Quand la bande dessinée s'empare de la ville (Revue Place Publique n°56)

Publié le 12 mars 2016 par Geo-Ville-En-Guerre @VilleEnGuerre
Le n°56 de la revue Place Publique Nantes/Saint-Nazaire (mars/avril 2016) s’intéresse à la représentation de la ville dans la bande dessinée et à la place de la bande dessinée dans la ville (tout particulièrement autour des projets à Nantes et Saint-Nazaire). Si les liens entre développement territorial, ville et bande dessinée font immédiatement penser à Angoulême, son Festival international de la bande dessinée et à sa Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, d’autres villes françaises investissent la bande dessinée à la fois :
  • comme patrimoine (la ville représentée dans la bande dessinée, comme la valorisation de la représentation de Saint-Nazaire par Hergé dans Tintin),
  • comme outil de projets territoriaux, notamment dans le cadre de la reconversion de friches urbaines, tels que la Maison Fumetti, installée dans les murs de l’ancienne manufacture des tabacs à Nantes aux côtés de la bibliothèque municipale,
  • comme outil de marketing territorial avec, par exemple, l’exposition Dans les pas de Tintin, installée dans le port de Saint-Nazaire (et autres lieux nazairiens traversés par Tintin), offrant au passant la confrontation entre le port comme paysage et le port comme espace dessiné.
C’est l’ensemble de ces thématiques qu’explorent le n°56 de Place Publique Nantes/Saint-Nazaire, paru début mars 2016.

Sommaire du numéro : Quand la bande dessinée s’empare de la ville

« Nantes a le plaisir de vous annoncer la naissance d’une scène BD » (Franck Renaud) : Il est encore possible d’exister entre deux villes poids lourds de la bande dessinée, Angoulême et son Festival international de la BD et Saint-Malo, avec Quai des bulles, sans s’aventurer sur le même terrain. Nantes veut en donner la preuve et a fait le choix de créer une maison de la bande dessinée, intégrée à la bibliothèque de l’ex-Manufacture des tabacs. La Maison Fumetti se veut un lieu pour les auteurs, alors qu’une scène nantaise émerge nationalement, et destiné à donner le goût du 9e art au public. « Avec la Maison Fumetti, auteurs de BD et bibliothèque sous le même toit » (Aymeric Seasseau) : Lieu dédié à la bande dessinée, la Maison Fumetti lâchera à l’été ses bouffées de BD depuis les murs de l’ancienne manufacture des tabacs, dans un bâtiment mutualisé avec la bibliothèque municipale. Pourquoi et comment Nantes mise-t-elle sur la bande dessinée ? Visite du projet avec Aymeric Seassau, l’adjoint en charge du livre. « Nantes, de la « ville qui bouge » à l’aimant à dessinateurs à BD » (Dominique Sagot-Duvauroux) : Si les retombées financières de la culture ne sont pas négligeables pour une métropole, tout ce qui gravite autour des activités créatives aide également à remodeler une ville et à dessiner une « ambiance » urbaine. Économiste de la culture, Dominique Sagot-Duvauroux détaille les étapes qui ont permis à Nantes de s’installer parmi les villes « créatives ». Il précise également à quelles conditions la scène nantaise de la bande dessinée pourra exister entre Angoulême et Saint-Malo, les villes qui organisent les deux principaux festivals de BD. « La frontière entre villes imaginaires et villes réelles est assez mince » (Bénédicte Tratnjek) : Comment la ville, les villes, sont-elles représentées dans la bande dessinée ? La géographe Bénédicte Tratnjek, qui mène une recherche sur les villes en guerre dans la BD, explore ces représentations depuis la ville nord-américaine de Little Nemo au début du 20e siècle. Si les mégalopoles investissent massivement les cases, avec Titeuf et Cédric, les banlieues et le périurbain ne sont pas oubliés.




« Abécédaire : Du général Alcatraz à Michel Vaillant » : À Nantes comme à Saint-Nazaire, le monde la BD déborde des cases des albums. Cet abécédaire en témoigne, voulant montrer la diversité de cette scène qui n’hésite pas, par exemple, à se frotter au catch dessiné. Il ne prétend surtout pas à l’exhaustivité et ne reprend pas les auteurs ou œuvres cités par ailleurs dans notre dossier. « La BD ? Il faut travailler ! Nantes, de case en case » (Erwann Pivaut) : Une vingtaine d’étudiants sortent diplômés chaque année de la filière « bande dessinée » de l’École Pivaut à Nantes. Une formation reconnue pour cette école privée fondée voilà plus de trente ans par un chaudronnier-soudeur passionné de dessin. « La longue aventure du retour de Tintin à Saint-Nazaire » (Jean-Claude Chemin) : C’est certainement la plus longue et la plus récente des aventures de Tintin, engagée en 1986 : celle de son retour à Saint-Nazaire. Comment six vignettes se sont échappées de l’album Les 7 Boules de Cristal pour s’installer dans une ville qui avait le moral en berne. À l’origine de l’histoire, des lecteurs attentifs d’Hergé qui ont carillonné à Moulinsart. « Nantes, capitale mondiale de la BD du monde ! » (Vincent Sorel) : De la préhistoire à aujourd’hui, voici un clin d’œil en cinq planches, à la fois moqueur et amical, sur Nantes, capitale mondiale – et peut-être même intersidérale – de la bande dessinée. Lorsque le comité de rédaction de Place publique a décidé de consacrer le dossier de ce numéro à un état des lieux du neuvième art à Nantes et à Saint-Nazaire, au pourquoi et au comment de la création de la Maison Fumetti, nous avons aussi souhaité publier une BD originale. « La bande dessinée permet à Angoulême de tirer son épingle du jeu » (Jean-Pierre Mercier) : C’est toute une « culture jeune » qui impose la BD dans les années soixante et soixante-dix en France, déjà – comme aujourd’hui – premier marché européen. Profitant de cette passion française pour le dessin et les bulles, le Festival international d’Angoulême, créé en 1974, lui servira de « caisse de résonance ». Considéré comme un des meilleurs connaisseurs de la bande dessinée, Jean-Pierre Mercier, feuillette pour Place publique cette histoire. « Jules Grandjouan, les images et les mots de la révolte » (Didier Guyvarc’h) : Avec Honte à celui qui ne se révolte pas contre l’injustice sociale, le dessinateur nantais Jules Grandjouan signe en 1910 une toile qui peut se lire comme une bande dessinée, écho graphique aux luttes sociales de l’époque. Quand le graphiste met son art au service au service de la révolution.