Une entreprise de Québec à la conquête de South by Southwest et d’un marché mondial de 200 milliards de dollars.
Entreprise familiale composée de 4 membres, dont une bachelière en biologie marine et un ingénieur en système maritime, XpertSea connaît déjà un franc succès à l’international et se réjouit de sa récente nomination aux Interactive Innovation Awards à SXSW pour son outil de mesure des organismes aquatiques, le XpertCount.
La technologie à la rescousse de l’aquaculture
Considérant qu’une personne sur neuf dans le monde souffre de la faim et comme les terres, les conditions climatiques et les moyens financiers ne sont pas toujours adéquats, l’aquaculture devient une solution universelle de source alimentaire durable.
En 2010, Valérie Robitaille ne se doutait pas, au moment où elle rédigeait différents articles scientifiques sur la condition et le potentiel des activités d’aquaculture, qu’un aquaculteur indien serait interpellé par ses analyses et allait la mandater de trouver une solution à son problème de gestion des stocks aquatiques. Elle devait identifier une méthode de décomptes de crevettes, plus efficace que la sienne, soit manuellement.
Ainsi, après avoir parcouru différents trade shows pour comprendre les problématiques autour de cette méthode d’élevage, décelé le fossé technologique en aquaculture et avoir réussi avec une équipe une preuve de concept à l’aide d’un simple récipient à déchets, XperCount a vu le jour en 2011 et l’équipe a rapidement identifié le potentiel d’en faire plus.
Considérant qu’une personne sur neuf dans le monde souffre de la faim et comme les terres, les conditions climatiques et les moyens financiers ne sont pas toujours adéquats, l’aquaculture devient une solution universelle de source alimentaire durable. Aussi, avec plus de 300 millions de revenus issus de l’aquaculture par années, la production croît drastiquement. L’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture confirme par ailleurs que la production totale issue de l’aquaculture et des pêches dépassera celle de bœuf, de porc ou de volaille d’ici quelques années. Mais pourquoi? Non seulement pour la logistique et le fait qu’il y a de moins en moins de poissons dans les océans, mais aussi pour les coûts.
«Ça prend 8 grammes de bœuf pour générer un gramme de protéines, tandis que ça prend un gramme de poisson pour produire un gramme de protéine de poisson», m’explique François Robitaille, cofondateur et directeur des finances de XpertSea.
Le fonctionnement du compteur utilise la lumière diffusée pour compter les organismes et un système de vision numérique pour effectuer la caractérisation des organismes. Une fois que tous les organismes ont passé par le système de vision et de lumière diffusée, les informations sont traitées dans le système et apparaissent en temps réel sur le XpertCount en plus d’être emmagasinées dans le nuage pour le centre de données central. L’outil est entièrement fabriqué en interne par une équipe composée d’ingénieurs, de développeurs logiciels, développeurs web, d’actuaire pour la science des données et d’experts en vision numérique. La conception et l’assemblage du XperCount sont effectués à Québec et en Beauce.
Devenir le centre de données en culture aquatique
Après avoir reçu un investissement de 1,25 million à la première ronde en capital de risque, l’équipe a inscrit leur technologie au concours de SXSW afin de se donner de la visibilité auprès des investisseurs des États-Unis pour la prochaine ronde de financement. Les fondateurs ne se cachent pas d’utiliser aussi cette présence pour créer un engouement autour de l’entreprise et attirer les talents dans leur équipe.
«La compétition est féroce pour le talent à Québec, surtout en développement logiciel. Nous croyons que participer à des événements comme SXSW va nous aider à donner de la crédibilité à notre compagnie auprès des candidats», avoue M. Robitaille.
Depuis lors, XpertSea a visité des centaines d’installations d’aquaculture et rencontré des milliers de producteurs dans le monde. Leur objectif? Permettre aux producteurs en aquaculture d’avoir un système de production efficace pour :
- Réduire les déchets, les maladies en aquaculture et limiter les pertes dans l’environnement dues au manque de précision;
- Devenir le centre de données officiel qui recensera l’ensemble des données d’élevage de la planète (DataXpertSea);
- Offrir des services financiers adéquats au même titre que les assurances pour les agriculteurs, ce qui n’existe pas encore pour ce type de culture.
La deuxième version de XpertCount sera en vente dès la mi-mars et permettra aux producteurs d’obtenir les inventaires précis de leurs culture, images, tailles des organismes, leur évolution et transmettre toutes ces données à un portail accessible en tout temps.
Présent dans plus de 25 pays, dont le Brésil, l’Équateur, le Mexique, le Vietnam, l’Indonésie, et Madagascar, une équipe se trouve aussi en permanence en Asie. Le Québec n’est toutefois pas laissé-pour-compte. L’Aquarium de Québec bénéficie de leur technologie et depuis le début l’entreprise collabore avec différents ministères, dont celui de l’Énergie et des Ressources naturelles, et la Chaire de recherche de l’Université du Québec à Rimouski et de l’Université Laval afin de réduire les frais de la production de poissons et de crustacés.
Le gagnant du Interactive Innovation Awards au 23e South by Southwest Interactive Festival sera dévoilé ce mardi 15 mars.