En zone de conflit, il n'existe pas de A Perfect Day. C'est pourtant bien dans des Balkans en guerre que le nouveau film de Fernando León de Aranoa prend place. Cinq humanitaires parcourent les montagnes à la recherche d'une corde, pendant que les fêlures de l'affrontement tiennent leur ronde quotidienne. L'absurdité de la quête n'a d'égale que l'abnégation dont font preuve ces secouristes désabusés.
Cet héroïsme quotidien n'est pas brandi comme un fier étendard. Il est le dernier salut d'un métier rongé par l'incapacité d'agir. Le cynisme dont fait preuve le récit, particulièrement dans ses dialogues les plus percutants, en est une illustration cinglante et salutaire. Ses interprètes, desquels trône un Benicio Del Toro (une fois de plus) fabuleux, le lui rendent d'ailleurs bien.
Cette facette noirâtre laisse également entrevoir un émouvant mal-être. La distance humoristique du film n'est pas qu'une posture. Elle est une illustration franche de l'équilibre absurde et injuste qui se crée en temps de guerre, et des séquelles qu'ils impriment sur chacun. Au détour d'un regard d'enfant, la flamme de l'innocence paraît renaître, pour un temps, avant de rejoindre le brasier ambiant. Perfect Day, Crazy World.
A Perfect Day sort le 16 mars dans les salles françaises, après sa sélection cannoise en quinzaine des réalisateurs.