The Real O’Neals est une nouvelle série de 13 épisodes diffusée depuis le début mars sur les ondes d’ABC aux États-Unis et CityTV au Canada. Cette famille d’origine irlandaise est un objet d’admiration de la communauté locale ; une impression entretenue d’une main de fer par la martiarche Eileen (Martha Plimpton) jusqu’à ce qu’un jour, le masque de chacun de ses membres tombe. Elle et son mari Pat (Jay R. Ferguson) sont en instance de divorce, l’aîné Jimmy (Matt Shively) est anorexique, la cadette Shannon (Bebe Wood) est kleptomane et le benjamin Kenny (Noah Galvin) leur annonce qu’il est gai. Dès lors, Eileen fait tout ce qu’elle peut pour sauver les apparences, tout en essayant par la bande de réparer les pots cassés. De son côté, Flaked est une nouvelle comédie dramatique de Netflix et ses huit épisodes ont été mis en ligne le 11 mars. Celle-ci tourne autour de Chip (Will Arnett), en apparence généreux de sa personne, mais indubitablement égocentrique. Il a rencontré la plupart de ses amis aux réunions des alcooliques anonymes qu’il semble présider, mais ses histoires de cœur (ou de sexe) finissent toujours par lui attirer des ennuis. Bien que la nouveauté d’ABC fasse preuve d’un tantinet d’audace et qu’elle ait en poche quelques gags bien tournés, le problème est que la chaîne est restée beaucoup trop dans sa zone de confort. Quant à la série de Netflix, on se demande tout simplement pour quelle raison on lui a donné le feu vert vu la futilité des intrigues et des personnages.
The Real O’Neals : ces catholiques…
C’est lors d’une soirée de charité que tous les membres de la famille se réunissent dans un coin et passent aux aveux. Si Eileen se montre un tant soit peu bouleversée, elle est beaucoup plus embarrassée du fait que tout le monde ait entendu ces confessions. Par contre, dès le second épisode, il semble qu’elle ait trouvé une réponse à tout : Pat s’installe dans le sous-sol, elle cuisine des plats appétissants pour Jimmy, tient à l’œil les fait et gestes de Shannon, mais elle perd quelques points lorsqu’il s’agit de Kenny puisqu’elle fait pression sur lui pour qu’il reste en couple avec sa petite amie d’alors, Mimi (Hannah Marks). C’est que pour le moment, elle a une réaction similaire à celle de toutes les mères (du moins, celles que l’on voit à la télévision) et elle est persuadée qu’il ne s’agit que d’une phase. La famille reste néanmoins soudée et on voit Eilleen dans le troisième épisode consoler son benjamin après qu’il ait eu sa première peine de cœur et Pat prendre les choses en main après que Shannon ait eu ses premières règles.
De Real O’Neals fait beaucoup penser à The Goldbergs et Fresh Off The Boat, autres créations d’ABC. C’est que dans les trois cas, le scénario est né d’une expérience vécue du plus jeune garçon de la famille (dans ce cas-ci, il s’agit de Dan Savage), lequel assure aussi la narration. Et tout comme ses prédécesseurs, Kenny fait partie d’une famille dont les membres très colorés incarnent les clichés. Ici, en bons Irlandais, c’est leur catholicisme qui les définit, jusqu’ici l’apanage des séries mettant en scène des protagonistes hispaniques (Jane the Virgin, Devious Maids, Bordertown) où sauver les apparences, demeurer chaste jusqu’au mariage et invoquer dieu chaque fois qu’il y a un problème est une ligne à suivre. Quant à la prémisse qui veut que tous les personnages aient des problèmes, on en a vite fait le tour : Jimmy retrouve l’appétit au second épisode et les combines de Shannon sont à peine évoquées.
