[Critique série] THE X-FILES – Saison 10

Par Onrembobine @OnRembobinefr

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Titre original : The X-Files

Note:
Origine : États-Unis
Créateur : Chris Carter
Réalisateurs : Chris Carter, James Wong, Darin Morgan, Glen Morgan.
Distribution : Gillian Anderson, David Duchovny, Mitch Pileggi, Robbie Amell, Lauren Ambrose, William B. Davis, Annabeth Gish, Joe McHale…
Genre : Science-Fiction/Fantastique
Diffusion en France : M6
Nombre d’épisodes : 6

Le Pitch :
Le producteur influent d’une émission en ligne contacte Dana Scully, qui exerce désormais son activité de médecin à plein-temps et Fox Mulder, qui ne travaille plus au FBI, afin de leur faire part d’informations tendant à prouver que le gouvernement cache des choses à la population au sujet des extraterrestres. Et ce depuis le crash de Roswell en 1947 au Nouveau-Mexique. Des preuves telles, que le FBI décide de rouvrir les X-Files…

La Critique :
Quasiment 13 années séparent la fin de la saison 9 de The X-Files et le premier épisode de la saison 10. 13 années durant lesquelles les rumeurs quant à un possible retour du duo culte des 90’s allèrent bon train. Un come-back à la télévision en tout cas, étant donné que Régénération, le second long-métrage X-Files fut projeté dans les cinémas en 2008, permettant aux fans les plus hardcore de se sustenter en attendant quelque chose de plus consistant. Du moins sur la longueur.
David Duchovny et Gillian Anderson n’ont pas chômé dès la mise entre parenthèses de leur contrat avec The X-Files. Si Gillian Anderson a continué dans un registre souvent proche de la série de Chris Carter, de The Fall à Hannibal, David Duchovny lui, a pris un malin plaisir à casser son image un peu rigide. Un remodelage en règle, avec notamment Californication, où il a campé durant 7 saisons un écrivain à la Bukowski, alcoolique et queutard. Un personnage qui a quelque peu changé la façon dont le public a pu percevoir l’acteur. Un comédien qui même quand il s’est opposé à Charles Manson dans la sympathique mais plutôt tiède série Aquarius, retrouvant pour l’occasion le badge du FBI, prenait un malin plaisir à la jouer cool et détachée.
Si un tel retour en arrière était nécessaire afin de parler de la dixième et très attendue saison de The X-Files, c’est notamment car c’est ce David Duchovny que nous retrouvons ici. Plus détendu, tout du moins par rapport au Mulder des débuts, il table sur un second degré quasi-permanent, et permet in fine à son personnage de faire montre d’une véritable évolution. Appréciable ou pas, c’est à chacun de voir midi à sa porte tant la façon dont Duchovny s’empare de son rôle culte peut aussi passer à certains moments pour une forme de je-m’en-foutisme aiguë. Même constat pour Gillian Anderson qui fut accusée dès les premiers épisodes de piloter en automatique, misant sur des gimmicks sécurisants et ne s’impliquant pas comme au bon vieux temps. Là encore, il s’agit d’une question d’interprétation mais il serait injuste de ne pas voir au moins le désir de l’actrice d’illustrer là aussi l’évolution de Scully. Plus sage, mais aussi moins campée sur ses positions par rapport au paranormal si cher à son collègue, elle distille plus qu’à son tour une émotion palpable, notamment quand il est question de l’enfant qu’elle a eu avec Mulder.
Le charisme de ces deux figures majeures du petit écran fait toujours son petit effet, et si Gillian Anderson et David Duchovny ne sont plus aussi fougueux qu’avant, c’est aussi avant tout pour permettre à la série de marquer une étape. De rentrer peut-être même dans une nouvelle ère, comme peuvent le laisser présager les deux nouveaux agents (on retrouve d’ailleurs Lauren Ambrose, la Claire de Six Feet Under), qui tendent un miroir à Mulder et Scully, tout en remettant donc en perspective leurs relations, leurs aspirations et leurs croyances.

