Michael Cimino met en scène, avec L'Année du Dragon, la confrontation entre un idéal chevillé au corps de l'Amérique et la naissance d'une politique souterraine étrangère et pourtant familière au continent. Car la corruption n'a pas que la couleur pétillante de l'Asie, tout comme l'aveuglement démocratique ne va pas sans zones d'ombres.
Trente ans après sa sortie, L'Année du Dragon ne cesse de prendre de la valeur. Sa richesse thématique n'a quasiment jamais été surpassée, autant dans son traitement policier que dans la composition de personnages intimement liés au clair-obscur. Les contrastes nichés au coeur de la peinture d'un Chinatown gangstérisé sont si multiples que le film s'impose vite comme une immense peinture américaine.
Visuellement également, le film est un éblouissement. Avec un soin du détail définitif, Cimino donne une prestance iconique à sa peinture sociale, grandement aidé par le charisme éclatant de Mickey Rourke. Son final, magnifique pied-de-nez à ses détracteurs, font de L'Année du Dragon une oeuvre qu'on ne produirait malheureusement plus aujourd'hui, et qu'on chéri d'admiration
L'Année du Dragon sort aujourd'hui dans un sublime coffret Blu-Ray + Livre, mais aussi dans un simple boîtier Blu-ray. Le même jour en blu-ray une autre curiosité du cinéaste que nous avons testé pour vous.
Avis
Bienvenue chez Carlotta, maison d'édition qui bichonne ses classiques avec un amour cinéphile. Pour son deuxième numéro de sa collection "Ultra-Collector", l'éditeur vous offre un immense pavé de 208 pages intitulé "L'ordre et le Chaos" dans lequel s'offre à vos mirettes passionnées : le scénario du film, des notes de productions... Voilà qui fait déjà un beau cadeau.
Sur le plan technique, on ne doute pas des efforts consentis par l'éditeur. Le grain est heureusement restitué, le piqué est des plus convaincants et la définition suit de même. Toutefois, on regrettera un peu la faiblesse des séquences en basse-lumière et un négatif qui n'a pas été nettoyé de toutes ses scories, comme en témoigne le générique d'ouverture. La piste en DTS-HD Master Audio 5.1 est là pour nous faire oublier cet état de fait, puisqu'un film de Cimino est aussi une affaire de mixage maniaque. Là, on applaudit des deux mains, autant dans la gestion des effets sonores que dans la clarté de la magnifique partition signée David Mansfield. Vous trouverez également une piste en VO DTS-HD 2.0 et une VF, mais là on vous déconseille l'écoute.
Enfin traitons la section des bonus, au cas où le livre ne vous suffirait pas. Une préface par le passionnant Jean-Baptiste Thoret remet en contexte l'importance de L'Année du Dragon. Il est rejoint dans un autre module par Cimino lui-même, qui commente avec le mélange d'honnêteté et de prétention innocente qu'on lui connait ses fiertés et ses regrets vis-à-vis du film. Juste indispensable.