Il y avait déjà un peu du Spielberg dans le très bon Mud de Jeff Nichols, mais avec son Midnight Special, le metteur en scène multiplie les références au Maître. Film de science-fiction où les valeurs familiales sont au cœur du récit, enfant aux pouvoirs mystérieux, événements paranormaux : on se retrouve face à une œuvre lorgnant très largement du côté des productions Amblin des années 80. Et si l'on pense bien entendu à et Rencontres Du Troisième Type tout particulièrement, il ne sera pas si farfelu d'y voir également du Terminator, ou encore du de Shyamalan.
De telles influences donnent immédiatement envie de se précipiter voir le nouveau Nichols. Et l'on avait vraiment envie de l'aimer ce film ! Sauf que l'on ressort de la salle avec une légère sensation de déception. Non que Midnight Special soit raté - ce n'est pas du tout le cas, c'est même un très grand film - mais sa dévotion irréfutable envers tout ce pan du divertissement US populaire d'il y a 30 ans le rapproche bien plus de Super 8 que de tous les films cités précédemment, c'est-à-dire une œuvre qui veut tellement bien faire que l'on finit par ressentir l'aspect ultra contrôlé et artificiel du projet. Toutefois, qui reste très valable, rassurez-vous. Jeff Nichols est un réalisateur très intéressant, s'étant bâti une excellente réputation dès le début de sa carrière, parvenant à chaque fois à mixer envies auteurisantes et proposition de cinéma populaire.
, plus que jamais, ne déroge pas à la règle. Ne prenant jamais les spectateurs de haut, le metteur en scène tente de les stimuler, de les inviter à réfléchir, tout en leur offrant un divertissement spectaculaire de grande qualité. Jouant sur l'intime et les non-dits pour garder un certain mystère, Jeff Nichols ne s'embarrasse pas d'explications : son film fonce, aux spectateurs de le suivre. Et cela fait un bien fou à l'heure du surlignage perpétuel dans le moindre blockbuster. Le hic, c'est qu'il faut trouver le juste équilibre, et qu'à force de trop faire courir son audience derrière son histoire, Jeff Nichols finit par en semer quelques-uns. Car il est très facile de rester hermétique à Midnight Special Midnight Special, dont les personnages - si bien interprétés qu'ils soient - peinent à provoquer une quelconque empathie à leur égard.
Reste une mise en scène absolument superbe et poétique, ménageant ses effets avec brio. La scène des satellites, par exemple, est remarquable. Libre à chacun d'interpréter l'histoire. Certains y verront une réflexion sur les difficultés à éduquer son enfant pour qu'il s'épanouisse pleinement (en taclant au passage l'endoctrinement religieux et les dérives d'un gouvernement en décalage avec la réalité), tandis que d'autres y décèleront une métaphore sur la maladie ou la différence. Toujours est-il qu'encore une fois avec Jeff Nichols, l'enfance est au centre de l'intrigue.
Midnight Special
Fuyant d'abord des fanatiques religieux et des forces de police, Roy, père de famille et son fils Alton, se retrouvent bientôt les proies d'une chasse à l'homme à travers tout le pays, mobilisant même les plus hautes instances du gouvernement fédéral. En fin de compte, le père risque tout pour sauver son fils et lui permettre d'accomplir son destin. Un destin qui pourrait bien changer le monde pour toujours.