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14-18, Albert Londres interviewe le président du Conseil serbe

Par Pmalgachie @pmalgachie
14-18, Albert Londres interviewe le président du Conseil serbe L’armée serbe se reconstitue – Interview de M. Pachitch (De notre envoyé spécial.) Corfou, … mars. Les opérations prochaines qui vont avoir lieu dans les Balkans seront certainement un des principaux événements militaires de 1916. Du succès de cette campagne peut dépendre plus qu’on ne croit. Nous n’irons pas jusqu’à préciser les espérances de ceux qui savent et dirigent, mais elles sont telles et chacun les verra bientôt si clairement, qu’avant peu les yeux du monde seront de nouveau fixés sur Salonique. Dans combien de temps ? Cela dépendant pour une partie de la nouvelle armée serbe, j’ai demandé à M. Pachitch, président du Conseil, si ses troupes seront bientôt prêtes à rejoindre l’armée Sarrail ? M. Pachitch m’a répondu : — La date où la réorganisation de l’armée serbe sera un fait accompli n’est pas éloignée. Tout le monde travaille de toutes ses forces et ce qui est déjà fait, je vous le dis avec joie, est simplement admirable. On ne peut pas aujourd’hui, dans le tourbillon des événements, juger à sa juste valeur l’immense effort qui fut accompli pour évacuer notre armée d’Albanie, et qui s’accomplit encore pour la réorganiser. Dans l’histoire de la guerre actuelle cet effort prendra une place considérable. Et cet effort-là n’aura pas été perdu. — Vous avez alors toute confiance dans la prochaine campagne des Balkans ? — Toute confiance. Quand nos soldats reverront la Macédoine et qu’on leur dira : « Là, derrière sont vos maisons, vos familles, vos champs ». Ah ! monsieur, de quel élan et sous n’importe quel feu partiront nos soldats. Pourquoi penser alors que cet élan sera vain ? Surtout, nous ne serons plus une petite troupe sans moyens et sans alliés, nous serons une aile de l’armée franco-anglaise qui de jour en jour devient plus forte. — Ne serons-nous que Serbes, Français et Anglais, monsieur le président ? Ne pensez-vous pas que la Grèce, enfin convaincue pourrait aussi à ce moment se joindre à nous ? — La guerre européenne actuelle touche de si près les intérêts grecs que j’ai le ferme espoir que la Grèce tôt ou tard interviendra. Ses intérêts tels que je les conçois ne peuvent lui désigner sa place ailleurs qu’à côté de l’Entente. Je sais que l’on fait déjà et qu’on fera beaucoup encore pour l’en empêcher, mais l’instinct grec a toujours été un très sûr guide pour les hommes politiques de l’Hellade et il ne peut les mener qu’à côté de la Serbie.
« L’ennemi travaille dans du roc » — Que pensez-vous, monsieur le président, des efforts que font les Autrichiens pour se concilier la population serbe ? — Les Autrichiens, les Hongrois et les Bulgares font en effet tous leurs efforts pour se concilier notre peuple. Ils n’y réussiront jamais. Il y a quelque chose d’irréconciliable entre ces peuples et nous. N’avons-nous pas, dans le temps, essayé de tout pour être bien avec la monarchie des Habsbourg et même avec la Bulgarie ? Nous nous sommes toujours butés à des difficultés insurmontables. L’esprit de liberté et l’indépendance des Serbes étaient toujours un obstacle. L’Autriche-Hongrie voulait une Serbie économiquement et par là politiquement subjuguée à elle et la Bulgarie voulait l’hégémonie dans les Balkans. Notre peuple ne l’a pas oublié. Aussi nos ennemis travaillent dans du roc. — Une chose encore et qui doit sûrement retenir vos préoccupations, monsieur le président. Que pensez-vous du mouvement de descente que les Autrichiens tentent d’effectuer en Albanie ? — Je pense que les Alliés doivent trop bien comprendre l’importance qu’aurait une avance des troupes ennemies en Albanie et la valeur stratégique du front albanais dans les futures opérations des Balkans pour qu’ils ne prennent pas toutes les mesures en conséquence. Albert Londres. Le Petit Journal, 13 mars 1916
14-18, Albert Londres interviewe le président du Conseil serbe La Bibliothèque malgache édite une collection numérique "Bibliothèque 1914-1918". Au catalogue, pour l'instant, les 15 premiers volumes (d'une série de 17) du Journal d'un bourgeois de Paris pendant la guerre de 1914, par Georges Ohnet (1,99 € le volume). Une présentation, à lire ici. Et le récit, par Isabelle Rimbaud, des deux premiers mois de la Grande Guerre, Dans les remous de la bataille (1,99 €).

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