Eugéniste et fascisante, la saga Divergente fait volte-face pour un troisième volet. Au-delà du mur de Robert Schwentke met en place, de manière très artificielle, une prise de conscience des héros face à leurs actes. Néanmoins, la pauvreté scénaristique et créative de cette série perdure. A Chicago, rien de nouveau.
Après la révolte contre Janine (Kate Winslet que l’on a vu dans Divergente 2 – L’insurrection), Evelyn (Naomi Watts également vue dans Divergente 2 – L’insurrection et Birdman) a pris le pouvoir et organise des tribunaux populaires au caractère expéditif. Tris (Shailene Woodley aussi vue dans Divergente 2 – L’insurrection) et Quatre (Theo James toujours vu dans Divergente 2 – L’insurrection) décident de s’enfuir pour découvrir ce qui se trame au-delà du mur. Ils y rencontrent l’administrateur de la ville, David (Jeff Daniels que l’on a vu dans Seul sur Mars et Dumb and Dumber De). Edgar (Jonny Weston que l’on a vu dans l’excellent John Dies at the end, Taken 3, We are your friend et Divergente 2 : L’insurrection)
De tout temps, on a exalté l’héroïsme dans une optique romantique, le héros étant d’une certaine manière le but, le parangon de vertu que tout citoyen devrait prendre en référence. Puis est venu le temps, libérateur, mettant fin à un carcan souvent bien trop patriotique et nationaliste de l’anti-héros, popularisé par les séries B américaines, qui le devient héroïque malgré lui, suivant ses propres lois mais bénéficiant d’un très fort capital sympathie. En d’autres termes, on ne naissait plus héros, on le devenait. C’est souvent dans cette optique que les héros de comics évoluent d’ailleurs. Les sagas de science-fiction récente, à l’image de Divergente ou du Labyrinthe ont inauguré le héros vendu, le héros collabos, qui ne le devient pas parce qu’il a bon fond mais tourne avec le vent, au gré de ses intérêts. Le problème fondamentalement attristant de ce genre d’approche étant qu’on tente en parallèle de rendre cette démarche sympathique en l’habillant de sentimentalisme guimauve. C’est ainsi que l’on donne au public des protagonistes qui malheureusement lui ressemble. Fini l’appel à la révolte, à l’utopie et au rêve. Comme dans notre monde où le marché prime, il faut savoir se vendre, s’émouvoir avec mesure sans jamais s’indigner réellement. Voilà donc notre Triss Prior, fraîchement libéré des sursauts de l’histoire qui adhère de son plein gré et en toute conscience de participer à ce qui n’est, ni plus ni moins, qu’une entreprise eugéniste, une expérimentation grandeur nature sur l’être humain effectué avec le cynisme le plus crasse. On explique donc à nos héros que la manipulation et la traite d’être humain sont des activités nécessaires au bien être commun et les voilà convaincus. Triss (Shailene Woodley)
Pour qu’ils changent d’avis, il faudra s’en prendre au cercle très restreint de leur ami proches. En termes de sentimentalisme dégoûtant, on est en plein dedans. C’est seulement parce que Quatre est mis en danger que la conscience de classe de Triss, longtemps en sommeil, se réveille. La voilà qui veut défendre la veuve et l’orphelin alors que l’instant d’avant, elle était très heureuse dans son château d’airain. Divergente 3 : au-delà du mur entame alors une volte-face étonnant. Triss et Quatre se mettent à tenir des discours outrés sur le système mis en place qui pourront séduire ceux qui, comme nous, était sorti nauséeux des projections de Divergente et Divergente 2 : l’insurrection. On se dit seulement qu’il était temps et on se demande même si les producteurs n’ont pas voulus cesser de nous donner du grain à moudre. Côté créativité, Divergente 3 : A-delà du monde est au degré zéro de l’inventivité. L’essentiel du film se passe nécessairement dans des baraquements lambda, à l’image de son cousin idéologique Le labyrinthe. Les ornithoptères semblent tout droit pompés de ceux de l’ennuyeux Oblivion ou de tout autre production de la dernière décennie. Les décors extérieurs nous amènent sur Mars tandis que la ville de Providence n’a rien inventé dans l’architecture futuriste. On a d’ailleurs le droit au strict minimum d’une maquette filmée de haut avant de retourner à des intérieurs plus conventionnels. Pour finir, quelques incongruités météorologiques rangent la logique au placard. Lorsqu’il pleut, au-delà des murs, l’eau contaminée est rouge sang. Ce qui n’arrivait jamais à Chicago. Normal, c’est comme Tchernobyl, les nuages s’arrêtent à la frontière… Peter (Miles Teller que l’on a vu dans le magnifique Whiplash puis dans les attristants Les 4 fantastiques et Divergente 2 : l’insurrection)
Moins désespérant que ses prédécesseurs, pourtant réalisé par le même metteur en scène qui ne doit pas avoir beaucoup de prise sur son œuvre, Divergente 3 : au-delà du mur laisse présumer un quatrième épisode. A ce stade, nous sommes dans l’expectatif. Affaire à suivre.
Boeringer Rémy
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