L’incertitude et la capacité à la percevoir semble un trait spécifiquement humain qui participe à déclencher la communication avec les autres dans le but de partager alors des données pour pouvoir ainsi atteindre l’objectif. En cela, l’incertitude participe à la sociabilité. Mais c’est également un bon exemple -ou l’un des processus de base- de la métacognition ou de la conscience d’un processus mental.Cependant cette capacité est-elle présente au tout début du développement, ou se développe-t-elle plus tard, avec le langage par exemple ? Cette étude d’une équipe du CNRS montre que les petits enfants sont en mesure de prendre conscience et de communiquer leur propre incertitude et de demander l’aide stratégique dont ils ont alors besoin. Et cela, dès l’âge de 20 mois. Ces conclusions, présentées dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine, suggèrent ainsi que la métacognition -ou la cognition sur la cognition- se développe bien plus tôt qu’on ne le pensait.
L’étude, menée auprès de 80 nourrissons âgés de 20 mois, montre leur capacité à percevoir, réaliser et évaluer leurs niveaux d’incertitude et à partager de manière non verbale cette information avec d’autres pour surmonter le doute ou l’obstacle. Le test consistait à vérifier si ces nourrissons, lors d’une tâche de mémoire non verbale, demanderaient de l’aide, en cas d’incertitude. Les enfants devaient se rappeler l’emplacement d’un jouet caché sous l’une des 2 boîtes placées sur une table en pointant le doigt vers la boîte contenant le jouet. Mais, dans certains cas, le jouet n’était pas caché sous l’une des boîtes, mais derrière le rideau. Dans ces cas, les nourrissons demandaient de l’aide en regardant leurs parents dans les yeux. Cette communication non verbale de l’incertitude partagée avec les parents, suggère cette capacité des enfants à réaliser le processus mental de doute, et à demander de l’aide pour s’en sortir.
Cette capacité de ressentir l’incertitude est un exemple de base de la métacognition, qui permet finalement aux humains d’adapter leurs stratégies de prise de décision en fonction de leurs connaissances. Et seuls les humains semblent posséder cette capacité de communiquer explicitement leur propre incertitude aux autres, précisent les auteurs. Leurs résultats démontrent que les enfants sont de manière très précoce capables d’analyser leurs processus mentaux et de partager ces données avec les autres pour prendre les meilleures décisions.
Source: PNAS January 27, 2016 doi: 10.1073/pnas.1515129113 Infants ask for help when they know they don’t know
Plus de 50 étudessur le Développement de l’enfant