L’Edito…
Le journal Le Monde a publié le 29 janvier 2016 un article évoquant une vaste étude publiée dans la revue médicale The Lancet qui encourage la généralisation de l’allaitement maternel aussi bien dans les pays «riches» que dans les pays «pauvres».
Cet article a attiré notre attention et nous a poussé à aborder ce thème.
Une étude internationale sur l’allaitement maternel
Cette étude internationale a recueilli des données concernant 164 pays. Il en est déduit que chaque année plus de 800.000 morts d’enfants pourraient être évitées grâce à l’allaitement maternel [1]. Il est également évalué que 20.000 décès dus au cancer du sein pourraient être évités grâce à l’allaitement maternel. Cette étude souligne un fait important : l’allaitement maternel sauve des vies aussi bien dans les pays «riches» que dans les pays «pauvres». En effet l’étude indique que le risque de mortalité diminuerait grandement dans les pays «pauvres» s’il y avait plus d’allaitement. Le risque de décès dans les 6 premiers mois serait huit fois plus faible lorsque les nourrissons sont allaités. La tétée diminuerait les épisodes de diarrhée et d’infections respiratoires. Dans les pays «riches», le risque de mort subite du nourrisson est diminué de 36% grâce à l’allaitement. L’étude conforte donc les recommandations de l’OMS en terme d’allaitement maternel : un allaitement maternel d’abord exclusif jusqu’à 6 mois puis un allaitement partiel jusqu’à deux ans.
Les avantages de l’allaitement
Il permet de mieux protéger le bébé contre les microorganismes pathogènes car le lait maternel contient des immunoglobulines et des cellules immunitaires. La composition de ce lait correspond tout à fait au tractus digestif encore immature de l’enfant, il est donc bien toléré [2].
Sa richesse en acides gras essentiels permet également d’améliorer le développement des fonctions cognitives de l’enfant. On note également le fait que l’enfant à moins de risques de développer des allergies alimentaires en consommant le lait maternel. Au cours de l’allaitement la mère développe également un lien psychoaffectif particulier avec son bébé.
C’est également pratique car il peut être réalisé à tout endroit à tout moment, contrairement à la reconstitution du lait artificiel qui peut s’avérer peu pratique dans certaines situations comme dans les transports.
Les enjeux économiques
On peut faire des économies en privilégiant l’allaitement maternel car cela permet de couvrir les besoins de l’enfant sans avoir à acheter du lait en poudre.
Les substituts du lait maternel pourraient représenter un marché de plus de 70 milliards de dollars en 2019. Une augmentation de près de 30 milliards de dollars par rapport à 2014.
Non seulement l’allaitement maternel a un impact positif sur la santé publique, mais aussi sur le budget du ménage. L’étude estime que l’augmentation d’environ 40% de la pratique de l’allaitement (passant de 49% à 90%) permettrait aux américains d’économiser 2,3 milliards d’euros par an [3] !
L’allaitement en France
Le taux d’allaitement en France fait partie des plus bas au monde, à la naissance 56,2% des nouveau-nés français sont allaités par leur mère. Ce qui est très faible comparé à d’autres pays d’Europe comme la Norvège et la Suède où plus de 98% des nourrissons sont allaités à la naissance [2].
Ce taux diminue également au fil des mois. En effet à 1 an, seulement 5% des bébés français sont encore allaités
Pourcentage d’enfants nourris partiellement au sein à 12 mois. Source : The Lancet
Les freins à l’allaitement
Le choix d’allaiter ou non serait différent selon la catégorie socio-professionnelle des femmes. En effet 70% des femmes cadres supérieures ont allaités leur enfant à la naissance contre 52% pour les femmes ouvrières. Il existe aussi des disparités selon les régions : l’allaitement est plus pratiqué dans les régions de l’Est et du Sud de la France.
Certaines mères ne peuvent pas allaiter pour des raisons médicales comme la prise de médicaments ou un accouchement difficile, ce n’est donc pas un choix pour elle puisque dans ces situations l’allaitement est contre-indiqué. Les mamans qui ont des addictions telles que l’alcool, le tabac ou autres drogues ne peuvent pas non plus allaiter car certaines substances se retrouveraient dans le lait. Parfois c’est l’enfant qui ne supporte pas le lait maternel, même si cela reste assez rare.
Certaines femmes ont aussi des blocages psychologiques dus parfois à des croyances infondées comme par exemple le fait que les femmes qui ont une petite poitrine n’auront pas assez de lait pour nourrir l’enfant. Beaucoup de femmes ont aussi peur que l’allaitement leur abîme les seins.
D’autres mamans affirment qu’elles n’ont tout simplement pas envie car l’image de la femme allaitante ne leur plait pas.
Certaines femmes expliquent leur choix de ne pas allaiter par le fait qu’elles ne peuvent pas impliquer davantage le père ou une autre personne.
Il existe de nombreuses astuces pour combiner vie professionnelle et allaitement. La maman peut tirer son lait à l’aide d’un tire-lait et le congeler. Pour cela un minimum d’organisation est nécessaire. Pour débuter il faut habituer progressivement le petit à boire au biberon. Les parents doivent commencer quelques semaines avant la reprise du travail à donner le biberon parallèlement à la tétée. La mère doit donc se mettre à tirer son lait dès cette période-là, le congeler et donc réaliser des stocks. Une fois au travail la maman doit continuer à tirer son lait. Certains articles du code de travail indiquent que chaque entreprise employant plus de 100 femmes doit disposer d’un local propre et séparé pour que la mère puisse y tirer son lait. Un temps d’environ une heure par jour doit pouvoir être accordée à la mère pendant un an.
A savoir : Comment stocker le lait ?
- Le lait peut être conservé – 10 heures à température ambiante (22°C) ;
- ou 5 jours au réfrigérateur (6°C) ;
- ou 3 mois dans un congélateur (- 18°C).
Le biberon de lait maternel doit être décongelé au réfrigérateur ou à température ambiante, puis réchauffer progressivement au bain-marie ou avec un chauffe-biberon avant d’être donné aux nourrissons. Dès que la maman rentre du travail il est souhaitable que la mise au sein soit privilégié le plus possible.
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C’est le nombre moyen de mois que dure l’allaitement en France. Pourtant l’OMS préconise une durée d’allaitement maternel exclusif de 6 mois.
Références bibliographiques :
- 1 The Lancet. Breastfeeding: achieving the new normal. The lancet, 2016, 387, 404.
- 2 The Lancet. Breastfeeding in the 21st century: epidemiology, mechanisms, and lifelong effect. The Lancet 2016, 387, 475-490.
- 3 The Lancet. Why invest, and what it will take to improve breastfeeding practices?. The Lancet 2016, 387, 499.
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Cette newsletter vous est proposée ce mois-ci par : Danaé, Benjamin, Céline, Régis et Stéphane
Source : Ça vaut le Diet’Tours – Newsletter n°18, février, Etudiants 2ème année Génie biologique, option Diététique de l’IUT Tours
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Accéder au dossier Allaitement maternel, mixte ou artificiel paru dans Santé log Petite Enfance.
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