AU PAYS DES KHMERS
V
Au marché
Avant de partir, on nous avait bien dit pas de crudités, uniquement de l’eau en bouteille.
À Siem Reap, nous déambulons dans le centre-ville et flânons dans les ruelles du marché. Le plus visible est le marché de camelote pour les touristes. On y trouve des étals d’épices, des bijoux, des tissus. Nous nous enfonçons un peu plus. Nos pas nous mènent dans le marché local, celui des vrais, où peu de non cambodgiens s’aventurent.
Les odeurs sont plus prononcées, plus âcres, exacerbées par la chaleur, pestilentielles même, car au centre du marché, l’air pénètre mal. Une panne d’électricité a plongé les allées dans l’obscurité et les marchands s’éclairent à la bougie.
Au milieu des stands alimentaires, les voix sonores des femmes s’élèvent d’un salon de coiffure au mobilier d’un autre temps. Un peu plus loin encore, les machines des couturières coincées entre des piles d’étoffes qui montent jusqu’au toit piquent le tissu.
On peut s’asseoir autour d’une table et déjeuner d’une barquette de noodles ou d’un bouillon chargé de coriandre et de citronnelle.
Des femmes pieds nus, accroupies sur leurs étals, remuent des marinades à mains nues, d’autres accroupies au-dessus des rigoles d’évacuation éviscèrent poulpes et poissons. À la boucherie, les quartiers de viande suspendus à des potences de bois tapissées de toiles d’araignées trépassent sous la feuille de la vendeuse qui s’abat avec force. Les mains noircies par les abats poisseux, elle manipule la chair faisandée que les mouches dévorent sous nos yeux. Les mains habiles des petites filles épluchent des sacs remplis de gousses d’ail, plus lourds qu’elles. Une autre femme, assise sur un tabouret pliant attend les amateurs d’araignées et de scorpions frits.
On trouve ici tout ce qui est indiqué pour se faire une bonne immunité.
À suivre.