LE MONDE | 02.03.2016
Par
Pierre Le Hir (Ouessant (Finistère) - envoyé spécial)L'hydrolienne D10 de Sabella, lors de son immersion le 25 juin 2015. Béatrice LE GRAND / PHOTOPQR/OUEST FRANCE
Un crachin se mêle aux rafales de vent, ce matin de la fin février en mer d’Iroise. Parti de l’embarcadère du Conquet, à la pointe du Finistère, le bateau bleu et blanc de la compagnie Penn ar Bed – « le bout du monde » en breton – avale les vagues chargées d’écume. Passé l’archipel de Molène, se dresse, sous un ciel ténébreux, le phare de Kéréon, l’un des cinq qui veillent en sentinelles sur l’île d’Ouessant.
Ici, à 2 kilomètres de la côte déchiquetée par les flots, dans le tumultueux passage du Fromveur où circule un très puissant courant pouvant atteindre 9 nœuds (plus de 4,5 mètres par seconde), a été immergée, par 55 mètres de fond, une hydrolienne qui pourrait changer la vie des Ouessantins. Depuis peu, elle leur fournit une part de leur électricité, encore modeste mais appelée à croître. Une première en France et même, pour un territoire insulaire, dans le monde.
« Rusticité technologique »L’idée de transformer la force des courants marins en énergie électrique, grâce à une turbine actionnée par le passage de l’eau comme une éolienne l’est par le vent, n’est pas neuve. La France est bien placée pour exploiter cette ressource bleue, avec le Fromveur et le raz Blanchard, au large du cap de La Hague (Manche), traversé par un courant encore plus impétueux. Les promesses des abysses commencent à se concrétiser.Pour Ouessant et ses 900 résidents permanents – quatre fois moins qu’au début du siècle passé –, l’enjeu est d’importance. « Jusque dans les années 1960, la marine marchande donnait du travail aux hommes, tandis que les femmes maintenaient...En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/energies/article/2016/03/02/ouessant-veut-s-eclairer-au-courant-marin_4874972_1653054.html#C4lQyk7tv4QAgFEf.99