« … Ami n’entre pas sans désir dans ces murs voués aux merveilles… » Paul Valéry
Une renaissance. Un retour à la vie, à la lumière, à l’image de l’homme qui renaît sans cesse de ses cendres. Eblouissement de cet éclat de marbre et de verre, ces espaces immenses comme seul, ou presque, les bâtiments du Trocadéro peuvent offrir. Presque cinq ans de travaux, de rénovation, et voilà le papillon sorti de sa chrysalide. Au premier coup d’œil, une réussite, même si le regard se porte d’abord sur ce que Paris a de plus impressionnant. Tout est là, en cinémascope derrière les immenses baies vitrées et bientôt aux premières loges sur la terrasse. La Seine, le Champ-de-Mars, la Tour Eiffel toujours aussi phallique et aussi incongrue, que l’on ne pourrait plus construire aujourd’hui pour ne pas « défigurer » la ville.
Les jours de ciel plombé, on peut jeter un œil sur le nouveau décor du lieu. Fort réussi, avec ces banquettes bien alignées, ces tables bien disposées, ces tons de vert et de gris, ces matériaux de bois rare, cèdre sablé et brossé, et du marbre. Aux commandes de ce nouveau paquebot, Coco pour les intimes et les clients, en fait Coupérie-Eiffel descendante directe du père de la tour, accueillante, vivante, l’œil à tout, enthousiaste, vibrante, en lien essentiel entre les cuisines et la salle. Une salle calme d’ailleurs, paisible même, presque chic dans le désabusé ou le contraire, mais les services se suivent ne se ressemblent rarement. Service impeccable, jeune et joyeux mais efficace, motivé sur ce démarrage tant attendu.
Le chef ? Mickaël Foubert. A la tête d’une cuisine de palace par la taille et le confort de travail. Il sait ce qu’il veut et où il va.
Son Œuf gros en meurette est magnifique, riche en lard, une remarquable sauce au vin à la texture parfaite pour un plat très savoureux.
Il trébuche sur les Légumes et pousses d’automne en salade malgré une construction d’assiette originale et surprenante mais qui s’avèrent un peu fades par manque d’une vinaigrette qui aurait rehaussé le ton.
Viandes de qualité, Côte de cochon noir de Bigorre, sauce charcutière rare et délicieuse, pommes de terre boulangère,
et Filet de bœuf normand, pommes de terre fondantes (c’est vrai) accompagnée d’une belle et goûteuse béarnaise, saisies à la poêle et finies au four ce qui leur donne cette texture si particulière d’aujourd’hui entre le chewing gum et le marshmallow.
Desserts à travailler un peu en dehors des heures de service pour légèrement améliorer la Mousse au chocolat, orange, sorbet orange et la présenter d’une manière moins brouillonne, et ne pas toucher à la bonne Brioche perdue et son excellente glace noisette.
Carte des vins, classée par prix, en tous points remarquables par le choix des appellations, la gamme des prix avec de belles entrées de gamme autour de 35 €, et des vins au verre autour de 10 € parfaitement servis à bonne température et avec présentation des bouteilles. Beau travail. En prime, une carte dite des « Incunables », comme ces livres rares, de grandes bouteilles réservées aux amateurs éclairés ou à la folie d’un soir.
C’est toujours émouvant et passionnant un restaurant qui démarre. On les envie presque d’être dans cette aventure qui déjà roule plus que bien tant dans l’organisation, la vie de la salle, la carte variée et appétissante, un plat en prime d’un chef « invité » en l’occurrence Frédéric Vardon du 39V, les assiettes déjà bien en place, ces petits décalages à corriger, cette cuisine à l’esprit français, actuelle sans tics, goûteuse sans manières et riche sans manières sinon les bonnes. Une belle table est née.
Dans le Musée de l’Homme17, place du Trocadéro et du 11 novembre
75016 Paris
Tél : 01 44 0530 15
www.cafedelhomme.com
M° : Trocadéro
Voiturier (9 €)
Ouvert tous les jours de 12h à 2h
Carte brasserie dans la journée
Carte : 70 € environ