Comme je suis en pleine écriture de mes « Mémoires », autant continuer à vous faire partager la lecture de quelques phrases. Celles-ci concernent notre apparence, la vision qu’ont les autres de ce que nous sommes et de ce que nous faisons. Je suis arrivé en 1969/1970 et je présentais Cap de Nuit avec Marc Moulin.
« J’avais toujours eu horreur du mot « travail », lié dans mon esprit à un travail pénible et répétitif, et je ne l’utilisais que rarement. Je ne mettais en avant que le bon côté des choses. J’oubliais que la perception des autres pouvait être différente. Cette prétendue joie de vivre que j’affichais cachait la difficulté et la fatigue de mes activités, occultait l’angoisse de l’avenir et les soucis financiers.
Faire sérieusement même les choses qui semblaient peu sérieuses, au fond.
Bien sûr, j’appliquais cette façon d’être en famille, mais aussi auprès de mes collaborateurs et surtout du public. Celui-ci ne devait pas imaginer les coulisses et la préparation du spectacle, cela aurait gâché la fête elle-même.
Un des effets secondaires fut aussi qu’on ne me prenait pas au sérieux dans certains milieux. Tout le monde ne pouvait pas avoir la subtilité d’esprit de Marc Moulin, qui avait compris que sous le rire, voire le fou rire, je dissimulais bien autre chose.
Même le grand patron de la RTBF pensait ainsi, sans doute par manque d’attention ou d’intérêt. Alors qu’il quittait ses fonctions d’Administrateur Général et, en spécialiste de la musique qu’il était (il avait créé la chaîne de musique classique), prenait la direction, entre autres, du Conseil de la musique, il me confia un travail assez difficile de rédaction d’un Dictionnaire de la chanson en Wallonie et à Bruxelles.
Je lui rentrai le dossier complet, ficelé, correctement rédigé bien avant le délai souhaité. Il l’examina et puis m’avoua : « Jamais, je n’aurais cru que vous pouviez travailler aussi sérieusement ! »
Il avait été mon directeur durant plus de 20 ans…