pourrait nous montrer ses agissements héroïques, mais à la place, c'est Richard Pryor, avec une nappe rose sur les épaules qui va nous mimer tout ça. " Fuck you, le public", déclare le film à ce moment précis.
Les méchants passent donc à leur plan B : utiliser le même satellite météo pour... scanner la galaxie à la recherche de kryptonite. Coudon! Si un satellite météo peut faire autant de choses, voulez-vous bien me dire pourquoi on n'arrive toujours par à savoir s'il va faire beau dans deux jours?
En créant sa propre kryptonite, Webster veut faire ce que ce film fait déjà très bien tout seul : tuer Superman. Or, la kryptonite maison est d'aussi bonne qualité que la chanson de 3 Doors Down du même nom et elle transforme Superman en Super-douchebag.
Sup' redresse la tour de Pise, éteint la torche olympique et partage des trucs racistes sur Facebook. Vraiment, ce n'est pas gracieux.
Profitant du fait que Superman passe ses fins de semaine au Beach club de Pointe-Calumet plutôt que de sauver le monde, Webster met en branle son nouveau plan : rassembler tous les pétroliers au milieu de l'océan et demander une rançon.
Ça va être facile : tous les bateaux sont contrôlés par ordinateur et les capitaines ne servent à rien.
Hey! Tut tu tut. Non! Ne questionne pas ce que dit le film. C'est de même, c'est tout. Arrête de t'ostiner. C'est Superman III : plus tu t'ostines, plus ça va être long.
Gus accepte, mais en échange, Webster devra lui construire un superordinateur dont il a conçu les plans sur deux napkins, un restant de facture et un reçu de caisse pop. Le superordinateur pourra faire, et je cite : "Tout". C'est pourquoi les plans sont si détaillés.
Chut. Tais-toi. Chhhut.
Après avoir pris une brosse dans un bar, Super-douchebag se tanne et il se pose dans un cimetière de voitures pour se battre contre lui-même.
Clark Kent émerge de Superman et les deux se garrochent mutuellement de vieux pneus et des morceaux de métal. À la fin, Clark Kent étrangle Superman, qui disparaît. Kent déchire alors sa chemise et révèle son habit de Superman.
Faque... Comment ça marche, exactement? Y avait-il vraiment deux personnes sur place, ou Superman se lançait lui-même à gauche et à droite comme un malade mental? Et à la fin, si c'est Superman habillé en Clark Kent qui a gagné, est-ce que ça veut dire qu'entre deux coups de poing dans le vide et avant d'étrangler de l'air, Superman se donnait la peine de changer de costume, à tour de rôle?
On est à peu près aussi confus que quand Superman s'est mis à lancer des logos de S en cellophane sur Général Zod à la fin du deuxième film.
De retour du bon côté de la force, Superman retrouve les méchants au fond d'un canyon où ils ont construit l'ordinateur le plus puissant au monde en moins de temps qu'il n'en faut à mon propre ordinateur pour rouvrir après une mise à jour de Windows.
Et parmi les 1 000 choses que l'ordinateur peut faire, il y a "détecter Superman et se transformer en Atari géant qui lance de vrais missiles". L'air de rien, le tout à l'air plus amusant et mieux réussi que Superman 64 sur Nintendo 64.
On essaie ensuite d'arrêter Kal-El avec le bouton Invisible Shield ...
...et Superman se retrouve comme un Michel Lauzière venu de Krypton prisonnier d'une grosse balloune transparente.
Alors que l'ordinateur bombarde Superman d'un laser à la kryptonite, Gus a des regrets et il coupe le courant en retirant une petite vis, parce que cette machine est aussi bien conçue que la Death Star.
It wants to live.Superman en profite pour s'enfuir, alors que l'ordinateur se rallume de lui-même parce que "It wants to live" ...
D'accord.
L'ordinateur veut vivre.
La fille laide est attrapée par l'ordinateur, qui en fait un genre de robot qui lance des lasers et fait des sons de générique de Doctor Who.
Superman revient et vainc la madame robot facilement en la lançant dans un trou. Merci pour la perte de temps, monsieur le film, ce n'est pas comme si tu durais une demi-heure de trop, déjà.
Aussi, Superman, a ramené un pot d'acide qui se met à bouillir comme une sauce à spaghetti et détruit tout. "Hein? Quossé?", se dit-on, avant de se rappeler qu'on s'en crisse un peu et qu'on devrait juste être content que ça achève.
Saluons donc le VRAI héros de Superman III : le pot d'acide qui bouillonne. Qu'on lui donne sa propre série, il ne pourra pas faire pire que Superman IV.
L'ordinateur est donc vaincu et, pour une raison obscure, Gus est maintenant considéré comme un gentil qui n'a pas besoin d'aller en prison.
Et pendant qu'on est là à crier "FINIS! MAIS FINIS DONC, FILM DE MARDE!", Superman III se permet de continuer pendant encore un bon 10 minutes pour rien.
Note finale : 2 Superman qui se battent au beau milieu d'une dompe sur 5
Après avoir visionné Superman III, on a furieusement envie que Batman débarque pour lui sacrer la volée de sa vie.
Long de chez long et aussi drôle qu'un humoriste français, Superman III est un film fait par des gens qui n'avaient pas envie de faire un film de Superman. La seule chose à en retenir, c'est cette belle leçon de vie :