Même en solo, elle ne sont jamais seules. Pour autant, cela fait un moment que je remarque que, quand il s’agit d’une artiste, ou d’un groupe mené par une fille, quelque chose d’autre se passe. Aujourd’hui, plus que jamais, je sais qu’elles ne sont pas reconnues à leur juste valeur, tout du moins, pas autant que si elles avaient été des hommes. Une autre fois, il faudra s’attacher à ces artistes, des hommes, qui flirtent sur les frontières et permettent de décloisonner cette fameuse séparation trop rigide entre homme et femme. D’ailleurs, des artistes comme Antony Hegarty ou DJ Sprinkles auraient pu ou dû figurer également ici. Bon, elles (oui, elles, puisque ce sont des « transgenres ») ont au moins l’honneur de figurer au début de cet hommage.
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Christine And The Queens, « Who is it », in Christine And The Queens (2015)
Cette reprise, qui ne figure que sur la version promo de Chaleur Humaine, est tout simplement splendide. Nous sommes habitués, depuis toujours, à ce que les chansons de Michael Jackson soient samplées, mais des reprises sont tellement rares. Ah, et il est vrai que, comme je l’avais mentionné il y a quelques mois déjà, au moment de parler de son duo avec Perfume Genius, il faudra quand même bien, un jour, que je me penche sérieusement sur le premier album de Christine And The Queens, vu les louanges qu’elle reçoit de par le monde.
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Ibeyi, « Oya », in Ibeyi (2015)
Pour faire simple, ce duo franco-cubain n’est, à mon goût, pas encore au top de ce à quoi les deux soeurs semblent promises. Mais avec ce premier album, dont « Oya » est sans l’ombre d’un doute l’un des meilleurs titres, elles ont réussi l’exploit de traverser presque toutes les frontières qui restent le plus souvent fermées à des artistes Made in France.
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Lorde, « Buzzcut season », in Pure Heroine (2014)
Ex aequo en terme d’impact avec « Biting down », qui clôt l’EP The Love Club de la néozélandaise, bien que dans un tout autre style, « Buzzcut season » est sans hésitation une chanson dont on ne peut que tomber amoureux. J’en frissonne à chaque écoute.
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Jessy Lanza, « Fuck diamond », in Pull My Hair Back (2013)
Le premier album de la Canadienne est si bon que n’importe lequel des neuf titres qui le composent pourrait suffire à le représenter. Cela ne signifiant pas qu’ils se ressemblent, au contraire. « Fuck diamond » me paraît alors parfait pour illustrer les facettes de Jessy Lanza. Faussement facile, c’est une petite bombe à vous couper le souffle.
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Grimes, « Genesis », in Visions (2012)
En 2012, peu d’albums auront réussi à faire autant parler d’eux que le troisième opus de la Canadienne. L’un des tout premiers singles, sortis en amont de Visions, m’aura littéralement scotché et obligé à attendre, impatiemment, la sortie de l’album. Quatre ans plus tard, « Genesis » semble toujours aussi énorme, efficace, et, finalement, simple. Grimes est géniale, et ce titre seul le démontre à jamais.
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Peaches, « Why don’t you talk to me », in I Feel Cream (2009)
S’il n’est nul besoin de présenter la Canadienne (Madonna ou Marilyn Manson n’ont qu’à bien se tenir), elle ne passe non plus tout son temps à tenter une provocation. Elle s’attache ni plus ni moins à être elle-même, assurément bien dans sa peau et sans gêne de le crier haut et fort. Ici, les hommes sont effectivement relégués au second plan : mais, pas de souci, Peaches ne les laisse pas s’endormir.
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Robyn, « Time machine », in Body Talk (2009)
Il ne faut pas croire que la Suédoise soit une chanteuse pop écervelée. Sinon, comment expliquer son succès critique, ainsi que ses nombreux collaborateurs prestigieux (Röyksopp, Snoop Dogg). Dispatché sur 3 EPs, Body Talk contient une vingtaine de titres originaux, dont ce magnifique « Time machine ». Tant pis si jamais vous n’accrochez pas. Vous pouvez passez votre chemin. Moi, je reste avec elle.
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Yeah Yeah Yeahs, « Dull life », in It’s Blitz! (2009)
Le nom du groupe, la photo choisie pour le visuel de l’album, le titre de ce dernier, le titre du morceau qui résume mon adoration de ce trio rock new-yorkais ultra-tendance, tout est là pour m’empêcher d’expliquer pourquoi ils sont là. Je vous laisse donc aller découvrir seuls, mais je vous donne un indice : la chanteuse Keren O y est pour quelque chose.
