Paris, le 13 juin 2008. En dépit du plan de sauvetage du thon rouge adopté en 2006 et de l’annonce d’un plan de contrôle sans précédent par l’Union européenne (UE) pour la campagne de pêche en cours, les irrégularités se multiplient en Méditerranée. L’annonce, confirmée hier par l’Agence Européenne de Contrôle des Pêches de 28 observations de vols d’avions de repérage des bans de thon, pourtant formellement interdits depuis juin 2007, en est le dernier épisode. Greenpeace avait la semaine dernière alerté les autorités sur ces pratiques persistantes. Une grande partie des captures effectuées cette année sont donc illégales. Greenpeace demande que toute la lumière soit faite sur ces irrégularités et que tous les poissons capturés illégalement soient relâchés.
Greenpeace interpelle fermement les autorités responsables de la gestion du stock de thon rouge sur plusieurs points essentiels :
- Qu’en est-il du programme d’embarquement d’observateurs à bord des bateaux ? Les avions ont-ils été vus par ces observateurs et dans ce cas quelles suites ont été données à leurs rapports ? Pourquoi les bateaux bénéficiaires de ces services interdits ont-ils continué à pêcher ?
- Quels sont les résultats intermédiaires du plan de contrôle annoncé en mars dernier ? Des infractions ont-elles été sanctionnées ? Des interceptions ont-elles eu lieu ?
La loi du silence, prédominante dans le monde de la pêche, semble déteindre sur les autorités : ces questions restent sans réponse… Or, comme souvent, la transparence constitue un important gage de crédibilité de l’action et un outil fondamental de saine gouvernance.
« Depuis plusieurs années nous dénonçons le fait que cette pêcherie échappe à tout contrôle du fait de l’incurie de ses autorités de tutelle, déclare Stéphan Beaucher, responsable de la campagne Océans de Greenpeace France. Or, cette situation perdure. Jusqu’à quand une partie de plus en plus importante du monde de la pêche va-t-elle accepter de se faire flouer par les agissements de certains ? Qu’attendent les autorités pour mettre un terme à ce qui s’apparente ni plus ni moins à une curée ? »
Dans tous les cas, la présence massive de ces avions de repérage provoque une situation inédite : pour 28 observations, combien de vols sont passés inaperçus et combien de bans de thons ont été capturés ? « Jusqu’alors, on avait des captures illégales clandestines ; ce n’est en l’occurrence plus le cas puisque les autorités reconnaissent avoir eu connaissance de ces survols. On peut estimer que plus de la moitié des captures sont illégales ; la moitié des thons actuellement en fermes ou en cours de transfert doivent être rendus à la Méditerranée et à la communauté internationale. Les autorités doivent mettre en œuvre les moyens nécessaires pour que ces poissons soient relâchés vivants. Si l’on veut sauver le thon et sa pêcherie, c’est cette année qu’il faut le faire », conclut Stéphan Beaucher.
Cette année, l’ICCAT a autorisé la capture de 28 500 tonnes de thons rouge en Méditerranée alors la communauté scientifique préconise un seuil maximal de 15 000 tonnes voire un moratoire sur la pêcherie. 15 ans de pêche intensive industrielle ont amené cette ressource au bord de l’effondrement alors que le thon est exploité depuis 4 000 ans sur le pourtour du bassin méditerranéen.