Je connais des artistes qui font plus d’efforts pour se montrer que pour travailler. Ceux-là sans doute qui vont tomber dans le panneau des propositions de communication qui inondent les boîtes à lettres électroniques et postales dès lors que l’on est répertorié dans un site web ou repéré dans une exposition. Récemment, on (la responsable d’une vague association de malpeignants) m’adresse (ainsi qu’à une liste longue comme ça de "collègues") une proposition d’insertion de page personnelle dans un futur annuaire régional des artistes, censée développer considérablement notre notoriété, et ce pour la somme rondelette de 280 euros pour une page de 14 cm² et 500 pour une double, en nous promettant un tirage de 20000 exemplaires. Moyennant crachat au bassinet, le pigeon se verrait remettre 200 exemplaires de ce fameux livret. Le calcul est simple, l’éditeur (l’imprimeur, devrait-on dire), se débarrasse ainsi de la majeure partie de son stock sans quitter ses pantoufles.Quelques semaines plus tard, la brave correspondante locale, chargée du démarchage régional, nous sollicite à nouveau en annonçant une baisse des tarifs d’insertion (180 et 300 euros), avançant que l’éditeur (pardon, le commerçant), grand philanthrope, est bien conscient du contexte difficile. Allons un peu plus loin pour nous apercevoir que le tirage prévu est tombé à 10000 exemplaires. Le calcul n’est pas plus compliqué, la marge ne baissera pas.Bon moyen donc pour ce grand ami des arts et des artistes de s’enrichir en flattant l’ego sous pression de faiseurs de tableaux si sûrs de leur talent méconnu et pas regardants (le comble pour un peintre !), les mêmes qui pour une ligne sur leur CV vont louer une galerie place des Vosges à un propriétaire qui ne jettera pas le moindre coup d’œil sur l’œuvre et salivera en encaissant le chèque, les mêmes encore qui loueront à prix d’or (environ 2000 euros pour un minuscule module de 9 m² pour un non moins minuscule week-end) un stand aux vendeurs de « grands salons d’art contemporain dans les grandes villes », inspirés du MacParis mais sélectionnant davantage sur la célérité à régler la facture que sur l’intérêt artistique. Salons qui louent d’ailleurs, heureuse coïncidence, un stand au fameux éditeur-imprimeur d’annuaires régionaux qui pourra ainsi y recruter une bonne poire prête à faire la retape dans sa province pas encore prospectée. Le tour est joué, la boucle bouclée, pigeons volent.
Je connais des artistes qui font plus d’efforts pour se montrer que pour travailler. Ceux-là sans doute qui vont tomber dans le panneau des propositions de communication qui inondent les boîtes à lettres électroniques et postales dès lors que l’on est répertorié dans un site web ou repéré dans une exposition. Récemment, on (la responsable d’une vague association de malpeignants) m’adresse (ainsi qu’à une liste longue comme ça de "collègues") une proposition d’insertion de page personnelle dans un futur annuaire régional des artistes, censée développer considérablement notre notoriété, et ce pour la somme rondelette de 280 euros pour une page de 14 cm² et 500 pour une double, en nous promettant un tirage de 20000 exemplaires. Moyennant crachat au bassinet, le pigeon se verrait remettre 200 exemplaires de ce fameux livret. Le calcul est simple, l’éditeur (l’imprimeur, devrait-on dire), se débarrasse ainsi de la majeure partie de son stock sans quitter ses pantoufles.Quelques semaines plus tard, la brave correspondante locale, chargée du démarchage régional, nous sollicite à nouveau en annonçant une baisse des tarifs d’insertion (180 et 300 euros), avançant que l’éditeur (pardon, le commerçant), grand philanthrope, est bien conscient du contexte difficile. Allons un peu plus loin pour nous apercevoir que le tirage prévu est tombé à 10000 exemplaires. Le calcul n’est pas plus compliqué, la marge ne baissera pas.Bon moyen donc pour ce grand ami des arts et des artistes de s’enrichir en flattant l’ego sous pression de faiseurs de tableaux si sûrs de leur talent méconnu et pas regardants (le comble pour un peintre !), les mêmes qui pour une ligne sur leur CV vont louer une galerie place des Vosges à un propriétaire qui ne jettera pas le moindre coup d’œil sur l’œuvre et salivera en encaissant le chèque, les mêmes encore qui loueront à prix d’or (environ 2000 euros pour un minuscule module de 9 m² pour un non moins minuscule week-end) un stand aux vendeurs de « grands salons d’art contemporain dans les grandes villes », inspirés du MacParis mais sélectionnant davantage sur la célérité à régler la facture que sur l’intérêt artistique. Salons qui louent d’ailleurs, heureuse coïncidence, un stand au fameux éditeur-imprimeur d’annuaires régionaux qui pourra ainsi y recruter une bonne poire prête à faire la retape dans sa province pas encore prospectée. Le tour est joué, la boucle bouclée, pigeons volent.