Magazine Séries

The Night Manager (2016) : …et le rythme qui va avec

Publié le 11 mars 2016 par Jfcd @enseriestv

The Night Manager est une nouvelle coproduction anglo-américaine de six épisodes qui est diffusée depuis la fin février sur les ondes de BBC One en Angleterre et se retrouvera plus tard en avril dans la grille horaire d’AMC aux États-Unis. L’histoire tourne autour de Jonathan Pine (Tom Hiddleston),  un ancien soldat britannique recyclé en gérant de nuit dans un hôtel en Égypte. Suite à un meurtre et par un étonnant concours de circonstances, il est recruté par Angela Burr (Olivia Colman), une agente du MI6 afin d’espionner et éventuellement de contribuer à l’arrestation de Richard Roper (Hugh Laurie), un important trafiquant d’armes décrit comme étant « l’homme le plus dangereux du monde ». L’entreprise est laborieuse, mais avec un homme comme Jonathan, elle pourrait bien fonctionner. Adaptation du roman éponyme de 1993 de John le Carré, The Night Manager, passé quelques incongruités de base nous séduit en grande partie pour son rythme lent, ce qui est assez rare, surtout lorsqu’il s’agit d’un drame d’espionnage. Et avec une si convaincante brochette d’acteurs, la tentation de se rendre jusqu’à son dénouement est grande.

The Night Manager (2016) : …et le rythme qui va avec

Espion improvisé

On le constate dès la première scène qui nous amène au Caire en 2011 en plein « printemps arabe », une foule déchaînée scande des slogans haineux devant l’hôtel Nefertiti où travaille Jonathan, mais jamais ce dernier ne cède à la panique. Ce sont du moins en partie ces nerfs d’acier qui attirent l’attention de Sophie Alekan (Aure Atika), la maîtresse d’un riche homme d’affaires qui a en sa possession plusieurs documents concernant la vente illégale d’armes à feu en lien avec Roper. Celle-ci les montre à Jonathan qui lui, les partage avec l’ambassade britannique et entre-temps ils deviennent amants. Mais voilà que Sophie paie cher sa trahison puisque peu de temps après, elle est retrouvée assassinée et c’est l’élément déclencheur pour Jonathan qui quelques années plus tard après avoir rencontré Richard par hasard en Suisse, approche Angela, bien décidé à lui régler son compte. Suite à un compliqué stratagème, il parvient à s’insérer à l’intérieur du clan et gagne lentement mais sûrement la confiance de Richard,  son jeune fils Daniel (Noah Jupe), puis, Jed (Elizabeth Debicki), la maîtresse de maison qui semble cacher de lourds secrets. Reste le bras droit du patron, Corcoran (Tom Hollander) qui ne lui fait toujours pas confiance, mais reste qu’après trois épisodes, l’opération se déroule à merveille… pour le moment.

Le premier épisode nous laisse quelque peu pantois quant aux motivations de Jonathan. C’est que ses moments passés avec Sophie demeurent somme toute superficiels et le fait que sa mort le motive à quitter son confort pour se lancer dans une mission aussi périlleuse nous confirme tout au plus qu’il s’agissait d’un homme en mal d’aventure. Plus étonnant encore est le fait qu’une agente du MI6 comme Angela lui accorde cette mission alors que normalement, des agents de ce genre suivent des mois, sinon des années de formation.  En même temps, l’opération est tellement délicate que même le MI6 est tenu délibérément à l’écart des grands détails. C’est beaucoup de pression sur les épaules d’un amateur.

The Night Manager (2016) : …et le rythme qui va avec

The Night Manager est une minisérie d’espionnage et étonnement, c’est à peine si Jonathan a fait des progrès à la mi-saison. Il faut dire qu’en fin de deuxième épisode, il venait tout juste d’intégrer la maison des Roper et qu’aucun lien de confiance n’était encore tissé. Cette lenteur est par contre diablement efficace. En premier lieu, on joue sur les sauts dans le temps question d’attiser assez la curiosité des téléspectateurs. Par exemple, on a ce plan en deuxième semaine de la cuisine d’une maison louée par Jonathan tachée de sang et on entend par la suite la propriétaire témoigner devant la police. Puis, on retourne quelques mois auparavant et il ne nous reste plus qu’à suivre l’évolution.

À cette technique récurrente que l’on retrouve au cours des épisodes, la minutie avec laquelle procède Jonathan est tout simplement fascinante. L’avantage ici est que la coproduction met davantage l’accent sur la relation de confiance qu’est en train de bâtir Jonathan avec le clan plutôt que de nous assommer avec une minutie de détails et d’enjeux qui de toute façon nous passeraient par-dessus la tête. Et pour ceux qui auraient espéré assister à une avalanche de cascades tout au long de la série comme le suggérait la bande-annonce seront assurément déçu, quoique… on sent de plus en plus la soupe chaude et que le couvercle va assurément sauter.

The Night Manager (2016) : …et le rythme qui va avec

Oublier Québec

Adapter un livre à la télévision nécessite indubitablement des changements puisque les codes ne sont pas les mêmes et bien que les adaptations de John le Carré au grand écran soient nombreuses, The Night Manager convenait bien plus au format sériel parce que c’est sur le long terme que lentement, mais sûrement l’ouvrage nous séduit. Par contre, entre le budget d’un blockbuster et celui d’une série, il y a tout de même une marge si bien que pour des raisons budgétaires, on a passablement limité les déplacements de notre espion qui dans l’histoire originale passait un certain temps en Amérique Centrale en plus d’un village dans le nord du Québec. Dans la version de la BBC, il reste en Europe et c’est le soleil d’Espagne qui se substitue à celui des Bahamas. Reste que l’histoire en général n’en est pas altérée de l’aveu même de le Carré. Quant aux coupures imposées, la chaîne publique nationale devra constamment jongler entre économies et qualité comme en fait foi cet article du Telegraph et force est d’admettre qu’elle s’en sort avec brio dans ce cas-ci.

The Night Manager a vraisemblablement trouvé son public puisque son premier épisode a attiré 8,25 millions de téléspectateurs, se classant ainsi au deuxième rang de la semaine du 15 février, toutes chaînes confondues, à égalité avec Happy Valley tandis que la semaine suivante, on assistait à un léger bond à 8,42 millions, toujours au second rang de l’audimat. Quant à Jonathan, interprété par le magnétique Tom Hiddleston, il s’agit d’un visage à mémoriser puisque certains le pressentent déjà pour remplacer Daniel Craig dans le mythique rôle de James Bond… quoi que pour l’instant, ce sont Tom Hardy et Aidan Turner qui ont la cote!


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Jfcd 558 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine