J'aurais voulu pouvoir les montrer ;Satyajit Ray, fin analyste du 7eme art

Par Filou49 @blog_bazart
12 mars 2016

  

Présentation de l'éditeur :

SATYAJIT RAY, feu mon père, publia en 1976 son premier recueil d’articles en anglais. Our Films Their Films demeura son unique livre sur le cinéma en cette langue jusqu’à la parution du présent volume – qui comprend des articles écrits à partir de 1949, donc avant qu’il ne devienne cinéaste. Il y avait déjà quelque temps déjà que notre Société avait décidé de réunir en un livre (ou plusieurs) les articles de mon père publiés, de manière dispersée, dans différents journaux et magazines dans notre pays et à l’étranger. Mais nous n’avions pas la moindre idée de leur nombre exact. Mon père n’a jamais pris un soin méticuleux de ses textes publiés.

Nous avions, toutefois, dans nos archives, un petit nombre d’articles. Pour les autres, nous avons lancé une recherche qui s’est avérée difficile car la plupart des quotidiens et périodiques où ils avaient paru avaient cessé d’exister. Au bout du compte, nos efforts nous ont permis de retrouver un certain nombre d’essais et d’entretiens, de longueur variable, qui semblaient fournir, par leurs qualités, la matière d’un livre digne de ce nom. La recherche se poursuit. Ces textes, qui étaient depuis longtemps inaccessibles aux lecteurs contemporains, offrent des aperçus révélateurs sur l’évolution de la pensée de mon père sur certains aspects du cinéma comme art visuel, sur son propre métier de cinéaste et sur son point de vue sur ces autres grands réalisateurs que sont Chaplin, Bergman, Godard et Antonioni.

Sandip Ray

 La citation : 

Bientôt, le cinéma devint non seulement une extension ( complètement différente) du monde qui était le mien, mais il élargit extraordinairement mon imagination auux nombreux et vastes univers de la géoégraphie,de l'histoire, de la mythologie et du fantastique, univers, qui par ailleurs étaient renfermés dans les pages des livres.

Notre avis :

Satyajit Ray,  grand maître du cinéma d’auteur indien est encore un peu trop méconnu du grand public, et depuis sa mort en 1992, a tendance à être tombé dans l'oubli, seuls quelques preux cinéphiles lui vouant un culte effrené.

Il faut dire que cette figure emblématique de la “Renaissance bengali”, héritier spirituel et parfois adaptateur de l’écrivain Rabindranath Tagore Satyajit Ray est surtout connu à l’étranger pour des films d’époque comme la Trilogie d’Apu, Le Salon de Musique ou Charulata. Car Satyajit Ray est l’homme d’un pays,d’une culture:le Bengale,et d’une ville:Calcutta

.Issu d’un milieu d’artistes, Ray,  écrivain et musicien, fonde en 1942 un ciné-club à Bombay puis la Calcutta Film Society en 1947 où il produit des cinéastes américains et européens, notamment les néo-réalistes qui sont très populaires.

Sa rencontre avec le réalisateur Jean Renoir en Inde sur le tournage de son film " Le Fleuve" (voir notre critique ici même) et le visionnage du film Le Voleur de bicyclette de Vittorio de Sica qui le décident à lui aussi se lancer dans la réalisation. 

Mais en parrallèle de ses activités de cinéaste, Ray n'a depuis 1949, et jusqu'à la fin de sa vie jamais cessé d'écrire sur le cinéma, ce que nous montre parfaitement ce "J'aurais voulu pouvoir les montrer" recueil de textes, dessins et conférences de Satyajit Ray, totalement inédits en France., à paraitre le  1er avril prochain chez G3J éditeur - diffusion Actes sud. 

Cet ouvrage, dense et profond s'avère être une excellente introduction à la pensée de Satyajit Ray sur le cinéma, avec une belle préface de l'incontournable  Charles Tesson qui a toujours considéré Ray comme un des plus grands metteurs en scène de l'histoire du cinéma . 

 Alors qu'on pourrait s'attendre à un livre  un peu érudit, comme le sont parfois les écrits sur le cinéma de grands metteurs en scène, ces textes frappent par leur volonté de ne jamais verser dans l'érudition et de chercher à être le plus compréhensible et le plus fluide possible.

Le livre propose  notamment plusieurs textes sur la vision des cinématographies - indiennes, américaines mais aussi françaises que Ray apprécie particulièrement-  ou sur des conseils techniques de réalisations, et certains d'entre eux ont la particularité de s'agrémenter de très beau croquis qui prouve que Ray possédait aussi un joli coup de crayon.

Un livre qui permet de faire connaitre les multiples autres facettes d'un grand maitre du 7ème art, en voilà un objet incontournable que tous les cinéphiles et amoureux de l'histoire du cinéma se doivent de posséder dans leurs bibliothèques.

Cycle Satyajit Ray - BA