Reste l’homosexualité de Kenny et à ce sujet, il faut donner crédit à ABC d’avoir « osé » abordé le sujet, d’autant plus qu’il s’agit d’un adolescent et que les pressions pesaient sur la chaîne. En effet, après une entrevue télévisée avec Dan Savage décrivant le concept, ABC a reçu plus de 21 000 cartes postales et 4 000 coups de téléphone de la Family Research Council (un groupe conservateur chrétien), entre autres, pour que la diffusion n’ait pas lieu. Loin de céder, ABC exploite avec humour la relation entre Eileen et son plus jeune fils à tous les épisodes (Eileen : « What’s in that closet? Kenny : «Not me anymore»). Malgré cette bonne note, on a rapidement fait le tour de la question et au final, la série se résume au même modèle chaque semaine : Eileen est confrontée à une situation embarrassante, essaie de la cacher et par un retournement de situation, toute la communauté est au courant. Puis, c’est l’acceptation que la perfection n’existe pas et on s’embrasse.
Flaked : en surface, oui
Le pilote démarre avec une confession : Chip prend la parole à une réunion des A.A. et avoue qu’il y a quelques années, il conduisait et a heurté un enfant et c’est cet accident qui lui a ouvert les yeux. Après cette première scène, on fait connaissance avec ses proches : Dennis (David Sullivan), son meilleur ami toujours à la traîne, Kara (Lina Esco), sa (drabe) copine du moment et London (Ruth Kearney), la serveuse du café du coin. Ce qui occupe surtout l’attention dans les trois premiers épisodes est ce triangle amoureux qui se dessine : Dennis est amoureux de London, mais cette dernière n’est pas insensible aux charmes de Chip qui pour sa part doit faire face à la constante mauvaise humeur de Kara. Sinon, comme le titre l’indique, on est constamment exposé à l’égocentrisme du protagoniste qui fait passer ses besoins avant ceux des autres et à force de les décevoir, il pourrait bien se retrouver seul, ce qui n’est pas l’idéal puisqu’on apprend à la fin du premier épisode qu’il n’aurait pas entièrement chassé ses démons du passé.
Netflix a été prolifique en ce milieu d’hiver puisque durant quatre semaines consécutives, elle a donné à ses abonnés autant de séries dans leur entièreté, soit, Love, Fuller House, House of Cards et maintenant Flaked. Mais qui dit quantité ne veut pas nécessairement dire qualité et dans ce dernier cas, on s’explique mal l’utilité d’une telle série et ce que voulait communiquer avec son public Will Arnett, qui en plus de jouer le rôle principal est le créateur de la série. Il n’y a pas vraiment d’intrigue sur le long terme, elle ne doit l’appellation « comédie » seulement parce qu’il s’agit d’un format de trente minutes et ses personnages principaux sont peu engageants. Mis à part la confession du tout début, on est avare de commentaires les concernant, ce qu’ils font comme travail, d’où ils viennent ou encore pourquoi ils se sont mis à boire. Pour prendre Chip comme exemple, son travail reste toujours vague et au troisième épisode, il revoit son ex-femme (Heather Graham), une actrice riche comme Crésus. Pourquoi ont-ils divorcé? Combien de temps sont-ils restés ensemble? La série peu bien se garder quelques zones grises, mais le problème est qu’on n’a rien en alternative à nous offrir.
On le sait, Netflix finance elle-même ses séries avec les revenus d’abonnements si bien qu’elle est la seule à décider si elle commandera ou non une saison supplémentaire à ses séries. Dans le cas de Flaked, il vaudrait mieux que ça se termine maintenant et qu’on recommence à pareille date l’an prochain avec une nouveauté plus prenante. Quant à The Real O’Neals, les deux premiers épisodes ont été présentés exceptionnellement un mercredi soir et ont respectivement attiré 6,33 et 6,01 millions de téléspectateurs avec un taux chez les 18-49 ans légèrement sous la barre du 2,0. La semaine suivante lorsqu’elle a été incorporée à sa case horaire régulière, celle du lundi, l’auditoire a chuté à 3,99 millions pour un taux de 1,1. En gros, c’est l’auditoire moyen des autres comédies d’ABC et si les chiffres se stabilisent rapidement, la nouveauté aurait logiquement droit à une seconde saison.