Après le décevant Parkland en 2013, Peter Landesman revient à la réalisation avec Seul contre tous (Concussion en VO), un drame s’inspirant de faits réels avec Will Smith dans le rôle principal. Il interprète le Dr Bennet Omalu, un neuropathologiste de médecine légale qui a mené un combat digne de David contre Goliath : il fut en effet le premier à découvrir l’encéphalopathie traumatique chronique (CTE), une affection cérébrale liée à la pratique du football chez les joueurs professionnels, et s’est démené pour révéler son existence contre ceux que cela gênait. La croisade d’Omalu l’opposa dangereusement à l’une des institutions les plus puissantes du monde…
Sans être un grand film, Seul contre tous se révèle tout de même intéressant à plus d’un titres. A commencer par son scénario, qui aborde un sujet étonnant – l’encéphalopathie traumatique chronique chez les joueurs de football – autour duquel gravite une multitude de thématiques passionnantes : le combat déséquilibré entre un docteur et une puissante institution, bien sûr, mais aussi le rôle des médias dans la société, la reconnaissance professionnelle et l’intégration. Malheureusement, tous les sujets ne bénéficient pas de la profondeur qu’ils mériteraient et l’ensemble s’avère, du coup, relativement inégal. Sans compter que les raccourcis faciles visant à appuyer artificiellement une idée sont également assez nombreux, ce qui affaiblit le propos. Et aussi le rythme puisque le film peine dès lors à captiver sur tous les tableaux. Néanmoins, on saluera tout de même la volonté de nuancer le message en ne proposant pas un long-métrage pro ou anti football. Effectivement, les choses sont nettement plus compliquées que cela et, même si le film se montre maladroit, et souvent creux, il a au moins le mérite d’essayer d’exprimer cette complexité.
Malgré tout, on ne peut s’empêcher de penser qu’au regard du postulat de départ, le résultat final est bien plat… et clairement en dessous des attentes suscitées. Heureusement, les acteurs font le boulot et maintiennent l’intérêt pendant près de 2 heures. En particulier Will Smith qui livre ici une performance convaincante. A la lecture du pitch, je ne me serais pas forcément dirigé vers cet acteur pour un tel rôle mais, après coup, je dois reconnaître qu’il m’a complètement convaincu. Son accent anglais est remarquable et son investissement total. Grâce à son incroyable intensité dramatique, il parvient avec brio à transcender des scènes pourtant loin d’être mémorables. Ce qui est quand même le propre des grands ! Côté réalisation, le constat est en revanche moins réjouissant puisqu’à l’instar du script, la mise en scène de Peter Landesman patine, et paraît même parfois complètement figée. Sans envergure et extrêmement académique, elle ne parvient jamais à sublimer un propos qui semble condamné à rester en surface. Aussi riches soient les sujets abordés, ils ne sont en effet jamais traités en profondeur, tout au plus effleurés.Malgré un Will Smith investi et un sujet de départ plutôt riche, Seul contre tous s’avère donc être un drame terriblement perfectible. Handicapé par une réalisation plate et un scénario trop tendre, le film manque malheureusement trop de profondeur que pour véritablement convaincre. Sympathique mais totalement dispensable !