Aperçu du public et du joueur de bandonéon
Exceptionelle après-midi, hier samedi, à la MDCV où le Collectivo Argentino pour la Mémoire organisait la projection du documentaire " Les 500 bébés volés par la dictature " d 'Alexandre Valenti. Un documentaire qui relate les années noires de la dictature argentine des généraux Videla et sa clique galonnée fantasmant un complot subversif contre les "valeurs" sociétales, ultra-libérales et catholiques, crédo d'une société dominante, bourgeoise qui ne pouvait souffrir la moindre émancipation. Les généraux entamaient une guerre de plus de huit années, une croisade moralisatrice où tout était permis pour anéantir cette subversion supposée, cet " ennemi " intérieur qui minait leur édifice bati au nom du Père... Oui au nom silencieux du Père c'est à dire avec la complicité du clergé, le blanc-seing de la hierarchie épiscopale! Ces militaires de 1976 à 1983 entre autres forfaits ont sA la MDCV était présent Alexandre Valenti, le réalisateur de documentaire aux multiples récompenses internationales. Un documentaire poignant qui à plusieurs reprises declanche quelques larmes difficiles à retenit et soulève également quelques colères rageantes contre ces monstres qui n'ont jamais exprimé un moindre pardon et sont toujours convaincu d'avoir agi dans le cadre d'une mission qui avec le soutien du clergé devient divine. Une mission de combat contre le communisme, le socialisme, l'humanisme, la liberté d'être, la différence. Alexandre Vidali nous a avoué être passé par Fontenay-sous-Bois, comme première étape d'un long et pénible exil. Ce documentaire présenté dans notre maison des Citoyens prenait alors avec cette révélation encore plus de sens. équestré des femmes enceintes, les ont fait accoucher dans des maternités clandestines, pour ensuite les assassiner et s'approprier leurs bébés comme butin de guerre. Après des années et des années de combat, d'acharnement pour faire éclater la vérité et retrouver leurs petits-enfants, c'est à dire 35 ans plus tard, un procès emblématique s'est ouvert à Buenos-Aires pour donner justice et raison aux Grands-Mères de la Place de Mai Aujourd'hui elles ont permis de retrouver 119 de ces enfants... Leur combat ne s'arrête pas là et la traque continue inlassablement.Je voudrais revenir sur le silence sinon le soutien de l'Eglise aux généraux argentins. C'est un poid capital pour cette période tragique de l'histoire de l'Argentine. Des questions que l'on ne peut éviter ou balayer d'un revers de la main alors que le Pape François est argentin! A l'époque de la dictature militaire en Argentine, qui a fait de 1976 à 1983 des dizaines de milliers de morts et de disparus, Jorge Mario Bergoglio ( François 1er ) s'est distingué par une grande discrétion. Il n'a émis aucune condamnation ni même aucune critique de la dictature. Pire, Jorge Mario Bergoglio était le supérieur de l'ordre des jésuites et a, à ce titre, retiré, en mai 1978, la licence religieuse à deux jésuites qui avaient pris des positions très engagées sur les droits des pauvres. Peu après, ces deux jésuites, ayant perdu la protection de l'Eglise, ont été arrêtés et torturés dans la sinistre école militaire ESMA. On a accusé Bergoglio d'avoir dénoncé ses deux anciens collaborateurs aux militaires, mais il a toujours réfuté cette accusation. Le fait reste qu'en retirant le soutien de l'Eglise, il a permis aux militaires d'intervenir. Revenons au début des années 1970 quand Jorge Mario Bergoglio était membre d'une organisation réactionnaire péroniste, l'Organización Única del Trasvasamiento Generacional violemment opposée aux courants péronistes progressistes comme les Montoneros. Après le coup d'état fasciste du 24 mars 1976 dont nous commémorons les quarante ans, plusieurs membres de cette phalange assurent les basses-œuvres criminelles de l'amiral Emilio Eduardo Massera, futur Président, pour liquider les militants de gauche. Parmi les pires assassins membres de cette organisation, signalons Jorge Radicce, bourreau célèbre de l'Ecole de mécanique de la Marine qui porte la responsabilité d'environ 5000 "disparitions" de progressistes. Dans ces conditions, il est logique que la justice ait entendu plusieurs fois Jorge Mario Berloglio sur les crimes contre l'humanité perpétrés par la dictature militaire argentine, en particulier sur les vols d'enfants. " Ce pape a un passé trouble. Il a signalé deux de ses confrères comme subversifs au pouvoir politique" dictatorial de Videla (Christian Terras, rédacteur en chef de la revue catholique Golias), ce qui a entraîné des tortures pour l'un d'entre eux. Les prêtres Orland Yorio et Francisco Jalics, qui ont été kidnappés et torturés en 1976, ont nommément accusé Bergoglio de les avoir dénoncés comme opposants au pouvoir du dictateur Videla. Alors qu'il leur avait fait croire au préalable qu'il les protègerait. Sur son site Internet, le quotidien catholique La Croix a rapporté qu'une juge française voulait entendre le cardinal Bergoglio au sujet de l'assassinat du prêtre français Gabriel Longueville, survenu au début de la dictature. "Plus grave encore, en 2000, lorsqu'il était Primat d'Argentine, le pouvoir politique avait donné aux religieux la possibilité de faire acte de repentance. Il ne l'a pas fait" comme le rapporte Christian Terras. Le fascisme argentin, responsable d'au moins 30000 morts et 15000 disparus, se posait en défenseur de la grandeur de la " civilisation catholique occidentale " contre les " rouges " et les " juifs ". L'Eglise d'Argentine, dont Bergoglio était le primat avant de devenir le nouveau pape, est une des plus contestées d'Amérique latine pour sa passivité, voire sa complicité, à l'égard de la dernière dictature militaire (1976-1983). Le national-catholicisme était l'idéologie dominante des forces armées, qui comptaient avec la bénédiction de la hiérarchie de l'Eglise... La hiérarchie argentine a montré une indifférence coupable face aux horreurs commises. Elle fermait la porte aux proches des victimes et refusait de s'impliquer dans des démarches humanitaires. Les religieux et religieuses solidaires des Mères de la place de Mai étaient des francs-tireurs, qui n'étaient pas soutenus par leurs supérieurs, et qui ont payé parfois avec leur vie leur compassion et leur fraternité. Les défenseurs du Pape François arguent qu'il était "au placard" durant les années de la dictature, reclus dans un monastère, sans aucune responsabilité ni lien avec les autorités. Si tel était le cas, pourquoi a-t-il assuré la fonction de Provincial (chef) des jésuites durant ces années noires de 1973 à 1979 durant lesquelles la junte militaire a perpétré l'essentiel de ses crimes ? Si tel était le cas, pourquoi disposons-nous de dizaines de photos le montrant en présence de Rafaele Videla, le Hitler argentin?