Paris, le 13 juin 2008. Greenpeace prend acte de l’annonce de la décision de la Commission européenne de fermer de manière anticipée la pêche du thon rouge à la senne en Méditerranée du fait du risque de dépassement des quotas. L’organisation rappelle cependant que les quotas alloués par l’Union européenne ces dernières années demeurent beaucoup trop élevés eu égard à l’état dramatique de la ressource halieutique et ne suivent jamais les préconisations radicalement à la baisse des scientifiques. La fermeture anticipée de la pêche annoncée aujourd’hui à 12 heures ne doit pas être interprétée seulement comme la fin de la saison mais comme une première étape d’un processus plus étendu et qui doit nécessairement conduire à une réduction drastique des quotas. En novembre prochain, l’ICCAT (Commission Internationale de Conservations des Thonidés de l’Atlantique) devra ainsi décider des révisions qu’elle apporte à son plan de sauvetage sur 15 ans mis en place en 2006.
« La fermeture anticipée résulte du fait que les quotas sont atteints dans le décompte établi par la Commission. Elle intervient également au moment où de graves irrégularités ont été rendues publiques. Elle vient aussi en quelque sorte sanctionner ces irrégularités », a réagi Stéphan Beaucher, responsable de la campagne Océans de Greenpeace France.
Greenpeace demande que tous les thons pêchés ou mis en cage d’engraissement dans un contexte d’irrégularité (recours aux avions de repérage, à des remorqueurs ou des bateaux non entregistrés ou utilisant des pavillons de complaisance) soient déclarés illégaux.
Cette année, les autorités européennes disposent en temps réel d’une masse de données sur la pêcherie qu’elles doivent maintenant exploiter. Elles doivent demander à toutes les fermes d’engraissement de justifier l’origine de tous les thons qu’elles ont en cage. Tous les poissons illégaux doivent être libérés et les acteurs impliqués doivent être sanctionnés. « Comment le plan de sauvetage sur 15 ans pourrait-il être crédible sans cela ? », a poursuivi Stéphan Beaucher.
Lors de la prochaine réunion de l’ICAAT en novembre, Greenpeace réitèrera sa demande d’un moratoire sur la pêche au thon rouge de Méditerranée. Ce moratoire trouve dans la décision d’aujourd’hui toute sa légitimité et aura un double intérêt :
- Laisser à la ressource thon rouge le temps d’entamer sa régénération.
- Permettre de mettre en œuvre la nécessaire restructuration de la pêcherie avec notamment une réflexion de fond sur l’effort de pêche.
« Cette pêcherie est à la fois surcapacitaire et surcapitalisée. On ne pourra pas empêcher les excès sans un redimensionnement des flottilles. Ce n’est qu’à ce prix que l’on pourra parler d’un avenir pour cette pêcherie qui n’est actuellement pas viable et n’assure sa survie qu’en précipitant le stock vers l’effondrement. Les pêcheurs qui refusent ce modèle industriel non durable par excellence sont de plus en plus nombreux. Dans tous les cas les membres de qui se réuniront à l’ICCAT en novembre prochain auront plus que jamais une lourde responsabilité et devront prendre des décisions à la mesure des enjeux », a conclu le représentant de Greenpeace France.