Le problème au fond, n’est pas imputable aux acteurs. De leur côté, ils jouent leur partition, connaissent bien leurs rôles et incarnent de toute façon les fondements du show. Non, le soucis est imputable à Chris Carter, le showrunner et créateur de la série. Pourquoi avoir relancé la machine pour ne livrer que 6 épisodes ? Pouvait-on vraiment espérer des développements vraiment convaincants en moins de 6 heures ? Surtout qu’assez étrangement, cette nouvelle et très courte saison, cherche absolument à retrouver le dynamisme des précédentes, en habillant son fil rouge relatif aux aliens, avec des épisodes focalisés sur des enquêtes indépendantes.
Le premier épisode rentre alors dans le vif du sujet. Un peu trop vite d’ailleurs tant la réouverture des affaires non-classées et le retour au turbin de Mulder et Scully est plutôt brusque. Un peu comme si Chris Carter avait voulu raccrocher les wagons dès la première heure sans trop se préoccuper des détails. Le second épisode conserve un lien avec l’arc narratif du premier, qui est donc celui de la série dans son intégralité, avec mention à l’enlèvement de la sœur de Mulder et flash-back sur Roswell à l’appui, mais explore aussi dans une autre direction. Le troisième par contre, part totalement en vrille. Signé Darin Morgan, soit celui qui offrit par le passé les épisodes les plus délirants (et souvent remarquables) à la série, le bien nommé Mulder and Scully Meet the Were-Monster (soit en français Rencontre d’un drôle de type) s’apparente à un sommet de second degré, où les codes du film de monstre sont joyeusement détournés. Sans oublier une certaine émotion, relative à l’excellente performance de Rhys Darby, dont l’apport à toute l’histoire est inestimable. Déconcertant, décalé à outrance, baigné dans une atmosphère en forme de gigantesque clin d’œil à la Hammer et aux productions diverses et variées d’antan mettant en scène des monstres, cet épisode n’a bien sûr pas plu à tout le monde. Et c’est probablement car il ne cherche pas à plaire en prenant un maximum de risques qu’il peut tout à fait être considéré comme le meilleur de la saison.
D’autant que le suivant, lui aussi centré sur une sorte de monstre, signé par un autre membre historique de la grande famille X-Files, à savoir Glen Morgan (le frère de Darin donc), s’avère plus bancal que vraiment convainquant. Malgré des fulgurances gores bienvenues et de très bonnes idées, c’est important de le souligner.
L’épisode 5, l’avant-dernier, est également notable, tant il démontre du désir de la série de vraiment s’ancrer dans une réalité bien tangible et de ne pas, en permanence du moins, rester focalisé sur le passé, bien confortablement. Abordant de front l’extrémisme religieux et le terrorisme, ce chapitre plutôt douloureux introduit le nouveau duo d’enquêteurs et se permet également de brusques ruptures de tonalité, avec une séquence hallucinatoire, dénotant là aussi clairement d’une volonté affirmée de surprendre, quitte à trébucher et à parfois, pédaler un peu dans la semoule.
Mais l’épisode 6 reconnecte vite fait bien fait la série à ses préoccupations premières, avec les aliens et la conspiration du gouvernement. Et si tout ceci reste très divertissant, difficile étalement de ne pas tiquer devant la manière qu’a show de remettre un peu en cause tout ce qui s’est déroulé depuis la première saison (pour ce qui est des aliens en tout cas), pour recadrer le scénario et offrir aux fans une bonne raison d’être surpris. Le parti-pris d’affirmer que tout ce que Mulder et Scully pensaient n’est en fait pas tout à fait vrai, confère un aspect terriblement bancal à la série, qui semble aussi se dépêcher d’en finir. De balancer plein de coups de théâtre pour sprinter dans sa dernière partie avec un twist lui aussi peu convainquant tant il tombe comme un cheveu sur la soupe.

Mais malgré tout ça fonctionne à peu près. Pourquoi, en dépit de son côté patchwork/best-of un peu superficiel et sa relative incapacité à faire preuve de cohérence, tout en jouant trop vite et de manière un peu incompréhensible ses meilleures cartes, cette dixième saison s’avère plutôt bonne ? Parce que la magie finit par opérer. Non, The X-Files n’a pas effectué le retour fracassant espéré mais oui, nous revoici à la maison. Le générique n’a pas bougé d’un poil et remet directement dans l’ambiance. Les acteurs ont tous changé, dans le bon sens du terme, mais parviennent à retrouver instantanément leurs marques et ici ou là, quelques véritables bonnes choses, apportent du piment à l’affaire. Avec plus d’épisodes, une application un peu moins frénétique concernant le fil rouge du scénario et un développement un peu plus cohérent sur la longueur, cette saison 10 aurait vraiment été mémorable. Reste donc un spectacle divertissant qui s’apparente parfois davantage à une bonne vieille madeleine de Proust qu’à une œuvre véritablement originale. De quoi contenter les amateurs de la première heure, sans pour autant les encourager à crier au génie. The X-Files a du mal à trouver sa place. Précurseur dans ses premières années, le show doit désormais se retrouver sans forcément jouer sur la nostalgie. Ce qu’il fait beaucoup, sans bien sur que cela ne soit tout à fait désagréable. Bien au contraire, mais la démarche est à double-tranchant. Et c’est justement pour cela qu’on espère à l’arrivée que si la série continue sur sa lancée, elle saura à nouveau s’imposer comme le modèle d’originalité et d’inventivité qu’elle fut durant de longues années…

@ Gilles Rolland

  Crédits photos : Fox/M6