Il y avait en particulier deux carquois complets et des armes métalliques, dont cinq arcs. Ce sont des objets pour la plupart non fonctionnels et inédits en Arabie.
La poursuite des recherches archéologiques, débutées en 2011 dans cette zone, permettra de mieux connaître le système politique, les pratiques sociales et les rituels existant en Arabie à cette époque.
Dirigées par Guillaume Gernez du laboratoire Archéologies et sciences de l'Antiquité (UMR 7041), ces fouilles ont également impliqué le laboratoire Archéorient (UMR 5133).
La région d'Adam se situe à la frontière des oasis et des espaces désertiques d'Oman. Elle était totalement inexplorée du point de vue archéologique avant que la mission archéologique française en Oman central, dirigée depuis 2011 par Guillaume Gernez, n'y effectue ses premières prospections en 2007.
Découvert en 2009, le site dénommé Mudhmar Est est constitué de deux bâtiments principaux et de quelques aménagements annexes. Il est localisé au pied du Jabal Mudhmar, à proximité de l'une des plus grandes vallées omanaises et au carrefour stratégique de plusieurs routes commerciales.
Long de 15 mètres, le plus grand des deux bâtiments, qui repose sur le flanc du Jabal Mudhmar, est constitué de blocs en grès taillés et de briques faites de terre. C'est au sein de cet édifice, dans une petite salle apparemment dépourvue de porte, que l'équipe vient de mettre au jour cet ensemble exceptionnel d'armes en bronze.
Datés de l'âge du fer II (900-600 av. J.-C.), ces objets semblent être tombés des meubles ou des étagères qui les supportaient. Selon une autre hypothèse, ils étaient accrochés aux murs de la pièce.
Au sein de cet ensemble, deux groupes particulièrement remarquables se distinguent.
Le premier est formé de deux petits carquois intégralement en bronze, y compris les six flèches contenues à l'intérieur de chacun d'eux. D'après leurs dimensions (35 cm), il s'agit de modèles réduits imitant des originaux en matériau périssable (cuir), qui ne sont habituellement pas retrouvés lors de fouilles archéologiques. Le fait qu'ils soient ici en métal sous-entend qu’ils n'étaient pas fonctionnels. De tels carquois n'ont jamais été retrouvés en Arabie et sont rarissimes ailleurs.
Le deuxième groupe comprend des armes métalliques, pour la plupart non utilitaires (d'après leurs dimensions légèrement réduites, la matière qui les compose, et/ou leur absence de finition). Il s'agit de cinq haches de combat, de cinq poignards à pommeau en forme de croissant caractéristiques de l'âge du fer II, d'une cinquantaine de pointes de flèches et de cinq arcs complets.
Ces derniers sont formés d'une branche courbée plate, infléchie au niveau des deux extrémités, entre lesquelles est tendue une corde en bronze. La dimension de ces arcs (70 cm en moyenne) et surtout la matière utilisée indiquent qu'il s'agit d'imitations d'arcs en matériaux périssables (bois, tendons).
De tels objets sont totalement inédits : aucun arc en métal n'était connu en Arabie ou au Moyen-Orient jusqu'à présent. Cette découverte exceptionnelle apporte de nouvelles informations sur l'armement pendant l'âge du Fer en Arabie orientale et sur les pratiques sociales à l'époque.
Le caractère non utilitaire de la plupart des armes pourrait indiquer qu'elles ont été conçues pour être offertes à une divinité guerrière, et/ou comme élément-clé de pratiques sociales que les archéologues ignorent encore. La première hypothèse est confortée par la présence, dans le deuxième bâtiment du site, de quelques fragments d'encensoirs en céramique et de petits serpents en bronze, autant d'éléments souvent associés à des pratiques rituelles à cette période. Les fouilles à venir devraient permettre de mieux cerner la fonction du complexe, qui intrigue les archéologues.
Cet ensemble d'armes a été constitué au cours d'une période d'intensification de la production métallurgique observée en Arabie orientale à l'âge du Fer. Cette évolution économique et technique s'est accompagnée d'une complexification sociale attestée par la multiplication des sites fortifiés et de l'architecture monumentale.
Cependant, au sein de cette société sans écriture, connaître le système politique et la structure sociale demeure une tâche ardue. La poursuite de l'exploration archéologique de ce site et de son environnement immédiat, ainsi que de la région centrale d'Oman s'avère ainsi essentielle pour reconstruire l'aube de l'Histoire en Arabie.
Ces travaux ont été effectués avec le soutien notamment du ministère français des Affaires étrangères et du ministère omanais du Patrimoine et de la Culture, du CNRS, de l'ambassade de France en Oman, du Centre français d'archéologie et de sciences sociales au Koweït, de l'Institut des déserts et des steppes à Paris et de la société d'imagerie DIAG à Dubaï.
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