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Buika, « Volverás », in Niña De Fuego (2008)
La chanteuse espagnole Concha Buika avait déjà sorti des disques avant Niña De Fuego. Mais c’est bien à partir de celui-ci, plus encore que le précédent Mi Niña Lola qui était déjà une première réussite de bout en bout, qu’elle parvient à marier son propre style à l’ensemble de ses influences, andalouse, africaine ou américaine. Notamment avec l’aide de son ami, collaborateur et producteur Javier Limón, lequel, pour « Volverás », lui a écrit et composé ni plus ni moins qu’un gant de velours. Pour les mauvaises langues, je vous rassure tout de suite : elle écrit ou compose elle aussi nombre des titres qu’elle enregistre.
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Emilíana Torrini, « Dead duck », in Me And Armini (2008)
Non mais, quel titre ! Je me souviens encore ma première écoute de Me And Armini : c’était sympa, les premières chansons se suivaient, mais je savais que j’allais vite arrêter. Pourtant, non, je n’ai pas réussi à presser sur « stop » et les douze titres ont donc défilé. Aujourd’hui, l’Islandaise est l’une de mes voix préférées. Après avoir hésiter avec le splendide « Birds », j’avoue que c’est « Dead duck » qui l’emporte sur le fil tant son final est grandiose ! Mais, pourquoi ces paroles si étranges ? Vous ne comprenez pas l’anglais ? Pas grave, la chanson est si belle que rien d’autre ne vous importera de toute façon.
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Amy Winehouse, « Back to Black », in Back To Black (2006)
Malheureusement, je ne dirai rien de nouveau. Mais « Back to black » était et reste d’une beauté rare, peut-être parce que la souffrance de l’Anglaise y était, plus qu’ailleurs, sanguine. Elle nous manque. Sa musique et sa voix nous réchauffe pourtant, nous. Une étoile – éteinte – qui brille encore.
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Bebe, « Malo », in Pafueratelarañas (2004)
Le plus grand tube de l’Espagnole est aussi celui qui l’a fait connaître en dehors de chez elle. Au vu de la prestation de la chanteuse sur cette chanson, difficile d’oublier de la citer dans cette liste. D’ailleurs, « Malo » pourrait tout à fait résumer le pourquoi de cette liste si féminine. A bon entendeur.
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Miss Kittin, « Dub about me », in I Com (2004)
S’il est véritablement difficile de définir le genre dans lequel évolue la Française, l’étiquette musique électronique semble largement suffisante. Ensuite, écoutez par exemple ce titre, sur lequel elle chante, en anglais avec toujours un léger accent français. Tour simplement splendide !
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Tori Amos, « I can’t see New York », in Scarlet’s Walk (2003)
Choisir un seul titre de Tori Amos est très difficile, même en se restreignant à un seul album. « I can’t see New York » n’est que l’un de plusieurs moments phares d’un album très touchant. Pour autant, c’est assurément la chanson la plus émouvante puisque l’Américaine y évoque le 11 septembre 2011… Le tout en 7 minutes frissonnantes !
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Björk, « All is full of love », in Greatest Hits (2003)
S’agit-il de la meilleure chanson de l’Islandaise de toute sa carrière ? Difficile à dire tant il y aurait d’autres évidences dans chacun de ses albums. Malgré tout, rarement elle aura atteint une telle cime, comme c’est le cas sur cette version – très éloignée de la version coproduite par Howie B et qui terminait Homogenic – qui est aussi sublime que le vidéoclip de Chris Cunningham. Assurément, l’un des meilleurs clips de tous les temps.
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Ojos De Brujo, « Tiempo de soleá », in Barí (2002)
En 2002, je découvrais ce groupe lors d’une prestation live sur la TVE. Depuis, je crois ne pas avoir lâché ce groupe, en tout cas, pas leur musique. Barí, deuxième de quatre albums au total (les différents membres ont presque tous créé de nouveaux projets), dévoilait pour moi comme pour des milliers d’Espagnols d’abord et, très vite, à travers le monde, essentiellement l’Amérique (latine, donc incluant les Etats-Unis) le nuevo flamenco. Et, grâce à sa chanteuse Marina Abad (qui va sortir un second album sous le nom de Marinah), difficile de ne pas succomber. Certes, elle est seule au milieu de peu importe combien d’hommes. Non pas qu’elle les supplante tous ; mais c’est bien elle la « leader » du groupe, la porte-parole, le charisme. Enfin, comme sur ce premier titre, elle n’est jamais éloigné de l’écriture des morceaux. Pas mal, diraient certains.
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Goldfrapp, « Utopia », in Felt Mountain (2000)
Si, aujourd’hui, Tales Of Us est probablement mon préféré du duo, le tout premier album des Anglais demeure la référence. La voix d’Alison Goldfrapp (tout comme son patronyme) sont, plus que jamais, inimitables. Et, avec « Utopia », on ne peut que comprendre pourquoi elle a envoûté et continue d’envoûter tant de personnes. Magique !
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PJ Harvey, « A place called home », in Stories From The City, Stories From The Sea (2000)
Nombreux sont ceux qui critiquent encore cet album. Ce même album qui reçut, à l’inverse, le prix Mercury (comme, dix ans plus tard, Let England Shake). Si son duo avec Thom Yorke demeure à ce jour énigme pour moi, plusieurs chansons sont tout simplement épatantes. Parmi elles, « A place called home » m’emporte avec elle, grâce à une symbiose parfaite entre musique, chant et, surtout, des paroles aussi simples qu’efficaces.
