Terumasa Hino Special Quintet: premier concert à Paris à 72 ans!

Publié le 13 mars 2016 par Assurbanipal

Terumasa Hino Special Quintet

Maison de la culture du Japon à Paris

Paris, Ile de France, France

Samedi 27 février 2016. 20h.

Terumasa Hino: trompette

Erena Terakubo: saxophone alto

Akira Ishii: piano, clavier électrique

Tomokazu Sugimoto: contrebasse

Shun Ishikawa: batterie

Concert diffusé en différé dans l'émission les Mercredis du Jazz de Jérôme Badini sur France Musique le mercredi 23 mars 2016 à 20h.

La rythmique attaque brutalement d'entrée. Quand les cuivres s'y mettent, c'est parfaitement synchrone. Gros son d'ensemble. Ca s'apaise un instant, repart aussitôt. Cette musique vient clairement du dernier quintette acoustique de Miles Davis même si le sax alto d'Erena Terakubo a remplacé le sax ténor de Wayne Shorter. Ouï sa virtuosité, Terumasa Hino tient plutôt de Freddie Hubbard. Après un solo de furieux, il s'éclipse en bord de scène pour laisser place à sa saxophoniste. Par rapport à ma nièce âgée de 13 ans, elle semble chétive mais elle attaque puissamment. La rythmique est bien soudée derrière. une vague puissante la porte. Belle salle. Bonne acoustique. Dialogue de souffles et de cris sans la rythmique. Ca vibre. Ils s'en vont, laissant à place à la rythmique qui éparpille, façon puzzle, une mélodie au ralenti. Beau solo de contrebasse, métallique et swinguant. Un son vraiment original. Les souffleurs reviennent sur scène apporter leur plainte conjointe. C'est fou comme un solo bruyant et véloce de batterie impressionne toujours autant un public. Retour groupé au blues de départ.

Trompette et sax lancent ensemble une sorte de son de corne de brume. Jeux de bruitages entre contrebasse et batterie aux maillets, souffleurs et clavier électrique. Excellente musique de film d'angoisse. Nuit glauque sur le port. Bars louches. Silhouettes furtives. Le pianiste s'est remis au piano et ça attaque par à coups. Le trompettiste ajoute de l'effet. Après un moment d'agitation, la rythmique joue vive et légère. Dans le jeu, le groupe alterne le classique et le bizarre, pour nous rassurer sans nous ennuyer, nous surprendre sans nous faire fuir. Subtil dosage parfaitement réussi.

Sans nous laisser le temps de souffler, ils attaquent de suite sur autre chose. Un air énergique. Ca souffle comme le vent sur la mer du Japon. Le boss s'est mis aux maracas pour accompagner sa rythmique. Final groupé à bloc.

Le leader nous parle en anglais. Il est né en 1942 et c'est son deuxième concert à Paris. Terumasa Hino a enregistré son premier album pour Columbia en 1967 (" Alone, alone, alone " , thème repris par Blue Mitchell. Cf vidéo sous l'article). C'est un musicien reconnu et respecté au Japon, aux USA et en Europe (plusieurs albums pour le label Enja) mais les programmeurs français sont décidément très frileux. Son premier concert était déjà à la Maison de la Culture du Japon à Paris en 2013 avec des moines boudhistes. Ils préfèrent toujours un trompettiste américain de 2e classe à un trompettiste japonais de 1ère classe. Cette fois, il revient avec son groupe purement Jazz.

Terumasa Hino nous explique ses titres avec date et contexte de leur composition. Ensuite chaque musicien du groupe se présente en français en ces termes: " Je m'appelle ... Enchanté ". Effort louable. Ensuite ils s'expliquent en japonais et en anglais. Objectivement, vu le lieu et le groupe, il y a beaucoup de Japonais dans la salle. La saxophoniste souligne qu'elle joue sur un instrument français, de la maison Selmer, dont nous pouvons être fiers.

Ca repart aussi sec. Bonne musique pour film de boxe. " Le Jazz, c'est comme la boxe. Meilleur c'est, moins les gens apprécient " ( Georges Foreman).

Pour nous surprendre, la première ballade du concert. Il a beau dire qu'il va sur 73 ans, Teramusa Hino a une pêche impressionnante. Il danse, souffle comme un démon, joue des percussions, anime son groupe et dialogue avec le public. Cette ballade est d'ailleurs un vieux standard brésilien " Manha de carnaval ". Belle version.

S'ensuivit un Blues pour lequel mes notes sont illisibles. Je remarque juste que le solo de saxophone était remarquable.

La suite de mes notes étant illisible, je conclurai simplement, lectrices élégantes, lecteurs distingués, que si j'atteins l'âge respectable de 73 ans, j'espère avoir la même énergie vitale que Terumasa Hino aujourd'hui.