"Bien que l'attention médiatique se concentre sur les réfugiés qui ont réussi à atteindre l'Europe, nous ne pouvons pas oublier qu'en Syrie survivent 6,5 millions de déplacés. Nous nous inquiétons tout particulièrement pour les 4,5 millions de Syriens auxquels nous n’avons pas accès et les 400 000 personnes les plus affectées. Des chiffres qui ont doublé au cours de la dernière année. Et rien n’indique que cette tendance ne s’inversera à court terme ", explique, depuis Damas, le responsable géographique pour le Proche-Orient d’Action contre la Faim, Jean-Raphaël Poitou.
La solidarité du Liban et de la Jordanie épuisée
Alors que les réfugiés arrivent désormais en Europe, près de cinq millions de personnes se sont déjà refugiées dans les pays voisins depuis 2011. "Le Liban est aujourd'hui le pays du monde avec le plus grand nombre de réfugiés par habitant. Ses systèmes de santé et éducatif sont paralysés et la pression sur les ressources naturelles n’est plus tenable. C’est comme si toute la population du Portugal s’était installée en Espagne. Cinq année d'urgence c’est bien trop long surtout pour une crise d’une telle envergure, et alors que l'aide internationale n'a fait que réduire au cours des dernières années ", explique Jean-Raphaël Poitou.
Au cours des trois dernières années les besoins ont doublé alors que l'aide a diminué de 14%. En 2013, l'aide de la communauté internationale ne couvrait que 70% de la somme demandé par les Nations Unies. En 2015, il manquait 44 %. Pour l’année 2016, 7 700 millions de dollars sont nécessaires pour répondre à la crise. Cette somme inclut l’appel de fonds pour la Syrie (Syria Humanitarian Response Plan, 3 200 millions de dollars) et pour la région (Syria Regional Refugee and Resilience Plan, 4 500 millions de dollars). Pour le moment seul 3% de cette somme a été réunie. On estime que six familles de réfugiés sur neuf sont hautement endettées au Liban et en Jordanie et qu’un tiers des familles saute un repas sur trois.
Les camps en Turquie ne sont pas la solution
La décision récente des leaders européens de contenir les réfugiés en Turquie ne pourra pas limiter le drame humain : "c’est non seulement un mépris des valeurs de solidarité qui ont fondé l'Europe mais aussi du Droit international humanitaire. L'ouverture de camps en Turquie ne résoudra pas le problème et en créera de nouveaux. Ce seront des « trous noirs » pour les droits de l'homme et nous ne pourrons qu’observer le désespoir humain si nous ne décidons pas d’aider les réfugiés au lieu de seulement vouloir les arrêter", explique le Directeur général d'Action contre la Faim Espagne, Olivier Longué.
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