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Madonna, « Music », in Music (2000)
Avec Michael Jackson, c’est elle qui peut résumer mon enfance musicale. Est-ce un hasard s’il s’agit d’un homme et d’une femme ? Je en sais pas. Une chose est sure, c’est avec son tube « Music » que je me suis libéré d’aimer une artiste féminine, alors qu’elle est une icône davantage adorée par soit les femmes, soit les homosexuels. N’étant ni l’un, ni l’autre, je me souviens encore d’une amie ne me croyant pas en apprenant que j’avais acheté son Greatest Hits Volume 2 en 2001. Sans elle, certaines artistes précédemment citées n’auraient jamais pu avoir la carrière qu’elles ont eu. Aujourd’hui, objectivement, Madonna n’est plus une lanceuse de tendances. Mais « Music », produit par le français Mirwais, et accompagné par son clip monumental avec le culte Sacha Baron Cohen, lui a permis de rentrer dans le troisième millénaire sans l’ombre d’une concurrence possible.
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Amaral, « Dile A La Rabia », in Amaral (1998)
Si j’avais découvert le duo avec « Sin ti no soy nada », extrait de leur troisième album, lequel fut un succès monumental en Espagne, ce fut, après maintes écoutes de ce disque que je finis par aller plus loin. C’est-à-dire, en écoutant leurs premiers studios : Una Pequeña Parte Del Mundo et, surtout, leur premier album éponyme. Portant le nom de la chanteuse Eva Amaral, difficile de ne pas ressentir toute la féminité de la musique du duo. De même, les paroles sont superbes d’expressivités, comme sur ce titre que j’affectionne tout particulièrement.
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Alanis Morissette, « One », in Supposed Former Infatuation Junkie (1998)
Dans la seconde moitié des années 90, elle était l’une des artistes les plus importantes, grâce à Jagged Little Pill. Malgré ses tubes imparables ou encore la présence de Flea et Dave Navarro (des Red Hot Chili Peppers époque One Hot Minute), l’album ne m’aura jamais convaincu. Son successeur, dès son premier single « Thank you », m’a à l’inverse très vite touché. D’ailleurs, plusieurs chansons dont « Thank you » ont failli se retrouver choisi ici. Mais en écoutant « One », il est impossible de faire autrement que d’oublier tout le reste. Oui, ce titre est à ce point réussi.
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Shakira, « Ciega, sordomuda », in Dónde están los ladrones? (1998)
La Colombienne qu’on ne présente plus a, d’abord, été l’une des plus belles voix d’Amérique latine. Non qu’elle ne le soit plus, mais la langue de Cervantes lui allait si bien, ajoutant du charisme à son charme naturel (ou est-ce l’inverse ?). Sur ses premiers albums en espagnol (ou en castillan), elle illuminait littéralement tout autour d’elle. « Ciega, sordomuda », également présent – heureusement d’ailleurs – sur sa compilation Grandes Exitos ou Greatest Hits de 2002, reste l’un des plus beaux moments avant 2001 et son entrée dans la fama mundial.
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Natalie Imbruglia, « Torn », in Left Of The Middle (1997)
En 1997, je ne le nierai pas : j’étais complètement amoureux de la chanteuse australienne. Et, bientôt vingt ans plus tard, je comprends toujours pourquoi. Produit par et composée avec Phil Thornalley (ancien membre de The Cure) et mixée par Nigel Godrich (OK Computer allait définitivement l’installer au firmament cette même année). Bref. J’étais amoureux d’elle, mais c’est bien avec « Torn » qu’elle m’envoûtait.
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Everything But The Girl, « Walking wounded », in Walking Wounded (1996)
L’un des couples anglais les plus emblématiques des années 80 et 90 aura terminé sa discographie en beauté en 1998. La chanson éponyme, du haut de ses six minutes, explore plus jamais la symbiose quasi-parfaite entre tout le talent de composition de Ben Watt et la voix somptueuse de Tracey Thorn. Cette dernière demeure une voix phare des années 90, que ce soit grâce au tube monstrueux « Missing » ou sa participation à à la chanson éponyme du deuxième album de Massive Attack, Protection.
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Sheryl Crow, « If it makes you happy », in Sheryl Crow (1996)
J’avais beaucoup aimé « All I wanna do » de son premier album. Mais c’est avec le suivant, l’éponyme, et son premier single, que j’ai craqué. Certes, « Redemption day » est lui aussi superbe, lui, qui suit « If it makes you happy » dans l’album. Mais sans le gros son de guitares du single, alors en pleine époque rock, l’uppercut n’aura pas été aussi décisif. KO, je l’étais, je le reste.
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(in heepro.wordpress.com, initialement publié le 08/03/2016, mis à jour le 10/08/2016)