Eperdument, film de Pierre Godeau

Par Mpbernet

Dans un film, l'interprétation, même impeccable, ne suffit pas ...

Naturellement, même césarisés par ailleurs : Adèle Exarchopoulos est très belle, a un corps parfait et joue tout en nuances et Guillaume Gallienne, plein de sensibilité, amoureux naïf et crédule, prêt à tout risquer pour ses beaux yeux est particulièrement convaincant. Mais cela ne suffit pas à un scénario qui joue les redites et tire en longueur autour de scènes d'amour finalement un peu ennuyeuses.

Ce qui frappe, c'est le réalisme des premières scènes : la violence verbale et physique au sein de la cellule surpeuplée accueillant une détenue nouvellement transférée. Tournée en décors réels, dans une vraie prison, l'ambiance est particulièrement oppressante. Les bruits, la promiscuité, le sexe omniprésent chez ces ados perdues qui érotisent leur corps alors qu'elle sont en quête d'une relation durable ...

C'est le signe d'un échec patent de notre société qui se rend compte aujourd'hui que les filles aussi sont autant victimes que délinquantes.

L'argument central est celui de l'amour fou, interdit et tabou entre un jeune directeur de prison et une de ses détenues. Le parallèle avec l'intrigue de la Phèdre de Racine est lourdement souligné. Anna-Emma n'est pourtant n'importe quelle prisonnière : c'est elle qui servit d'appât pour enlever Ilan Halimi, qui fut complice du gang des barbares. Il est vrai qu'elle était mineure au moment des faits.

 

Jean-Florent y aura tout perdu : révoqué, condamné à plusieurs mois de prison ferme, il a participé à l'écriture du scénario. Mais l'adaptation cinématographique est plus "fleur bleue" que l'histoire réelle. Dans la réalité, l'héroïne aura aussi séduit un autre surveillant, et les deux hommes deviendront rivaux. C'est moins romantique ...